L’information sur la TNT gratuite est au coeur de vastes opérations de lobbying où tous les coups sont permis, si TF1, Nextradio et le groupe Canal sont aux avant-postes, les patrons du service public ne sont pas les derniers à se mobiliser.
Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) devrait rendre sa décision quant au passage sur la TNT gratuite de LCI et de Paris Première d’ici la mi décembre a annoncé au Figaro son Président, Olivier Schrameck. Très remonté, Alain Weill dénonce une menace qui pèserait sur BFM TV dans le cas où LCI passerait en gratuit à cette occasion. Or, la chaîne info de TF1 n’a jamais été aussi proche d’obtenir satisfaction de la part du CSA.
Le patron de Nextradio (groupe qui contrôle BFM TV) dégaine la menace à l’emploi et annonce par voie de presse qu’il serait prêt à supprimer une centaine de postes en cas d’arrivée sur la TNT gratuite de LCI. Il estime en effet que les ponctions publicitaires générées par LCI ainsi que son audience potentielle en gratuit mettraient en question le modèle économique de la « première chaîne info de France ». Il sous-entend également être la cible d’une cabale politique, le pouvoir en place chercherait à l’affaiblir car son traitement de l’information ne conviendrait pas en haut lieu. Il cite en exemple, le récent passage de la ministre du Travail au micro de Jean-Jacques Bourdin qui s’est révélé désastreux.
De son côté, LCI ne manque pas d’arguments. Il s’agit de la chaîne info la plus ancienne, TF1 a d’ores et déjà renoncé aux synergies de groupe en matière de publicité et de promotion, au moins pour un certain temps et le Conseil de la concurrence est moins critique sur ce passage dans la TNT gratuite qu’en 2014. il faut dire que le contexte concurrentiel a été quelque peu modifié, et cette fois c’est Alain Weill lui-même qui est à la manoeuvre.
En annonçant, au début de l’été, le rapprochement de Nextradio et d’Alice, la filiale média du milliardaire Patrick Drahi, le dirigeant de BFM TV s’est mis dans une situation délicate puisque cette alliance modifie considérablement le périmètre de son groupe. Difficile pour lui de prétendre aujourd’hui n’être qu’un petit groupe indépendant menacé face aux géants de l’audiovisuel… En outre, ses attaques à répétition contre le CSA le font apparaitre comme bien ingrat à l’égard de l’Autorité de régulation qui lui a permis en quelques années de construire un groupe puissant en obtenant gratuitement des dizaines de fréquences hertziennes en télévision et en radio.
Du côté du service public, la mobilisation est également totale pour promouvoir la création d’une nouvelle chaîne d’information. Si la présidente de France Télévision, Delphine Ernotte, s’est toujours défendue publiquement de revendiquer une fréquence TNT pour ce projet, son confrère de Radio France, avec qui elle s’est associée, a bien fait part devant les sénateurs de son souhait d’obtenir une fréquence hertzienne. Ainsi France Télévision et Radio France se sont partagées les tâches pour un lobbying auprès de leur tutelle par voie de presse et d’auditions au Parlement. Une étrange situation et une méthode qui laisse perplexe lorsque l’on sait que de l’aveu même de Madame Ernotte cette chaîne d’information publique n’est pas financée…
Dans le viseur des deux dirigeants du service public de l’audiovisuel on retrouve la chaîne Numéro 23 sous le coup d’une abrogation d’autorisation d’émettre qu’ils se verraient bien obtenir par préemption du gouvernement. Néanmoins, le dirigeant de Numéro 23, Pascal Houzelot, se bat pour éviter un tel sort et il pourrait leur réserver encore bien des surprises. Madame Ernotte et Monsieur Gallet devraient alors se résoudre à changer de destination l’une des nombreuses chaînes de France Télévision, on évoque déjà France 4.
D’ici le 15 décembre, le CSA pourrait déjà donner l’occasion à Alain Weill de montrer s’il ira au bout de ses menaces.