2016 s’annonce comme une année chargée en annonces diverses pour l’économie et les entreprises. Année de pré-campagne présidentielle, de primaire à droite qui promet une lutte acharnée, elle permettra également de poser les bases d’une éventuelle réforme en profondeur de notre réglementation. 2016 pourrait-elle s’imposer finalement comme l’année des entrepreneurs ?
Lors de ses voeux du 31 décembre, le président de la République a annoncé un énième « vaste plan contre le chômage » dont les détails devraient être précisés le 18 janvier. Il a néanmoins déjà annoncé qu’il comprendra une mesure de formation pour 500.000 chômeurs supplémentaires. Si ce dispositif devrait permettre de rendre moins visibles dans les statistiques les chômeurs concernés, elle ne saurait suffire à relancer une France qui peine à s’inscrire dans le sillon de la reprise économique.
Paradoxalement, un premier signe positif pourrait apparaître grâce à des élections à priori éloignées des enjeux nationaux, les régionales. En effet, les nouveaux patrons des exécutifs régionaux font preuve d’un volontarisme surprenant dans le domaine économique, l’une des compétences des régions. Ainsi, Xavier Bertrand et Laurent Wauquiez, n’ont pas tardé à annoncer la mise en place d’outils concrets.
Xavier Bertrand a mis en place un numéro vert destiné aux chômeurs afin de faire un bilan complet avec eux et de les aider à trouver un emploi rapidement. Il y aurait dans la nouvelle grande région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, selon son président, plus de « 120.000 emplois non pourvus ». « Je ne suis pas en train d’imaginer ces emplois, de les sortir d’une boîte magique. Ce sont des emplois qui existent, des employeurs qui cherchent et qui ne trouvent pas. Le problème c’est qu’on n’arrive pas à faire le lien entre les demandeurs d’emplois et les employeurs », a-t-il déclaré au micro de France Bleu Nord.
Le plus audacieux est sans doute Laurent Wauquiez qui promet « zéro charge » pour les premières embauches d’entreprises en Auvergne-Rhône-Alpes. À y regarder de plus près, derrière cette annonce bien markétée, se cache une mesure qui ne visera que la première embauche dans les entreprises en phase de démarrage. Néanmoins, elle concernerait toutes les charges y compris celles liées à la formation, la retraite complémentaire ou encore la cotisation Unedic. Pour les entreprises bénéficiaires, cette aide pourrait représenter entre 650 et 4200 euros par an, elles pourraient en profiter pendant une voire deux années. Le dispositif serait financé par la Région grâce aux économies réalisées sur les indemnités des élus ainsi que sur les frais de fonctionnement promis par le nouveau président, sont coût est estimé à 20 millions d’euros.
Le dynamisme donné par les exécutifs régionaux et la rapidité des annonces tranchent avec les lenteurs des prises de décisions et de leurs applications au plan national. Il pourrait également inciter les candidats à la présidentielle de 2017 à adopter un comportement plus volontariste et audacieux dans leur programme économique ainsi que dans son application après l’élection.
Il s’agit peut-être d’un tournant pour les réformes dont la France a besoin. Il devra être accompagné par les entrepreneurs et les représentants du monde de l’entreprise qui vont devoir s’impliquer plus dans la préparation de la présidentielle et à tous les niveaux.
Alors, oui, 2016 pourrait bien imposer les entrepreneurs comme « homme de l’année ». Très belle année à toutes et tous !
Mathieu Quétel, président de Sountsou
Auteur de la Collection Les Cahiers Experts, le nouveau numéro « Présidentielle 2017 : 10 conseils pratiques pour faire entendre la voix des entrepreneurs » est disponible en téléchargement ici.