Il s’appelle Stéphane Cazenave, boulanger, il emploie 22 salariés. Il a créé son entreprise il y a presque quatre ans. Professionnel reconnu il a même reçu le prix de « la meilleure baguette de France » lors du 1er Master national de la baguette de tradition française » en mai 2014. Bref, tout va bien pour lui. Sauf que…
Pour faire court, Stéphane Cazenave ouvrait depuis la création de sa boulangerie sept jours sur sept tout en respectant scrupuleusement le droit du travail. Il s’agit simplement d’un entrepreneur ambitieux et travailleur qui souhaite développer son entreprise, au service de ses clients. Mais nous sommes en France et par application d’un arrêté préfectoral, Monsieur Cazenave n’a pas le droit d’ouvrir sept jours sur sept même s’il respecte la loi du 13 juillet 1906. Il a donc subit deux visites de l’inspection du travail, a été auditionné par la police et a finalement fait le choix de fermer le lundi, afin de ne pas envenimer sa situation.
Le cas de Monsieur Cazenave est très intéressant. Il est bien français. D’abord parce qu’il est boulanger, la baguette n’est elle pas un emblème national ? Surtout, parce qu’il s’agit d’un petit entrepreneur bridé par des règles ridicules et sans doute des concurrents un peu jaloux et qui refusent de travailler autant que lui, ce qui est leur droit.
Alors, plutôt que d’encourager l’entrepreneur, de tenter de trouver des solutions pour lui permettre de poursuivre sereinement son activité, on lui impose une journée de fermeture par semaine, ce qui représente, selon lui, une perte de 250.000 Euros de chiffre d’affaires par an. Cette absurdité administrative aura un coût également pour un ou deux des salariés de Monsieur Cazenave qui se retrouveront au chômage. Mais est ce grave ? Non, il n’y a pas péril en notre belle France tant que Monsieur Cazenave ferme ses portes et que ses confrères et concurrents peuvent profiter de son jour de fermeture pour récupérer sa clientèle…
Cette situation ubuesque est un résumé de notre France boulangère. Notre pays semble incapable de reconnaitre ses TPE, PME et ses entrepreneurs. Nous acceptons de consumer nos forces vives de l’intérieur lentement mais surement par un dédale de lois, règlements, lourdeurs administratives qui, indiciblement, pèsent sur notre volonté collective et notre dynamisme.
Je ne connais pas Monsieur Cazenave mais je suis de son côté et je souhaite agir pour que cette situation change, parce que pendant que la France boulangère reste engoncée dans ses principes ridicules, le monde bouge, évolue, sans nous.
Mathieu Quétel, président de Sountsou