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Quand Macron s’appuie sur le MJS et l’UNEF

Emmanuel Macron, souhaite mettre en oeuvre des réformes qui déplaisent fortement à la gauche de la majorité. Il est devenu la caricature de ce que les frondeurs dénoncent dans la « dérive libérale » de François Hollande. Pourtant, le jeune ministre organise ses réseaux… en s’appuyant sur ses ennemis.

La Lettre A du jeudi 17 mars décrypte les réseaux sur lesquels s’appuie Emmanuel Macron pour s’organiser et révèle que le locataire de Bercy s’est entouré d’un ancien du MJS pour manager sa petite entreprise politique. Son collaborateur parlementaire, Stéphane Séjourné, ancien du MJS assure le relai avec les jeunes qui gravitent autour du Think-Tank La Gauche Libre, lancé le 12 mars pour porter la bonne parole du Ministre et fédérer ses réseaux.

Là où Emmanuel Macron fait fort c’est dans sa capacité à rassembler autour de lui d’anciens militants du MJS et de l’UNEF qui ne sont certes plus ni étudiants ni membres de ces mouvements mais qui ont bien fait leurs armes au sein des structures qui sont de farouches opposantes d’aujourd’hui du Ministre de l’économie.

Les informations de La Lettre A montrent en tout cas qu’Emmanuel Macron, s’il dispose d’encore peu de relais politiques et en région, sait s’appuyer sur des professionnels de l’action militante. À voir comment leurs successeurs viennent « d’éparpiller façon puzzle » la loi El Khomri 1, on ne doute pas qu’ils sauront défendre avec efficacité leur poulain.

Présidentielle : opération niches

François Hollande prépare sa campagne électorale. Au plus bas dans les sondages, le Président de la République mise sur les bonnes vieilles recettes  pour reconquérir le coeur de ses électeurs.

Les périodes électorales sont naturellement propices pour s’adresser à ses « niches » celles et ceux que l’on considère comme un électorat naturel, alors François Hollande veut s’adresser aux jeunes et aux fonctionnaires. Les premiers sont en froid avec lui, une rancoeur qui se cristallise autour de la loi travail, les seconds sont déjà inquiets des annonces des pré-programmes des candidats de droite qui prévoit de réduire drastiquement leur nombre alors que leurs revenus sont bloqués depuis six ans.

Alors le président profite de la Loi El Khomri 2 pour élargir la Garantie jeunes. Le dispositif permet aux 18-26 ans de bénéficier d’une allocation dans le cadre d’un programme intensif d’accès à l’emploi. Cette mesure devrait coûter près de 500 millions d’euros.

L’autre niche à soigner en cette période pré-électorale, les fonctionnaires devraient bénéficier d’un dégel de leur point d’indice, bloqué depuis 6 ans. Les 5,4 millions de fonctionnaires représentent un électorat naturellement proche de la gauche et leur envoyer un signe positif en plein débat sur la loi travail tant décriée ne peut être que bénéfique au gouvernement, c’est en tout cas son calcul. La hausse de 1,2% du point d’indice coûtera entre 1,84 et 2,4 milliards d’euros, dont le financement n’existe pas aujourd’hui mais dont le bénéfice pourrait se retrouver dans les urnes.

Cette « opération niches » lancée par l’exécutif est un peu hasardeuse et ne devrait pas rencontrer l’écho escompté, tant les mesures qui se succèdent ne semblent plus « imprimer » dans l’opinion. En outre, le Président de la République a lié son sort à la courbe du chômage qui ne semble pas décidée à se redresser, pour le moment.

Les chiffres de la semaine

39

L’Observatoire de la Banque Palatine avec OpinionWay et le magazine Challenges note une montée du degré de confiance dans l’économie des dirigeants de PME et d’ETI, il gagne deux points entre février et mars pour atteindre 39%, et fait un bond de 6 points par rapport à mars 2015. 18% des PME-ETI envisagent d’embaucher contre 9% qui prévoient une réduction de leur effectif. Un bémol à ces chiffres optimistes, l’enquête a été effectuée au moment de la présentation de la loi El Khomri et avant les annonces du gouvernement sur le nouveau périmètre de celle-ci. On peut donc s’attendre à un plongeon en avril…

500.000

François Fillon est sans doute le candidat à la primaire de la droite le plus offensif et le plus radical dans ses propositions. Il envisage de supprimer 500.000 postes de fonctionnaires quand Nicolas Sarkozy promet 300.000. Alors s’agit-il d’une course à la surenchère ou les propositions de l’ancien Premier Ministre sont-elles vraiment plus audacieuses ? Dans une campagne, le verdict tombe toujours au même moment, après l’élection… Il faudra donc faire le pari de voter François Fillon si on veut croire dans la « BlitzKrieg » qu’il nous promet en cas d’élection à la fonction suprême. François Fillon souhaite en effet mettre en place ses promesses de campagne très rapidement par l’utilisation d’ordonnances, de votes bloqués et décrets voire par recours au référendum. Ce sera sans doute indispensable pour instaurer les 39 heures dans la fonction publique, supprimer l’ISF, supprimer les régimes spéciaux ou encore abroger la loi santé…

8.911

C’est le montant de la prime que s’apprêtent à percevoir les salariés de Porsche. Le constructeur automobile affiche d’excellents résultats avec 225.121 véhicules vendus en 2015, un chiffre d’affaires de 21,5 milliards d’Euros et un bénéfice de 3,4 milliards. Les 15 600 salariés vont donc recevoir, quel que soit leur statut, la somme de 8911 Euros chacun. Les 911 Euros sont un hommage à la mythique Porsche 911.

