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Lobbying : les 4 mesures décapantes des entrepreneurs

Les entrepreneurs sont particulièrement mobilisés en ce début d’année après l’annonce du président de la République, le 31 décembre, d’un « vaste plan contre le chômage ». Le monde de l’entreprise craint en effet un nouveau train de réformettes plus destinées à la communication qu’à la véritable efficacité de terrain. 

Les premières précisions autour du projet de François Hollande en matière de lutte contre le chômage pour 2016 ne sont pas de nature à véritablement rassurer les entreprises : quelques aides sur certaines charges assorties d’un programme de formation qui permettra surtout de sortir 500.000 chômeurs de plus des statistiques officielles.

Alors, Pierre Gattaz a décidé de passer à l’offensive et a rappelé dans la presse les propositions du Medef en ce qui concerne la lutte contre le chômage. Elle peuvent sembler radicales si on les compare aux projets du gouvernement mais pourraient bien tracer une ligne d’objectifs dans la perspective de la présidentielle de 2017.

Le patron des patrons proposent donc l’adoption « d’une loi d’urgence contre le chômage » construite autour de quatre mesures dont l’ambition serait de « changer radicalement la donne ».

La création des CDI sécurisés qui prévoient en amont les conditions de la séparation serait de nature à rassurer les chefs d’entreprise avant l’embauche. La barémisation des indemnités prud’homales vise le même objectif. La troisième mesure proposée par le Medef est encore plus audacieuse, elle prône la mise en place d’un dispositif « zéro charge » sur « les embauches de salariés dans les PME de moins 250 salariés, et sur les alternants dans toutes les entreprises ». Enfin, la quatrième mesure concernerait plus particulièrement la formation avec la création d’un contrat de professionnalisation   « simple d’accès et sans condition préalable de diplôme ».  Il serait payé au SMIC avec une partie prise en charge par l’Etat.

Ces propositions patronales étaient déjà détaillées dans « l’état d’urgence contre le chômage » présenté par le Medef le 15 décembre. Elles prennent un relief particulier avec les décisions d’ores et déjà prises par Laurent Wauquiez en Rhône-Alpes-Auvergne.

Présidentielle : les entrepreneurs doivent déjà agir

Cette tribune a été publiée dans Le Journal des Entreprises du 6 janvier 2016.

Les élections régionales viennent à peine de s’achever que, déjà, pointe la perspective de l’élection présidentielle. Les états-majors se mettent en place et, à droite comme à gauche, les programmes commencent désormais à se construire. Un moment idéal pour que les entrepreneurs fassent entendre leur voix.

Le choc des élections régionales des 6 et 13 décembre, avec un Front National au plus haut, a sonné comme une alerte rouge pour les partis politiques et leurs responsables. Il est probable que la physionomie des élections à venir en soit changée.

En tout cas, immédiatement après les régionales, les appels à une «union nationale» transpartisane afin de mettre en oeuvre une action commune et concertée contre le chômage se sont succédés. Le Président de la République a finalement fait le choix de mettre en place de nouvelles mesures à partir des nouveaux exécutifs régionaux, dont le développement économique et la formation sont déjà des missions naturelles.

Cette remise en question par les électeurs d’un personnel politique qui apparaît dépassé par la situation crée une ouverture également pour le monde de l’entreprise qui aurait tort de ne pas la saisir pour faire enfin entendre sa voix, cela suppose une véritable mobilisation pour que des réformes en profondeur puissent être engagées à partir de 2017.

Car, ne nous trompons pas, à un an de la présidentielle, il est peu probable que les mesures que le gouvernement s’apprête à prendre soient de nature à répondre aux causes de la situation économique atone de la France. Alors que faire ?

D’une façon générale, les entrepreneurs sont assez décontenancés face au comportement des élus à leur égard, ils estiment que les décisions publiques sont déconnectées des réalités économiques. Il est vrai que l’entreprise semble trop souvent considérée comme suspecte de turpitudes qui nécessiteraient un empilage de règles plus contraignantes les unes que les autres.

Cette campagne électorale, qui va se décomposer en plusieurs phases, dont la primaire à droite et la recherche d’union à gauche, est une formidable opportunité pour faire entendre la voix du monde de l’entreprise. Encore faut-il que les entrepreneurs se mobilisent et posent des propositions concrètes qui pourront être reprises dans les programmes des uns et des autres.

En effet, une telle démarche suppose une organisation quasi-militaire pour être efficace : sélectionner et hiérarchiser les demandes, mettre en place une cartographie des staffs de campagne, créer les argumentaires adaptés, enfin déployer la stratégie de conviction sur l’ensemble des supports susceptibles d’atteindre les candidats.

Un peu de travail, pour un objectif qui en vaut la peine : faire en sorte que l’entreprise soit enfin mieux comprise des décideurs politiques.

