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Catégorie : Actualités

Lobbying : tensions dans le monde des courses

Le Trot et France Galop se sont lancées dans une vaste opération de lobbying de terrain afin de sensibiliser les élus de toute la France sur les enjeux de la filière hippique face aux effets de la loi de 2010 qui a libéralisé les conditions d’accès aux paris sportifs. La cible est La Française des Jeux accusée de trop jouer gagnant.

Les Fédérations régionales des courses hippiques organisent des manifestations à l’hippodrome de Vincennes en présence des parlementaires et élus locaux de leurs territoires afin de les sensibiliser « in situ » à leurs préoccupations. Le 22 mars, c’est la Fédération régionale des courses hippiques de l’Ouest qui organisait la venue des sénateurs, députés et maires à l’occasion d’une réunion de courses dédiées aux hippodromes du grand Ouest avec au programme 7 courses qui portaient le nom de 7 hippodromes représentant chacun un département.

Les élus ont bien entendu assisté, dans des conditions privilégiées, aux courses. L’occasion de les sensibiliser aux inquiétudes d’une filière soumise depuis 2010 aux effets de la crise mais également à la concurrence des paris sportifs et surtout de La Française des Jeux qu’elle ne voit pas d’un bon oeil.

Les représentants de France Galop et Le Trot reprochent notamment à la FDJ de ponctionner les paris ce qui aurait entrainé une baisse des enjeux de 900 millions d’euros entre 2010 et 2015. Ils demandent une clause de revoyure spécifique sur la situation économique et financière de la filière.

Cette opération de lobbying est menée en utilisant au maximum la proximité avec les élus locaux. Ceux-ci seront ensuite les porte paroles des inquiétudes de la filière au Parlement, c’est en tout cas le pari des dirigeants de la filière hippique.

Le numérique, enjeu de la présidentielle ?

Dans les couloirs du pouvoir, tout le monde en parle mais peu nombreux sont ceux à avoir réellement pris conscience de l’importance de la révolution numérique et de ses effets. Elle était quasiment absente des débats lors de l’élection présidentielle de 2012, et la Secrétaire d’Etat en charge de ces questions au sein du gouvernement Valls n’est que 37ème dans l’ordre protocolaire. Alors, une députée lance une opération intéressante baptisée « Numérique 2017 – Tous numériques ! ».

Laure de la Raudière est une spécialiste des questions liées au numérique. Elle est en charge de ces sujets au sein des Républicains et a suivi tous les textes liés au numérique au cours des deux dernières mandatures, sans parler des rapports parlementaires qu’elle a rédigés. Elle est donc bien placée pour constater le décalage entre la réalité de la place du numérique dans la vie quotidienne des citoyens et la prise en compte de ses enjeux dans la décision politique.

C’est ainsi que les acteurs de la nouvelle économie créent des activités, imposent de nouveaux usages et bousculent l’économie traditionnelle sans que de réelles décisions publiques ne soient prises. Le potentiel de création de valeur de l’économie numérique semble ignoré des décideurs politiques. Problème de génération ? Désintérêt chronique pour un sujet complexe ? Manque de volonté de se poser et de réfléchir à des enjeux qui nécessitent une vision prospective ?

En tout cas, les débats autour des tensions taxis/VTC, des plateformes d’échanges entre particuliers et les réponses réglementaires incomplètes et inadaptées qui sont apportées, souvent en décalage, montrent l’ampleur du problème.

Alors, Laure de La Raudière, invite les candidats à la présidentielle de 2017, les différents acteurs de la vie économique ainsi que les citoyens à proposer des tribunes sur la plateforme. Des débats thématiques seront également proposés régulièrement d’ici l’élection présidentielle.

