Ils sont « l’autre » révélation du quinquennat qui commence, ils incarnent une opposition sans concession mais à la limite de l’irresponsabilité. Leurs postures, slogans et propos frôlent sans cesse la provocation quant ils n’explosent pas toutes les limites. Au risque de perdre en crédibilité, ce qui ne semble pas gêner outre mesure Jean-Luc Mélenchon et ses Insoumis.
Le 23 septembre devait constituer la grande démonstration de force du parti de Jean-Luc Mélenchon. Le patron des Insoumis ne cesse de ruminer sa quatrième place au premier tour de la présidentielle et sa non qualification pour le second tour. Il était tellement sûr de son destin élyséen, que la rancoeur ne semble plus devoir le quitter. Il a donc décidé de se venger, à sa façon, en jetant en permanence le discrédit sur l’élection d’Emmanuel Macron qu’il présente presque comme un usurpateur.
Alors, depuis le 7 mai, Jean-Luc Mélenchon ne cesse de monter en puissance, cran par cran, dans ses provocations et outrances. Il en appelle désormais à la rue pour bouter hors de l’Élysée le président de la République, accusé de « Coup d’Etat social », rien que cela. Le 23 septembre, galvanisé par les 150.000 manifestants qu’il revendiquait, ramenés à 30.000 par les autorités, il s’emporte dans une logorrhée dont il a le secret : « C’est la rue qui a abattu les rois, qui a abattu les nazis (…), le plan Juppé ; c’est la rue qui a obtenu le retrait du CPE… »
Ses propos outranciers ont bien entendu attiré la critique. Immédiatement, Jean-Luc Mélenchon s’est drapé , comme à son habitude, dans son habit de martyr des « forces néolibérales », comprenez le monde économique et l’entreprise, dont Emmanuel Macron serait le suppôt.
Pourtant, par ses sorties violentes, Jean-Luc Mélenchon tente d’hystériser le débat et fait tout pour se positionner au centre de l’opposition à l’exécutif. Il utilise toutes les ficèles qui ont fait son succès, les dérapages oratoires, qu’ils n’assument pas tout à fait ensuite et les appels répétés à la mobilisation sans limite et sans exclure les coups de force. Sa dernière idée est de lancer un appel aux organisations syndicales pour « déferler à un million sur les Champs-Élysées ». De la même façon, ses postures de chevalier blanc outragé, ne trompent plus personne. Ses discours, sont écrits et pensés, ses insinuations et amalgames ne sont certainement pas dus au hasard.
Peut-être sera-t-il entendu. Néanmoins, ses méthodes ne font pas l’unanimité ni à gauche, ni au sein des organisations, qui ne comptent pas se faire ainsi récupérer pour servir de supplétifs à une stratégie qui apparait personnelle et dont on a du mal à percevoir les objectifs.
Comme toujours, Jean-Luc Mélenchon fait de l’entreprise, le point de fixation de sa « lutte ». Il en appelle désormais à la jeunesse, aux blocages de rues, comme lors des évènements de la loi El Khomri. Il s’agit incontestablement d’un test pour le gouvernement, qui devra tenir pour affirmer sa crédibilité, plus encore que son autorité.