Mathieu Quétel, président de Sountsou

 

Les chiffres de Noël

Désaffection du Livret A, perte de vitesse de la France, polémiques autour de Macron 2, belle saison touristique, convoitises autour du Grand Paris, mobilisation des PME, inquiétudes des VTC et craintes de la bourse pour lCI, nos chiffres de Noël 2015…

12

Entre janvier et novembre 2015, les Français ont procédé pour près de 12 milliards de retraits sur leurs Livrets A et et Livrets de développement durable (LDD). Cette année aura donc été marquée par une décollecte record de 11,67 milliards d’euros. Paradoxalement, ce sont les comptes courants qui ont le plus bénéficié de cette situation, donc en quelque sorte les banques. En effet, la Banque de France estime que les comptes à vue se sont enrichis de 8,8 milliards d’euros entre juin et septembre 2015. Les autres gagnants sont l’assurance-vie et le plan épargne logement qui continuent de séduire les épargnants.

2

À peine annoncée, déjà source de polémiques, la Loi Macron 2 ou projet de loi Noé, pour nouvelles opportunités économiques, suscite l’ire des artisans qui estiment que certains de ses dispositifs pourraient permettre à des « bricoleurs du dimanche » de venir les concurrencer tout en dévalorisant leurs prestations. En cause, la volonté d’Emmanuel Macron de libérer l’accès à certaines professions en supprimant l’obligation de diplôme. L’Assemblée permanente des chambres de métiers de l’artisanat (APCMA) est à la tête de la fronde, elle attire notamment l’attention sur les risques de déqualification et d’impact négatif sur l’apprentissage. Les artisans pointent notamment du doigt un risque de baisse de qualité des services qui ne pourraient que détourner les consommateurs. Ce projet de loi Noé devrait donner lieu à de beaux débats.

550.000

La Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) devrait changer de nom dans le courant de l’année 2016. L’ensemble de ses fédérations seront mises à contribution afin de proposer des noms pour redonner un coup de jeune à la CGPME. Les enjeux sont nombreux pour cette Confédération à la fois dynamique, présente sur l’ensemble du territoire national et en charge de défendre plus particulièrement les TPE et les PME qui sont le nerf de la guerre économique en France. Or, il est difficile pour ses entreprises de peser dans les décisions publiques et de faire entendre leur voix dans un contexte où les décideurs politiques ont une fâcheuse tendance à privilégier les grands groupes. La CGPME qui a changé de président national au début de l’année 2015, revendique 550.000 adhérents et semble décidée à peser plus.

7

Le 1er janvier 2016, une nouvelle intercommunalité de 7 millions d’habitants verra le jour avec la création de la Métropole du Grand Paris (MGP). Dotée d’un budget de 70 millions d’euros, la MGP est déjà remise en question par la maire de Paris, Anne Hidalgo et la nouvelle présidente de la région Île de France, Valérie Pécresse, mais elle suscite les convoitises pour sa propre présidence car elle s’imposera vraisemblablement comme un nouveau lieu de pouvoir. Cinq candidats sont connus, tous maires, issus des rangs de l’UDI ou des Républicains : Philippe Laurent, André Santini, Jacques J.P. Martin, Gilles Carrez et Patrick Ollier. Les fêtes devraient être mises à profit pour tenter de trouver un accord entre les candidats des Républicains dans un premier temps, éventuellement ensuite avec l’UDI afin de créer un Bureau qui soit à la fois le reflet des élections et de la diversité locale. Même si certains soupçonnent André Santini, de miser sur des tensions au sein des Républicains, selon Le Figaro. Le vote aura lieu le 22 janvier.

269

L’Insee a publié le chiffre de la fréquentation touristique en France lors de l’été 2015 et ils sont excellents ! Avec 269 millions de nuitées, la fréquentation des hébergements touristiques a progressé de 2,9% en un an. Campings et hôtels recueillent la majorité des suffrages et les régions se sont toutes bien mobilisées pour attirer les touristes. Bretagne et Franche Comté connaissent les plus fortes progressions de fréquentation avec +6,2% pour la première et +9% pour la seconde. Des nouvelles réconfortantes pour le tourisme alors que les attentats du 13 novembre ont marqué un coup d’arrêt, notamment à Paris.

250

Les VTC se plaignent des pratiques de la plateforme Uber à leur égard avec sa politique de conquête de parts de marché par la baisse des prix et désormais ils doivent également faire face à un nouveau problème avec la volonté du gouvernement de supprimer les 250 heures de formation nécessaires à la pratique de la profession. Le gouvernement envisagerait en effet, selon les organisations syndicales, de remplacer les 250 heures de formation par un simple QCM. Les chauffeurs craignent une baisse significative de la qualité des services et, surtout, l’afflux massif de nouveaux chauffeurs qui constitueraient une concurrence encore plus forte dans un secteur déjà menacé de paupérisation.

18

La Fédération de l’industrie allemande vient de rendre publique une étude qui place la France au 18ème rang en matière d’innovation sur 35 pays. La France connait ainsi un inexorable déclassement depuis 2000 où elle occupait le 9ème rang. Les industriels allemands jugent sévèrement le cadre de l’innovation en France et cela entraine des conséquences bien concrètes sur le plan commercial puisqu’en 2015 les Etats-Unis sont devenus le premier partenaire de l’Allemagne, raflant cette place convoitée à la France. On ne sera pas surpris que les allemands pointent l’absence de réforme ambitieuse initiée dans l’hexagone pour expliquer cette situation.

