Les récentes péripéties de la loi Macron ont montré, une fois de plus, à quel point le monde de l’entreprise reste à la fois incompris et clivant pour certains élus.
La loi Macron a créé une véritable crise au sein de la majorité au prétexte qu’elle envisage l’entreprise avec une vision plus positive et permet un desserrement de contraintes qui apparaissent aussi dépassées que dangereuses. Les frondeurs et le Front de gauche ont trouvé dans les 200 articles de ce projet de loi, malgré les 400 heures de débats, matière à polémique et surtout à blocage.
Globalement, l’entreprise reste incomprise de certains élus. Pire, elle est utilisée comme marqueur de la « vraie » gauche même si ce calcul politicien doit aboutir à de la casse économique. Qu’une forme de paupérisation ronge les artisans et les petits-commerçants n’est absolument pas intéressant aux yeux de ces élus qui sont porteurs d’une idéologie « pure » et qui se posent en garants du respect d’engagements électoraux déjà périmés au moment où ils étaient exprimés…
La droite n’a pas été très brillante lors des débats. Le député (LR) Frédéric Lefebvre a raison lorsqu’il dénonce « les postures » de droite et de gauche. La crainte de voter une loi portée par le gouvernement a été plus forte que la logique de soutenir des réformes, même limitées, qui vont dans le bon sens. Une situation ubuesque qui confirme la stratégie actuelle des Républicains (mais également de l’UDI) de s’adresser en priorité aux militants du parti plutôt qu’aux Français. Une stratégie dictée par un logiciel politique des années 80 (1980 pas 2080…) et qui aurait besoin d’une profonde mise à jour.
Le gouvernement s’est également montré défaillant en transformant la loi Macron en loi « fourre-tout » qui mélange les réformes et concerne trop de secteurs à la fois. La loi a perdu en visibilité et en clarté, les entreprises vont devoir désormais détecter les différentes modalités qui les concernent, un casse-tête de plus.
Nous pointions la semaine dernière les prises de positions provocatrices et un brin irresponsables de Ségolène Royal contre des entreprises, cette posture est finalement partagée par trop de responsables politiques de premier plan, alors que les parlementaires et les élus locaux souhaitent défendre les acteurs économiques mais n’ont que peu accès aux médias. Toutefois, si l’entreprise et les entrepreneurs restent incompris des dirigeants politiques, ils en sont souvent responsables, car nombreux sont ceux qui refusent d’adopter une démarche volontariste en direction des élus. C’est un tort.
Les opérations médiatiques telles que les universités d’été du MEDEF ou « Planète PME » ne sont que des sparadraps qui ne cautérisent pas les blessures et les incompréhensions. C’est l’ensemble des relations entre les entrepreneurs et les dirigeants politiques qui doivent être remises en question, on doit sortir de « l’entre-soi », pour mettre en avant les entrepreneurs de terrain et la réalité de notre économie.
Mathieu Quétel, président de Sountsou