La députée, qui soutient Bruno Le Maire à la primaire de la droite, souhaite que chaque ministère soit passé au crible du numérique et que chaque candidat à la présidentielle expose sa vision et ses projets pour une prise en compte de la révolution numérique dans les politiques publiques.

www.numerique2017.fr

Les chiffres de la semaine

10

Ancien ministre des PME Hervé Novelli lance une sorte de « Bon Coin » des entreprises sur sa plateforme WikiPME. Il donne la possibilité aux entreprises de trouver leurs prestataires de services dans différents domaines en les mettant en relation directement. Son idée, rapportée par le magazine Challenges est d’aller « chercher les entrepreneurs, chez eux si besoin, pour les sortir de leur isolement ». WikiPME publie également cette semaine une lettre ouverte d’un entrepreneur sur la loi travail dans sa dernière mouture dans laquelle sont relevés 10 points avec leurs effets pervers pour son entreprise ou, simplement, des contre-propositions : www.wikipme.fr.

2

Décidément Dominique Bussereau, le président de l’Assemblée des départements de France (ADF) se bat sur tous les fronts. Il a déposé deux recours au Conseil d’Etat dans le cadre de la NOTRe qui a réformé les compétences des collectivités locales. Les décrets d’application la loi trahiraient selon l’ADF les débats du Parlement en donnant de larges pouvoirs aux Préfets en ce qui concerne les subventions des Départements ainsi que leurs schémas d’aménagement. Or, le législateur souhaitait plutôt que soient favorisés les débats entre Départements et Régions. La Loi NOTRe prévoit une spécialisation des compétences pour les collectivités locales, elle dispose également que des dérogations peuvent être mises en place, notamment par des délégations de compétences. Les recours au Conseil d’Etat visent à maintenir ces souplesses dans le dispositif.

28

L’encadrement des loyers prévu dans la loi Alur, devait s’appliquer dans 28 agglomérations. Pour le moment il est mis en place à Paris puis il sera appliqué à Lille fin 2016 et Manuel Valls semblait déterminé à ne pas étendre ses effets au delà de ces deux métropoles. Or, Emmanuelle Cosse, la nouvelle ministre du Logement a annoncé son extension à Grenoble d’ici 18 mois environ, puis en banlieue parisienne. La ministre a annoncé également que le dispositif Pinel pour les investissements dans le locatif fonctionnait bien et qu’il serait probablement poursuivi en 2017. Une bonne nouvelle pour les investisseurs.

167

EY a publié une étude sur les introductions en Bourse dans le monde au premier trimestre 2016 et les résultats sont assez préoccupants. Avec 167 introductions de janvier à mars 2016 dans le monde, la Bourse enregistre une baisse de 70% sur un an. Il s’agit du plus bas niveau enregistré depuis 2009. En France, le bilan frise l’exceptionnel puisque la Bourse avait permis de lever 900 millions sur les trois premiers mois de l’année en 2015,; ce chiffre tombe à zéro en 2016 !  L’Asie-Pacifique a réalisé 54% des introductions en Bourse au plan mondial, quand le marché américain confirmait son atonie.

510

Le Livret A poursuit son lent déclin dans le coeur des Français, en février 510 millions d’Euros ont été retirés de ce support. Les retraits s’élèvent donc à 1,32 milliards d’Euros depuis le début de l’année. Le taux de rémunération a été fixé par le gouvernement à un niveau historiquement bas de 0,75% ce qui en limite fortement l’intérêt pour les épargnants. Il est peu probable qu’une nouvelle baisse de sa rémunération soit envisagée en 2016, cette année pré-électorale imposera sans doute au gouvernement une certaine prudence à l’égard des petits épargnants.

1.000

L’industrie automobile américaine est fortement repartie à la hausse en 2015, elle s’est notamment appuyée sur une politique volontariste des banques dans l’attribution des prêts. Les prêts automobiles représentent désormais un encours de 1.000 milliards de dollars aux Etats-Unis, ce qui constitue un réel sujet de préoccupation pour les banques américaines. Néanmoins, les prêts continuent d’être accordés en masse pour accompagner l’industrie automobile vis à vis de laquelle la demande ne faiblit pas. Les observateurs craignent des défaillances en masse, en effet les retards de paiements de plus de 60 jours concernent déjà 5% des prêts accordés, ce qui représente un niveau jamais atteint depuis plus de vingt ans.