25

Les patrons de l’organisation patronale Croissance Plus plébiscitent à droite Alain Juppé pour la primaire de novembre 2016. Selon un sondage Opinion Way auprès des adhérents de Croissance Plus, 25% d’entre eux pensent qu’Alain Juppé serait le meilleur candidat de la droite pour 2017, devant François Fillon et surtout Nicolas Sarkozy qui ne recueille que 9% des suffrages patronaux. Du côté de la gauche, c’est un plébiscite pour Emmanuel Macron avec 43% des sondés qui estiment qu’il serait le meilleur candidat pour son camp en 2017 quand François Hollande recueille un falot 2%.

4

Paradoxalement, l’annonce du passage de LCI de la TNT payante à la TNT gratuite a entraîné une baisse en bourse du titre TF1 de 4%. Les investisseurs ne semblent pas croire en la capacité de ce projet de générer de la valeur pour le groupe audiovisuel. Ils perçoivent surtout la nécessité pour le groupe d’investir 20 millions d’euros en 2016 pour financer ce passage, de supporter la perte des 25 millions d’euros de redevances versées par les distributeurs et d’arriver sur le marché publicitaire avec une audience confidentielle, au moins pour les premiers mois de démarrage. Les différents analystes estiment donc que la perte cumulée sur les trois premiers exercices devraient être de l’ordre de 50 millions d’euros, selon Le Figaro.

Très belles fêtes de fin d’année

La Newsroom Sountsou se met en pause de Noël après notre édition du 21 décembre, elle sera de retour dès le 11 janvier. Néanmoins, le cabinet reste ouvert et à votre service pendant toute la période des fêtes. 

L’ensemble de l’équipe de Sountsou – Affaires Publiques, se joint à moi pour vous souhaiter de très belles fêtes de fin d’année. Que cette trêve vous apporte beaucoup de bonheur à partager avec vos proches et de la sérénité après cette année forte en émotions et en drames que nous avons partagés.

Mathieu Quétel, président de Sountsou

2015 : l’année des loupés 

2015 s’achève et laisse déjà une étrange impression de loupés successifs, la France semble condamnée à ne pas accrocher le train de la reprise économique et à ne pas être en capacité de se réformer.

Pourtant, l’année avait bien commencée sur le plan économique, on attendait la discussion du projet de loi Macron, les premiers reculs du chômage et les signes de la croissance retrouvée. On finissait par croire (au moins les plus optimistes d’entre nous) aux incantations gouvernementales. Puis, rien ou pas grand chose.

Il est vrai que la tragédie des attentats de janvier a tétanisé une première fois le pays, mais elle n’explique pas l’atonie chronique d’une France enkystée dans son passé. Pire, l’image de rassemblement national a rapidement volé en éclat et les parlementaires ont offert un spectacle assez médiocre, notamment lors des débats relatifs à la loi Macron.

Quoiqu’il en soit, à force de propositions de réformes, de contre-propositions et d’incessants changements de pieds, le gouvernement a fini par casser toute possibilité de reprise économique. Les mauvaises nouvelles se sont finalement succédées tout au long de l’année au rythme de la publication d’indicateurs plus mauvais les uns que les autres, quand nos voisins européens connaissaient les effets de la reprise économique tant attendue.

En cette fin d’année 2015, on a l’étrange sentiment d’être passés à côté des opportunités de relancer la machine. Les Français n’ont jamais été aussi favorables à la réforme, même s’ils rechignent à la voir s’appliquer à eux-mêmes, ils croient en la valeur travail, ils veulent sortir de la spirale infernale, les sondages, ainsi que les élections, ne cessent de le montrer.

Jusqu’à présent les souhaits des Français ne se sont pas traduits en actes concrets. On comprend pourquoi en observant les freins déployés de toutes parts dans l’application des modestes possibilités ouvertes par la Loi Macron, par exemple. Il n’est qu’à observer le comportement des syndicats dans les négociations autour de la mise en place du dispositif du travail le dimanche dans les magasins ou encore de l’accord Smart.

Alors, en cette fin d’année, plus que jamais, les entrepreneurs doivent se mobiliser pour que leur voix soit enfin entendue. Leurs propositions doivent se construire, être hiérarchisées et défendues auprès du gouvernement mais, surtout, dans la perspective de l’élection présidentielle de 2017, auprès des différents états-majors de campagne.

Les Français sont prêts pour des évolutions notables, des réformes en profondeur, les politiques commencent à comprendre que les choses ne sont plus « comme avant », que l’administration de la collectivité ne peut plus s’opérer avec le logiciel des années 80. Le monde de l’entreprise peut  et doit activement participer à ce mouvement de réforme devenu incontournable.

Mathieu Quétel, président de Sountsou

Auteur de la Collection Les Cahiers Experts, le nouveau numéro « Présidentielle 2017 : 10 conseils pratiques pour faire entendre la voix des entrepreneurs » est disponible en téléchargement ici.