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Politique et éthique : regards croisés

Nathalie Bordeau et David-Xavier Weiss sont à l’initiative de l’ouvrage collectif « Politique et éthique : regards croisés », à paraître à la rentrée littéraire de septembre chez Bart & Jones, au profit de l’association Le Refuge, présidée par Nicolas Noguier. Ils ont demandé à Mathieu Quétel, président de Sountsou, d’écrire un chapitre dans lequel il développe sa réflexion sur les médias et l’éthique.

Préfacé par Alain Juillet, ce livre de réflexion mais également d’engagements, est publié à quelques mois d’échéances électorales majeures pour la France et au moment où notre pays est traversé par un « doute démocratique et républicain » qui ne cesse d’affaisser le rôle du politique.

Alain Juillet le souligne très justement dans sa préface « Au delà de la prise de conscience nécessaire du politique que la durée et la réussite de son action passe par le respect des principes d’éthique il faut également en faire percevoir l’intérêt et la finalité à nos concitoyens par la sensibilisation et par l’éducation ». Ce livre, « est le fruit de la réflexion de nombreux auteurs qui sous le pilotage de Nathalie Bordeau et de David-Xavier Weiss ont des choses à dire sur ce thème essentiel. En croisant leurs regards très variés sur l’éthique et le politique ils apportent des réflexions et des ébauches de solutions. Ils démontrent qu’il est temps de réagir et de faire réagir à la banalisation de ce qui est inacceptable dans une république de droit issue de 2000 ans d’histoire. C’est une étape indispensable pour repositionner le politique à la place qu’il aurait toujours dû garder dans notre société : la première ».

Dans son texte, Mathieu Quétel développe une réflexion autour de l’évolution de l’éthique dans les médias, en analysant, notamment, quelques faits marquant de ces dernières années et les évolutions qu’ils laissent entrevoir dans l’approche des rédactions. Ils met également en perspective les ruptures engendrées par l’explosion de l’offre sur internet et leurs conséquences sur les médias traditionnels.

« Politique et éthique : regards croisés », ouvrage collectif de dix sept auteurs, sera à découvrir en librairie dès septembre prochain.

Couverture livre-Newsroom

Numérique, télé, PME, roaming et dette….

Les 11 chiffres clés que nous retenons cette semaine nous dessinent un nouveau Paris, des mesures en faveur des PME, des frais téléphoniques moins chers, nous annoncent la remise en question de la neutralité du net et décrivent une crise à Canal+…

87

Anne Hidalgo a finalement obtenu un vote de son Conseil pour valider le projet de Tour Triangle par 87 voix (dont six centristes et cinq de droite) et 74 votes contre. L’inauguration de ce projet de grande hauteur sur les bords du périphérique, dans le XVème arrondissement de Paris vont pouvoir débuter au plus tard début 2017 pour une inauguration attendue pour 2020. Il s’agit d’un enjeu architectural mais également économique puisqu’il représente un investissement de 500 millions d’euros et 5000 emplois. Cette reconfiguration du quartier du parc des expositions avait été rejetée par un premier vote en novembre 2014, la Maire avait dénoncé une irrégularité du scrutin. Si le vote lui a été favorable, les critiques n’en sont pas moins restées vives, notamment de la part des écologistes et des Républicains, Nathalie Kosciusko-Morizet dénonçant une « tour de Pise »…

51

Les chiffres publiés par l’INSEE sont sans appel, la France ne maîtrise pas sa dette publique, elle a même encore bondi de 51,6 milliards d’euros au premier trimestre pour atteindre 2089,4 milliards d’euros à fin mars 2015. Elle représente désormais 97,5% de notre PIB contre 95,6% un an auparavant. Une augmentation considérable qui laisse l’objectif du gouvernement pour 2015, 96,3%, au rang des rêves inaccessibles… Néanmoins, Bercy a confirmé cette ambition du reflux de la dette publique pour 2015 arguant d’un traditionnel mauvais premier trimestre. Cette fâcheuse tendance de l’Etat de vivre à crédit représente une dette par Français de 31 000 €, un chiffre qui ne cesse de progresser malgré les promesses. Les faibles taux ne jouent pas forcément en notre faveur, ils donnent en effet l’impression d’emprunter à « bon prix » mais ces taux vont vraisemblablement remonter, alors le poids de la dette s’envolera encore et plombera un peu plus les finances publiques.

2017

Le 15 juin 2017, les frais d’itinérance (« roaming ») des abonnements au téléphone mobile seront supprimés, ainsi en a décidé l’Union européenne. SMS et données mobiles seront décomptés des forfaits comme pour les appels nationaux. Afin d’éviter l’itinérance des abonnés, des frais pourront néanmoins s’appliquer en cas de forts dépassements de forfaits ou en cas d’utilisation sur de longues durées. Ces mesures s’appliqueront progressivement à partir de 2016, mais il faut encore que le Parlement européen et le Conseil de l’union européenne votent cette mesure.

