Les scandaleuses images du CCE d’Air France transformé, sous l’impulsion d’une vingtaine de voyous, en rixe de banlieue apparait comme le symbole de ces campagnes anti-entreprises qui ne cessent de prospérer sur les médias ou dans les propos de certains politiques. Une contradiction au moment où l’entreprise, créatrice de richesse et d’emplois, devraient au contraire être mieux reconnue et défendue et où divers sondages montrent la sensibilité positive des français à son égard.
« Nos vies valent plus que leurs chemises » assène Clémentine Autain dans un texte de son blog sur « la révolte à Air France ». La compagnie aérienne ferait donc face à une « révolte » sans doute comparable à celles qui ont renversées certains régimes dictatoriaux il y a quelques mois… Quant aux violences elles sont réduites à des chemises déchirées ce qui permet également de mettre au second plan les êtres humains qui portaient ces chemises et leur ressenti face aux agressions dont ils ont été victimes.
Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, ne fait pas autre chose quand il refuse de condamner ces violences et qu’il préfère les comparer à la « violence sociale » de la perte d’emploi. Que dire des propos de Jean-Luc Mélenchon qui s’est cru bien inspiré de fustiger Air France et sa direction sans juger utile de condamner les exactions commises devant les caméras ?
Certains responsables syndicaux et politiques préfèrent donc nourrir leur fond de commerce électoral, plutôt que de condamner des violences commises sur des personnes. Le lendemain de ce CCE, une vidéo partielle et partiale, filmée à l’aide d’un téléphone portable, a été largement diffusée sur les sites internet de certains médias. On y voyait une salariée d’Air France crier sa détresse face à des cadres présentés comme dédaigneux et froids, une forme de légitimation des violences du CCE. Sauf que cette vidéo ne présentait pas le texte pourtant publié par la salariée en question sur Facebook et dans lequel elle précisait qu’un échange direct avec ces cadres avait bien eu lieu.
Il ne s’agit certes pas de nier la détresse parfaitement compréhensible de salariés qui doivent faire face à un nouveau plan de restructuration de leur compagnie. Néanmoins, leurs craintes, légitimes, peuvent elles justifier la violence physique ? Pour certains, force est de constater que oui. C’est très regrettable et cela ne les grandit pas mais explique bien des blocages dont est victime notre pays aujourd’hui. Notre incapacité à réformer et à avancer trouve ses racines dans des comportements ancrés dans le passé des luttes syndicales pour conquérir des droits, devenus aujourd’hui des enjeux de préservation d’un monde dépassé.
Monsieur Martinez veut préserver la place de la CGT, il doit également défendre les immenses privilèges dont bénéficie son syndicat. Air France est également victime de postures syndicales et corporatistes qui lui ont longtemps refusé toute adaptation au prix de grèves coûteuses à tous les niveaux.
Dans le même temps, un sondage TNS Sofres publié la semaine dernière montre que 60% des Français seraient favorables à plus de libéralisme dans notre économie. Nos compatriotes prennent peu à peu conscience de l’absolue nécessité de s’adapter, certes dans un environnement régulé.
Un autre sondage, réalisé par Elabe, pour BFM TV, montre que près de 3/4 des Français sont choqués par les évènements d’Air France. La compagnie s’est adressée vendredi à ses clients par le biais d’un mel personnalisé et d’un film pour rappeler « Ce n’est pas le vrai visage d’Air France » avant de marteler « Air France c’est ça, c’est nous, c’est pour vous ». Une campagne de communication relayée sur les réseaux sociaux afin de tenter de redorer une image passablement abîmée au plan mondial par cette affaire. On est loin, en effet, des codes du luxe et du glamour développée par la nouvelle signature de la compagnie « France is in the Air ».
Le contraste est saisissant entre les déclarations extrêmement mesurées de la direction d’Air France, des victimes des violences et les commentaires toujours à charge des hérauts de la guerre anti-entreprise. D’un côté la volonté d’apaiser, de renouer le dialogue, de ne pas faire d’amalgame entre quelques excités et le reste des salariés ou représentants syndicaux, de l’autre un discours violent, agressif et passéiste. Un contraste à méditer.
Mathieu Quétel, président de Sountsou.