La primaire de la droite ne manque pas de surprendre. Elle semblait s’installer autour de débats « clivants » et voilà que le centre semble s’imposer en arbitre. À tel point que les candidats se disputent les soutiens des personnalités du centre.
Juppé et Le Maire : balle au centre ?
Bruno Le Maire a recueilli le soutien des centristes Hervé Morin, Catherine Morin-Dessailly et Hervé Maurey ainsi que d’une centaine d’élus locaux centristes. Une petite surprise car on attendait la famille centriste plutôt déchirée entre Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, finalement elle se partagera également autour de l’outsider Le Maire. Alain Juppé, reste toutefois en tête du pouvoir d’attraction au centre, son plus fidèle et ancien soutien reste François Bayrou, mais Philippe Vigier et Louis Giscard d’Estaing l’ont déjà rejoint. Laurent Hénart, le patron du Parti radical et Jean-Christophe Lagarde, le président de l’UDI devrait également soutenir l’ancien premier Ministre, sans doute avec l’essentiel de leurs troupes. Sans oublier, l’autre ancien premier Ministre, Jean-Pierre Raffarin.
Comment redonner confiance ?
Les candidats à la primaire qui arpentent les routes le savent bien : les Français restent passionnés par la politique, ils sont juste écoeurés par le politique. L’enjeu de la présidentielle réside également dans la capacité des candidats à faire renaître la confiance, Emmanuel Macron s’en est d’ailleurs emparé pour les premières pistes de son programme présentées le 4 octobre à Strasbourg. Jacques Kossowski, député LR de Courbevoie, souhaite éviter le déroulé habituel de l’alternance, les réformes lancées, les manifestations, les élections intermédiaires perdues, les reculades et l’enlisement des promesses dans le quotidien de la vie gouvernementale. Après deux ans de mandant, le quinquennat bascule dans la préparation de la présidentielle et le Président voit sa légitimité mise à mal. Il propose donc que le Président de la République se soumette à mi-mandat à un référendum qui lui redonne la légitimité nécessaire pour poursuivre son action. Si le non l’emporte, alors le locataire de l’Élysée démissionne. Le député souhaite que les candidats à la présidentielle de 2017 prennent l’engagement d’organiser ce référendum.
Macron : la réplique
Alain Juppé a récemment expliqué que pour rejoindre son équipe il fallait deux qualités la compétence et la loyauté pour mieux exclure tout rapprochement avec Emmanuel Macron. Ce dernier n’aurait pas fait la démonstration de sa compétence comme conseiller à l’Elysée puis comme ministre à Bercy, quant à sa loyauté, le Maire de Bordeaux estime que son comportement à l’égard du président de la République montre ses limites. Le 4 octobre, à Strasbourg, Emmanuel Macron a répliqué au bazooka ressortant les vieilles affaires des emplois fictifs de la Mairie de Paris qui ont coûté cher à Alain Juppé et n’hésitant pas à mettre en cause sa probité. L’ancien jeune ministre s’en est également pris aux comptes de campagne de Nicolas Sarkozy. Ces attaques sont en rupture avec la posture adoptée jusque là par Emmanuel Macron, elles montrent également qu’il a des crocs mais elles l’exposent un peu plus. En outre, on ne peut s’empêcher de penser qu’elles visaient également à masquer la légèreté de ses propositions en matière institutionnelle.
La primaire des compromissions
L’entourage de Nicolas Sarkozy est bien conscient que la séquence de la fin septembre a été mauvaise pour l’ancien Chef de l’Etat qui a peut-être trop clivé. Le comportement de l’électorat dans cette primaire n’est peut-être pas aussi « automatique » qu’attendu. Alors, la tendance pourrait être dans les prochains jours d’adoucir un peu l’image du candidat en faisant monter au créneau François Baroin. Le député maire de Troyes sortirait du bois un peu plus tôt que prévu afin de rappeler que Sarkozy ne défend pas que des idées « dures ». L’autre axe de campagne qui commence à poindre est celui de la compromission avec la gauche. En creux, Alain Juppé est accusé de faire appel aux votes des « déçus du hollandisme » pour se faire élire à la primaire de la droite. Nicolas Sarkozy espère ainsi remobiliser en sa faveur l’électorat qui ne voudra pas « se faire voler sa primaire » et, d’ores et déjà jeter le discrédit, sur l’éventuelle désignation du maire de Bordeaux, le 27 novembre. Histoire de laisser la porte ouverte… Mais à quoi ?
Le centre en fête
L’initiative du sénateur Yves Pozzo Di Borgo aurait pu prêter à sourire. Le 4 octobre il organisait, au Sénat, un dîner des centristes autour de Valery Giscard d’Estaing dont l’objet initial était de défendre l’idée européenne à quelques mois de la présidentielle. Au final, cette réunion qui a connu un succès inattendu a rappelé la force du centre. Certes, le constat d’une fragmentation de la famille centriste en de multiples chapelles ne pouvait être évité mais la présence de François Bayrou rappelait également que rien n’est impossible.
La nouvelle France de NKM
Nathalie Kosciusko-Morizet publie un programme intitulé « Nouvelle société, nouvelle France » teinté de modernité et d’une approche volontariste des questions économiques. NKM propose notamment de créer un statut général de travailleur indépendant et de libérer les entreprises de 100 milliards d’euros d’impôts et de charges. Interrogée par le magazine Le Point du 6 octobre, elle défend l’idée qu’une nouvelle société est en train de naitre : « C’est un mouvement qui ne se reconnait pas dans la droite de conservation qui joue sur les peurs et les racines. Je veux incarner une droite de mouvement qui sait que l’invention du futur est déjà à l’oeuvre dans la société et que le sujet, pour le politique, est d’abord d’accompagner un tel changement. »
Dates de la présidentielle
Le premier tour de l’élection présidentielle aura lieu le 23 avril 2017 et le second tour le 7 mai. Les élections législatives se tiendront les dimanches 11 et 18 juin. Enfin, les élections sénatoriales auront lieu le 24 septembre 2017. Pour mémoire, la primaire d’EELV est prévue le 19 octobre et le 6 novembre (second tour), celle de la droite est prévue pour les 20 et 27 novembre 2016, celle de la gauche les 22 et 29 janvier 2017.