199

Le ministère de la santé a instauré à la rentrée de 2015 un numerus clausus de 199 élèves dans les écoles de formation au métier d’audioprothésiste. Un chiffre que l’industriel Alain Afflelou juge nettement insuffisant au regard de ses besoins pour lancer ses boutiques à travers le territoire sur le modèle de la réussite dans l’optique de son offre Tchin-Tchin. Afflelou estime à 300 son besoin rapide d’audioprothésiste, or les compétences françaises manquent et il doit donc se tourner vers l’Espagne pour recruter les professionnels indispensables à l’ouverture de ses boutiques. Du côté du syndicat national des audioprothésistes, on estime au contraire, selon Le Monde, que la situation de Monsieur Afflelou ne reflète pas un réel manque au plan national. Le risque d’une augmentation du nombre de diplôme serait d’aboutir rapidement à une saturation de l’offre et donc à un risque de paupérisation de la profession. Il n’en reste pas moins que le réseau d’Alain Afflelou n’est pas le seul à s’organiser pour affronter l’inévitable baisse de chiffre d’affaires dans l’optique en s’attaquent aux prothèses auditives, le réseau Krys est dans la même situation que lui.

700 000

L’Union nationale pour la promotion de la location de vacances (UNPLV) revendique que la location de vacances serait le premier mode d’hébergement des touristes. L’offre est très importante en France avec 700 000 logements pour 3 millions de nuitées vendues au cours du quatrième trimestre 2015. Très adaptée aux attentes d’indépendance des touristes cette offre a également profité à plein de l’apparition des plateformes internet spécifiques qui permettent la mise en relation entre loueurs et locataires dans un environnement sécurisé et rapide. Néanmoins, l’UNPLV s’inquiète de certaines menaces qui pèsent sur ses adhérents notamment en ce qui concerne la fiscalité, la concurrence à l’égard des hôteliers par exemple dans les grandes villes, un secteur que le gouvernement envisage de sérieusement réglementer dans les prochains mois.

1,5

Assistons-nous aux prémices d’une reprise du côté de l’industrie française ? En tout cas, le Groupe des fédérations industrielles (GFI) peut se réjouir, avec une progression de 1,5% en 2015, la production industrielle retrouve des couleurs après une année 2013 qui affichait un recul de -0,3%. Les effets du CICE se font sentir ainsi que la faiblesse des taux d’intérêt qui ont donné un coup de punch à la croissance. Certes l’indice de production de l’activité manufacturière reste en retrait de 12,7% par rapport à 2000 en France et performe de + 7,6% dans la zone euro sur la même période mais la situation semble évoluer. En effet, la France apparait désormais comme le pays de la zone le plus dynamique avec, pour la première fois depuis 2001, un dépassement de l’Allemagne !

10,68

Cela peut sembler un peu surréaliste mais avec un déficit de 10,68 milliards d’euros, la situation des comptes de la Sécurité Sociale est moins pire que prévue sur l’année 2015. En fait, « l’amélioration » est même de 2,12 milliards par rapport à ce que le gouvernement envisageait en début d’année. Le gel des dépenses hospitalières, la hausse de la consommation du tabac, les améliorations du rendement de l’assurance-vie ou encore les économies de gestion des caisses de sécurité sociale ont participé de cette embellie dont il n’est pas du tout assuré qu’elle se confirme en 2016.

28

28 milliards d’euros, c’est le budget mobilisé pour réaliser le projet du Grand Paris Express qui prévoit la construction de quatre nouvelles lignes de métro et l’extension des lignes 14 et 11. Ce sont 200 kilomètres de voies et 68 nouvelles gares qui sont actuellement en cours de construction dans Paris, un chantier gigantesque. Le secteur du BTP, qui ne voit pas la sortie de la crise, se frotte bien entendu les mains et devrait créer environ 2000 postes d’ici 2020 grâce à ce méga-chantier.

76

Interrogés par OpinionWay pour l’école d’ingénieurs des Arts et Métiers ParisTech, les jeunes lycéens des sections scientifiques et technologiques sont 76% à déclarer avoir une bonne image de l’industrie. Néanmoins, ils sont à peine 25% à se voir travailler dans un secteur industriel. Le sondage relève notamment le fort pouvoir d’attraction des « entreprises technologiques » qui bénéficient d’une image bien meilleure que l’industrie au sens strict. Enfin, l’industrie reste un secteur qui attire plus les garçons que les filles, 72% des sondés estiment que ces dernières sont moins encouragées à faire ce choix en ce qui concerne leur parcours de formation.

