Le 15 avril, Bruxelles sortait l’artillerie lourde en accusant Google d’abus de position dominante, une attaque qui pourrait aboutir à une condamnation record du géant américain.
Après une enquête de cinq ans, Bruxelles accuse Google de favoriser son service de comparaison des prix au détriment de ses concurrents, et lance une enquête afin de déterminer si le géant américain n’inciterait pas à l’utilisation de ses propres services sur les smartphones fonctionnant avec son système Android. Un enjeu de taille puisque ce système équipe 70% des smartphones dans le monde.
Le géant américain encoure une amende qui pourrait atteindre 10% de son chiffre d’affaires annuel, soit 6 milliards d’euros.
Des accusations « sans fondement »
Face à un tel enjeu, Google est bien évidemment décidé à ne pas se laisser faire et vient de répondre à la « communication de griefs » que la Commission lui avait adressée il y a trois mois.
La charge est lourde. Google dénonce des accusations « sans fondements » et pointent des erreurs économiques et juridiques dans les griefs de Bruxelles. Et de retourner les arguments en affirmant que Google serait en réalité un outil de mise en avant des agrégateurs de contenus qui auraient bénéficié de « 20 milliards de clics gratuits » grâce à la plate forme américaine. Quant à la concurrence elle est vive, selon, le géant de Mountain View, puisque 300 nouveaux acteurs sur le segment des comparateurs de prix seraient apparus dans les quatre principaux marchés européens. Google pointe également le manque de vision de Bruxelles, qu’elle juge en retard dans la prise en compte d’acteurs comme Amazon et e-Bay. Enfin, sur un plan plus juridique, Google s’estime parfaitement en droit de mettre en avant tel ou tel comparateur de prix, en fonction du service qu’il apporte au consommateur. Ainsi, le géant du net refuse de se voir soumis à l’obligation d’offrir un accès égal à tous.
Barak Obama, lobbyiste en chef de Google
La balle est désormais dans le camp de la Commission qui étudie en détail les réponses de Google. Elle devra notamment estimer si une voie négociable est encore envisageable ou si une procédure conflictuelle doit être engagée avec, à la clé, une amende et, sans doute, un problème diplomatique à régler.
En effet, cette bataille se joue au plus haut niveau des États et Barak Obama s’est transformé en lobbyiste en chef de Google le 13 février dernier avec des déclarations à la fois claires et agressives : « Internet était à nous, nos entreprises l’ont créé, étendu et perfectionné de telle façon que la concurrence ne peut pas suivre. » (…) « A la décharge de Google et Facebook, les réponses de l’Europe en la matière s’expliquent parfois plus par des raisons commerciales qu’autre chose. Certains pays comme l’Allemagne, compte tenu de son histoire avec la Stasi, sont très sensibles sur ces questions. Mais parfois leurs entreprises – les fournisseurs de service qui ne peuvent pas concurrencer les nôtres – tentent surtout d’empêcher nos entreprises d’opérer efficacement là-bas. (…) Et souvent, ce que l’on représente comme des positions nobles sur ces problèmes n’a pour but que le développement d’intérêts commerciaux. »