6

Le patronat français a décidé de s’unir contre le projet de loi El Khomri ou plus exactement pour défendre un certain nombre d’amendements. L’UPA n’a pas souhaité se joindre à ce concert unitaire en soulignant que les récentes prises de position du Medef et de la CGPME sur la représentativité patronale étaient inacceptables. Au delà de cette absence, les partenaires n’ont pas une vision totalement uniforme du projet de loi travail. Le Mouvement Ethic apparait particulièrement remonté. Les organisations portent 6 demandes dont le maintien du barème des prudhommes, la négociation directe avec un représentant du personnel, l’instauration possible de forfaits jours sur initiative de l’employeur, la mise en place d’un moratoire sur la mise en place du compte pénibilité.

3

Le Département du Nord a décidé de baisser de 3% le tarif des places aidées dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Il n’est pas le seul et la Fédération nationale des associations de directeurs d’établissements et services pour personnes âgées (Fnadepa) s’alarme d’une baisse ou d’un gel de ces aides dans plusieurs départements. Près de 117.000 personnes âgées bénéficient d’une aide sociale pour se loger dans ces établissements. Les dépenses des aides à l’hébergement des départements s’est élevés à 1,2 milliards d’euros en 2014. C’est dire si ces aides représentent un enjeu financier important à la fois pour les Ehpad et les départements. Or, les seconds doivent faire face à la diminution des dotations de l’Etat et ils sont confrontés à la nécessité de trouver des pôles d’économies. Quant aux Ehpad, ils doivent faire face à une augmentation de leurs charges qui ne pourrait ne pas être financée. Les départements relèvent qu’à peine 20% des places réservées aux tarifs sociaux sont effectivement occupées par des résidents percevant une aide sociale. Ils invitent donc les maisons de retraite à diminuer le nombre de places sociales. Une solution qui ne satisfait pas les dirigeants d’Ehpad.

2025

Pierre Gattaz publie un ouvrage optimiste « La France de tous les possibles » dans lequel il lance plusieurs idées pour réconcilier les Français avec leurs entreprises. Le patron du Medef estime qu’à l’horizon de 2025 « la France peut devenir la terre de tous les possibles, un pays attractif aux yeux de la planète, où les énergies libéreront leur audace créatrice et leur goût de la réussite ». Il dessine notamment une meilleure collaboration entre l’entreprise et l’administration et envisage que la France puisse entrer conquérante « dans l’ère des Trente Audacieuses ». Cet ouvrage sera sans doute l’un des outils utilisé par le Medef pour courir les plateaux de télévision, les studios de radio, les rédactions diverses et variées ainsi qu’un élément de conviction pour les candidats à la présidentielle de 2017.

33.682

La France retrouverait-elle peu à peu son pouvoir d’attraction auprès des entreprises étrangères ? Le bilan publié par Business France montre que 962 décisions d’investissements étrangers ont été recensées en 2015, même si le montant des obligations financières est en légère baisse de 5% par rapport à 2014, ce sont 33.682 emplois qui ont été créés ou sauvegardés, soit une progression de 27% sur un an. Si 30% des investissements réalisés sont dédiés à des activités de production, la France a également accueilli en 2015, 27 quartiers généraux d’entreprises monde ou Europe contre 16 en 2014. Les entreprises étrangères emploient aujourd’hui 12% des salariés en France et représentent 19% du chiffre d’affaires du pays.

Loi travail : rendez-vous manqué pour les entreprises  

Cet édito a été publié dans Le Huffington Post du dimanche 20 mars.

La loi El Khomri fait couler beaucoup d’encre et risque fort de se terminer en queue de poisson pour les entreprises, notamment les plus petites. Mais au final, les entrepreneurs ne sont-ils pas en partie responsables de la situation ?

Partie sur les chapeaux de roues la loi travail devait emporter toutes les réticences sur son passage. Les sondages annonçaient des Français favorables à cette réforme (enfin !), un consensus politique commençait à se créer, certains élus de droite et du centre se déclaraient prêts à envisager de la voter, les syndicats patronaux saluaient une avancée, certes limitée, mais un premier pas dans le bon sens… Puis, patatras.