41

L’Association nationale des sociétés par actions (Ansa) livre une étude qui montre à quel point les actionnaires subissent un choc fiscal en France. Cette étude, menée dans quatre pays européens : la France, l’Allemagne, la Grande Bretagne et l’Italie, révèle que c’est en France que le dividende net est le plus faible. Un contribuable situé dans la tranche d’impôt sur le revenu de 30% ne percevra que 41% du résultat de l’entreprise en France, contre 53% en Grande Bretagne, 51% en Allemagne et 45% en Italie. Pour un contribuable situé dans la tranche à 45% et soumis à l’ISF, l’impôt dépasse même 100% du revenu… L’Ansa relève que cette situation est préjudiciable à l’investissement dans les sociétés, les particuliers désertent la bourse, la part du patrimoine financier des ménages est passée de 8,8% en 2002 à 4,2% en 2014. La fiscalité qui pèse sur les entreprises est également un frein puisqu’elle représente 38% du résultat brut contre 21 à 30 chez nos voisins européens.

 

Lobby or not lobby ?

« Lobby or not lobby », c’est le titre de la première émission radiophonique dédiée au lobbying lancée par La Radio des Entreprises (RDE) avec Mathieu Quétel, président-fondateur de Sountsou.

Dans le premier numéro de l’émission, Mathieu Quétel décrypte comment les opposants au projet de loi El Khomri ont su prendre la main sur ce dossier et fédérer massivement grâce au web et aux outils numériques. Si le monde patronal utilise encore assez mal internet et les réseaux sociaux, certains politiques ont, eux, bien saisi l’importance de ces nouveaux outils. Pour écouter l’émission, c’est ici

Lobby or not lobby

« Lobby or not Lobby » s’intéresse au lobbying et avec cette question en filigrane ; comment le monde de l’entreprise peut faire entendre sa voix auprès des dirigeants politiques ? Un enjeux aujourd’hui essentiel.

Analyse et décryptage avec Mathieu Quétel, dirigeant et fondateur de l’agence Sountsou, spécialisée dans l’accompagnement des entreprises dans leurs relations institutionnelles, leur communication et leurs actions de lobbying.

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Animé par Simon Janvier

Journaliste au Journal des entreprises et La Radio des entreprises

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Invité Mathieu Quétel

Dirigeant-fondateur de l’agence Sountsou qui accompagne les entreprises dans leurs relations avec la sphère publique et en lobbying.

 

Cette impossible réforme…  

Le projet de loi travail, qui risque fort de se briser sur les résistances de ceux qui bloquent le pays depuis des décennies, apparait de plus en plus comme le symbole de la lente déliquescence de notre pays.

Certes, la rédaction puis la communication maladroites du projet de loi El Khomri ont creusé sa tombe mais cela n’explique pas tout. Les débats qu’il suscite et les caricatures que nous devons subir depuis des semaines deviennent insupportables.

Les entrepreneurs sont présentés comme des salauds qui exploitent les salariés. Les entreprises sont décrites comme des lieux de souffrance pour de pauvres travailleurs réduits au rôle de victimes.

Où vivent ces syndicalistes qui prétendent représenter les Français ? Dans quel monde évoluent-ils pour oser, encore aujourd’hui, défendre une telle image du monde de l’entreprise et des créateurs ? Croient-ils vraiment que la France puisse encore continuer longtemps de vivre hors du monde et de ses réalités ?

Ce projet de loi n’est pas parfait. Il contient des éléments qui méritent incontestablement de débattre mais rien dans ce texte ne peut expliquer une telle mobilisation d’une infime partie des Français.

Face aux quelques milliers de manifestants et aux pétitionnaires numériques, le gouvernement annonce déjà sa zone de repli : le plafond des indemnités prud’homales pourrait n’être qu’indicatif et les CDD seraient surtaxés. Faisons le pari, que les reculades seront encore nombreuses sur un texte qui n’était qu’une petite avancée.

Depuis des décennies nous devons renoncer à toute réforme de notre système parce-que « c’est comme ça » que le « modèle français » est le meilleur, qu’il faut le défendre etc. Qu’en est-il de ces millions de personnes en recherche d’emploi ou en situation d’extrême précarité et de pauvreté ? Ne nous y trompons pas, ils ne sont pas au coeur des débats, il ne s’agit pas de les aider et de les accompagner vers un travail.

Pour les initiateurs de ce lobbying de rue, l’enjeu est ailleurs. Quand saurons-nous dire « non », « stop » à ces agitateurs qui font tant de mal à l’entrepreneuriat, à la France et aux Français ?

Mathieu Quétel, président de Sountsou