Contre toute attente, non seulement Alain Juppé semble résister à « l’effet blast » de la candidature de Nicolas Sarkozy mais les bonnes vieilles recettes de ce dernier ne semblent plus fonctionner…
Celles et ceux qui s’intéressent à la politique attendaient le démarrage officiel de la campagne de la droite avec une certaine hâte : le grand retour de Nicolas Sarkozy, et la transformation inévitable d’Alain Juppé en Edouard Balladur étaient presque garantis. Si l’ancien Chef de l’Etat a opéré son grand retour, avec ses méthodes bien connues, campagne vibrionnante, animation médiatique quasi-quotidienne avec des phrases chocs, bien markétées, l’isolement de l’ancien premier Ministre n’est pas au rendez-vous.
En fait, ce démarrage de campagne est assez étonnant. Du côté des « petits » candidats, c’est un peu Waterloo. Le « renouveau » de Bruno Le Maire, le travail et les propositions de François Fillon n’impriment pas, quant à Nathalie Kosciusko-Morizet et Jean-François Copé, ils ne parviennent pas vraiment à faire exister leurs propositions.
Certes, la campagne ne fait que commencer mais, pour le moment, le positionnement clivant de Nicolas Sarkozy ne semble fonctionner qu’au sein de LR. Les militants, fans de l’ancien Président de la République sont séduits par son discours « droitier ». Néanmoins, il ne prend pas beaucoup de voix à Alain Juppé dans les prévisions de vote du premier tour, ce dernier résiste même plutôt bien.
Il s’agit d’une surprise. En effet, Nicolas Sarkozy adopte une méthode éculée en politique. Au premier tour, il s’agit de séduire son camps puis d’élargir le champs de son électorat au second. Sauf que Nicolas Sarkozy a déjà été locataire de l’Elysée, il a déjà déçu. En dehors de sa base électorale partisane, au sein de laquelle il fait le plein, il ne parvient plus à séduire, pire il est presque devenu un repoussoir.
Alain Juppé adopte une campagne de présidentielle. Il fait le choix de jouer le rassemblement et l’apaisement dès la phase de la primaire. Il se pose en anti-Sarkozy et, d’une certaine façon en anti-Hollande, voire en rempart anti-FN. Il ne suscite pas un engouement particulier, il s’impose juste comme l’homme de la situation : une France divisée, inquiète, encalminée dans la crise économique, sociale et politique.
Certes, les populistes ont toute leur place dans cette campagne, les radicaux de gauche et de droite pèsent même presque 40% des intentions de vote au premier tour de la présidentielle, néanmoins, une majorité de Français souhaite un autre choix, elle ne se reconnait pas dans les personnalités qui lui proposent une « radicalité soft », surtout, elle est sans doute moins crédule qu’auparavant.
Alors, dans la primaire, Alain Juppé tire son épingle du jeu au premier tour et au second tour où il s’impose toujours très largement quels que soient les sondages. Mais, prudence, il reste presque deux mois de campagne, rien n’est joué. En outre, si les codes sont changés pour la primaire, ils pourraient également évoluer pour l’élection présidentielle.