Il est vrai que du côté de la gauche de la majorité cela toussait un peu, mais frondeurs et syndicats avaient quelques difficultés à se faire entendre. Jusqu’à ce que les ultras reprennent la main avec les bonnes vieilles méthodes du militantisme politique adaptées à notre époque. Si la tribune de Martine Aubry publiée dans Le Monde a eu un certain écho, suscité plus par la violence de ses propos que par ses propositions inexistantes, c’est bien la pétition lancée sur change.org par Caroline de Haas qui a marqué un tournant décisif. Elle a su fédérer des mois de rancoeurs et de frustration d’une gauche qui ne se reconnait plus dans la majorité actuelle et qui est atterrée par le cheminement idéologique et politique de celui pour qui elle a voté en 2012.

Cette dérive « libérale » incarnée par Manuel Valls et Emmanuel Macron a très bien été dénoncée par Caroline de Haas, qui, en experte du militantisme, a su trouver le bon positionnement et mobiliser la jeunesse, pourtant peu concernée par les mesures du projet El Khomri 1. Puis la sauce est montée peu à peu, l’exécration d’une gauche conservatrice pour la gauche réformatrice servant de liant, la jeunesse étant utilisée comme fouet.

Dans ce débat interne à la gauche, les patrons ont été absents. On comprend le silence de l’opposition puisqu’elle a tout intérêt à laisser la gauche s’auto-détruire. Mais l’attitude des syndicats patronaux pose vraiment question. Engoncés dans des méthodes d’un autre siècle ils ont semblé incapables d’organiser la contre-offensive. Dépassés par une pétition numérique qui pourrait appeler bien des critiques, ils se sont laissés emporter par le projet El Khomri 2 qui sonne pour le gouvernement comme une reculade de plus mais bien comme un rendez-vous manqué pour le patronat.

Cette situation ne laisse rien présager de bon dans la mise en place des réformes après la présidentielle de 2017. En effet, si les principaux demandeurs de réformes structurelles ne soutiennent pas les initiatives politiques de façon efficace face aux inévitables tentatives de blocage, comment les gouvernants peuvent-ils envisager sérieusement d’appliquer leurs promesses électorales ?

Il est temps pour le monde de l’entreprise de s’organiser pour accompagner les dirigeants politiques. Expliquer qu’il est plus facile de mobiliser « contre » que « pour »une réforme est un argument pour le moins limité, comme de ressasser le manque de courage des gouvernants. Si les entrepreneurs ne veulent pas rater le rendez-vous de 2017, ils doivent se mettre au travail. Et vite.

Mathieu Quétel, président de Sountsou

Comment le digital a plombé la loi travail 

Le digital a été l’outil principal des opposants à la loi travail pour obtenir la remise en cause de la première version du projet de loi. 

Dans le premier numéro de l’émission « Lobby or not lobby » sur la Radio Des Entreprises (RDE), Mathieu Quétel décrypte comment les opposants au projet de loi El Khomri ont su prendre la main sur ce dossier et fédérer massivement grâce au web et aux outils numériques. Si le monde patronal utilise encore assez mal internet et les réseaux sociaux, certains politiques ont, eux, bien saisi l’importance de ces nouveaux outils.

Lobby or not lobby

Lobby or not Lobby s’intéresse au lobbying et avec cette question en filigrane ; comment le monde de l’entreprise peut faire entendre sa voix auprès des dirigeants politiques ? Un enjeux aujourd’hui essentiel.

Analyse et décryptage avec Mathieu Quétel, dirigeant et fondateur de l’agence Sountsou, spécialisée dans l’accompagnement des entreprises dans leurs relations institutionnelles, leur communication et leurs actions de lobbying.

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Animé par Simon Janvier, journaliste au Journal des entreprises et La Radio des entreprises

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Invité Mathieu Quétel, dirigeant-fondateur de l’agence Sountsou qui accompagne les entreprises dans leurs relations avec la sphère publique et en lobbying.