Les terribles attentats qui ont frappé la France le 13 novembre imposent au Président de la République la prise de mesures rapides et facilement lisibles. Le Chef de l’État transforme cette épreuve nationale en un coup politique dont il a le secret.
Les annonces de François Hollande devant le parlement réunit en Congrès le 16 novembre relèvent du coup de maître. Le Chef de l’État s’est non seulement imposé père de la nation mais a également littéralement siphonné les propositions des Républicains voire du Front National. Il rend ainsi l’opposition atone, condamnée à dénoncer le retard dans la mises en oeuvre de mesures qui auraient du être prises, selon elle, immédiatement après le 11 janvier.
Les dérapages relevés à l’Assemblée Nationale lors du premier débat post-attentats, le mardi 17 novembre, ne sont d’ailleurs que le reflet de la situation inconfortable de la droite à quelques semaines du premier tour des élections régionales. La politique a donc repris le dessus alors que le deuil national n’était pas terminé et que les victimes n’étaient pas enterrées…
Se faisant, les quelques parlementaires qui se sont risqués à la surenchère véhémente le 17 novembre s’exposent à de fortes sanctions de la part d’un électorat à vif, encore sous le choc et qui s’attendait à un autre spectacle de la part de ses élus, pourtant très dignes la veille au Congrès.
Les dirigeant de la droite républicaine ne s’y sont pas trompés. Ainsi Gérard Larcher, le président du Sénat a-t-il aussitôt affirmé que le Sénat ne serait pas un lieu de « discorde » quand l’Association des Maires de France a réservé, mercredi 18 novembre, un accueil solennel et respectueux au Président de la République. Les 2000 édiles, drapés dans leur écharpe tricolore, debout et chantant la Marseillaise imposent l’une des images fortes de la semaine, loin du désolant spectacle de la veille à l’Assemblée Nationale.
En outre, la posture qui consiste à critiquer vivement le retard pris dans la mise en place de nouvelles mesures est de nature à se retourner contre ses instigateurs. En effet, ils étaient au pouvoir il y a à peine trois ans, le risque était déjà présent et ils n’ont pas engagé de réformes des services anti-terroristes afin de les adapter à la réalité des enjeux. Ils sont même les initiateurs de la baisse des effectifs dans l’armée et la police, ce que la majorité d’aujourd’hui ne se gêne pas pour rappeler.
Enfin, les attentats de janvier ont vite été écartés de l’actualité politique et les responsables de droite ont été silencieux pendant ces dix mois ont été silencieux sur ce sujet.
François Hollande a donc dégainé sa lame à double-tranchant en espérant ainsi reprendre la main en vue des élections de 2017. Ce qui fait d’ores et déjà dire à certains de ses proches « que les cartes sont désormais rebattues pour la présidentielle ».