Nous évoquions ici en février dernier la situation ubuesque de Stéphane Cazenave, boulanger des Landes, poursuivi avec trois de ses confrères pour avoir vendu du pain tous les jours de la semaine. Le tribunal a rendu son verdict, aux effets douloureux et sévères.
Ce n’est pas la condamnation à 500 euros d’amende avec sursis qui est gênante pour les entrepreneurs empêchés de travailler, mais le fait que celle-ci soit inscrite dans leur casier judiciaire. Ils vivent cette inscription comme une ultime humiliation qui pourrait leur poser problème dans la gestion de leurs entreprises, par exemple dans leurs relations avec leurs banques.
En février Nicolas Sarkozy et certains élus des Républicains s’étaient mobilisés et avaient pris fait et cause pour les entrepreneurs à qui il était reproché d’ouvrir tous les jours de la semaine, dimanche compris, alors qu’un arrêté préfectoral l’interdisait. Stéphane Cazenave s’était immédiatement « mis en règle » en fermant le lundi, mais il a tout de même été condamné.
Selon le boulanger, si une fédération s’oppose à l’ouverture tous les jours, d’autres ont pris position pour une ouverture en continu, sous condition, bien entendu, que les règles sociales soient respectées. L’arrêté en question, qui date de 1999, interdit aux boulangers de fabriquer et de vendre du pain mais pas des sandwichs. Il semble également inadapté au rythme touristique des villes concernées puisqu’il autorise l’ouverture sept jours sur sept de juin à septembre, alors qu’à Dax, ville thermale, la saison s’étend de mars à novembre avec un pic en septembre…
Outre le caractère ubuesque de cette situation, elle pourrait coûter des emplois, puisque les boulangeries concernées envisagent de licencier chacune de un à deux salariés. Ce cas, presque d’école, montre les limites de la législation sur le travail ainsi que les effets destructeurs de certains blocages corporatistes.
S’il ne s’agit pas de promouvoir une société sans aucun contrôle et au sein de laquelle l’individu est livré à lui-même, un système qui refuse de prendre en considération, à sa juste mesure, l’attente de nos concitoyens d’une part, et la volonté farouche de réussir de certains entrepreneurs d’autre part, ne peut que multiplier les blocages et limiter ses perspectives de réussite.