La montée en puissance du Front National semble irrésistible et les élections régionales devraient consacrer encore le parti de Marine Le Pen à son plus haut niveau. Est-ce la dernière ligne droite avant une consécration présidentielle ? Rien n’est moins sûr.
S’il est incontestable que les sondages placent le FN très haut dans les intentions de vote, il n’apparait pas en mesure d’accéder au pouvoir, au moins à court terme. Ils s’imposent avant tout comme un perturbateur électoral qui est en mesure de faire perdre l’un ou l’autre des deux autres grands partis en les éliminant dès le premier tour. Ainsi, aux élections régionales seules deux régions apparaissent vraiment à sa portée : PACA et le Nord-Pas-de-Calais Picardie.
Dans le Nord, selon le dernier sondage Odoxa, Marine Le Pen devancerait Xavier Bertrand de 7 points au deuxième tour avec 39% des intentions de vote. Dans les autres régions de France, les listes FN, sans doute à un niveau élevé au premier tour, pourraient distancer les listes de gauche au premier tour posant ainsi la difficile question du désistement républicain…
Néanmoins, les portes des exécutifs resteront fermées aux candidats frontistes, qui devront se contenter d’élus réduits au silence dans les hémicycles. En ce qui concerne la présidentielle, Marine Le Pen n’est en position de l’emporter dans aucune des configurations pour le moment. C’est l’une des contradictions de ce vote FN, il se heurte à un plafond de verre, les électeurs dans l’ultime choix de l’isoloir, se ravisent ou se mobilisent. Une attitude qui ne profite pas au FN, pourtant dédiabolisé.
Les péripéties familiales, les affaires qui commencent à poindre leur nez et, avec elles, les inévitables mises en examen, n’affaiblissent pas les intentions de vote qui continuent de progresser mais jusqu’aux limites de l’élection. Pour l’instant.
La rentrée et la douloureuse actualité des migrants, renforcée par les atermoiements de l’Europe et les revirements d’Angela Merkel, sont autant de vagues sur lesquelles il suffit au FN de surfer. Inutile de faire campagne, inutile d’en rajouter dans les dérapages verbaux, l’actualité fait le travail de conquête d’une opinion désorientée, désabusée par ses responsables politiques et en quête d’une virginité du pouvoir qu’elle espère salvatrice.
Dans ce contexte, il apparait que tout semble encore possible pour le Front National à l’horizon de 2017. Ses victoires aux élections locales lui offrent une implantation qui lui manquait jusqu’à présent. Les élections présidentielles sont encore loin et les effets des divisions à gauche ainsi que d’une primaire qui s’annonce sanglante à droite sont encore difficile à mesurer.
Le terreau électoral n’aura jamais été aussi fertile pour le parti de Marine Le Pen. Si la présidentielle restait inaccessible, les Français pourraient faire le choix de changer les règles du jeu et, pourquoi pas, de commencer le quinquennat avec une cohabitation.