2

La Commission européenne a annoncé de nouvelles mesures visant à encadrer la neutralité du net et, le moins que l’on puisse dire, c’est que ces dispositions manquent de clarté. Un premier texte avait été adopté en 2014, il encadrait strictement la neutralité du net. Le nouveau texte prévoit des exceptions pour des « services spécialisés » qui pourront bénéficier de conditions privilégiées de trafic, à condition que celles-ci ne dégradent pas la qualité d’accès des autres utilisateurs, la Commission illustre cette mesure par la télévision qui est gourmande en données. Si la Commission s’en défend, on peut craindre la mise en place d’un internet à deux vitesses avec une priorité pour les services audiovisuels qui sont en pleine expansion. Ainsi, Netflix occupe 35% de la bande passante américaine aux heures de grande consommation de ses services, cela a forcément un impact sur les autres utilisateurs.

0

Le décret du dispositif « zéro euro » promit par le Président de la République en avril vient d’être publié. Il prévoit une aide à 100% de l’Etat, la première année, pour les TPE qui intègre un apprenti mineur. Une aide de 1100 € par trimestre sera versée par l’Etat à l’entreprise, elle se cumulera aux « zéro charges sociales » déjà en place pour les apprentis dans les TPE. La prime de 2000 € prévue pour les TPE qui emploient un apprenti sera, en outre maintenu, ainsi les entreprises obtiendront une gratification la première année d’intégration. L’apprentissage n’a pas la  côte en France auprès des TPE, il a baissé de 8% en 2013 et encore de 3% en 2014, le gouvernement espère donc relancer le dispositif et l’amplifier.

8

Le gouvernement est face à un dilemme suite à sa décision de supprimer la première tranche d’impôt sur le revenu, les contribuables ne sont pas vraiment informés de cette mesure dont ils vont pourtant profiter et l’administration fiscale était réticente à toute communication, craignant les erreurs. Finalement, un courrier sera bien adressé fin août à 8 millions de contribuables qui bénéficieront d’une baisse d’impôt supérieure à 100 €. Cette solution a été retenue afin d’éviter une communication déceptive qui annoncerait des ristournes fiscales dérisoires, ce sont donc 1 million de contribuables qui ne recevront aucun courrier annonçant leur bonne fortune fiscale puisque celle-ci se situera en dessous de 100 €. Pour le gouvernement, les allègements fiscaux représentent 3,2 milliards d’euros et ont un objectif politique clair : faire en sorte de rassurer les ménages et de gérer un peu le « ras-le-bol » fiscal des Français, à quelques mois d’échéances électorales. Nous expliquions il y a quelques semaines, le casse-tête que représentent ces mesures en terme de communication…

190

En avril 2013, le gouvernement a mis en place le plan Robot Start PME dont l’objectif était d’inciter les PME à investir dans des robots afin de rattraper le retard des entreprises françaises dans ce domaine. 250 entreprises de moins de 250 personnes devaient se lancer dans un effort de robotisation de leur production. Finalement, 190 entreprises ont bénéficié de 38 millions d’euros d’aide pour se robotiser en investissant dans des machines afin de soulager le travail des hommes ou optimiser la prise de pièces par exemple. 70% des entreprises qui ont ainsi financé leur premier robot sont des PME de moins de 50 personnes.

2

Deux millions de PME utilisent la plate-forme Amazon pour commercialiser leurs produits. Le géant américain s’intéresse à ces entreprises qui représentent 40% de son chiffre d’affaires. Il a lancé le programme Amazon Lending qui s’apparente à une offre bancaire puisqu’il propose aux PME des prêts de 1400 € à plusieurs centaines de milliers d’euros, sur de courtes durées, de quatre à six mois avec un taux de 5,9% plus une commission de 1%. Déjà opérationnel aux Etats-Unis et au Japon, Amazon Lending s’implante en Europe, avec une première offre d’ores et déjà disponible au Royaume Uni. La France, l’Allemagne et l’Italie pourraient rapidement suivre. Amazon repère les PME qu’elle envisage d’accompagner grâce aux renseignements disponibles via ses banques de données, notamment le montant de leurs ventes, la satisfaction de leurs clients, puis elle adresse aux entreprises une offre de prêt. Les PME intéressées peuvent bénéficier de leur soutien financier dans la journée. Un service rapide, moderne et qui permet aux entreprises bénéficiaires de pallier un besoin de trésorerie pour financer leur développement.

21

Les effets de la COP21 sont inattendus. Ainsi, en prévision de la conférence de Paris sur les changements climatiques, plusieurs banques annoncent des mesures concrètes. Le Crédit Agricole cesse de financer les mines de charbon et les exploitants spécialisés dans cette activité, il emboite le pas à la Bank of America, première banque au monde a avoir pris cette décision en mai dernier. Les grandes banques françaises ont également renoncé à financer l’exploitation minière du charbon au sommet des montagnes. Néanmoins, certaines banques souhaitent avoir une approche au cas par cas, notamment dans les pays en voie de développement où elles estiment que le charbon peut-être un facteur de croissance. Les banques envisagent également une montée en puissance de leurs investissement énergétiques en privilégiant les énergies renouvelables, qui représentent déjà 60% des nouveaux financements accordés par la Société Générale pour la production d’électricité.

3

Chaque année, la défense investit 3 milliards d’euros auprès de 25.000 entreprises, mais très peu de PME bénéficient en direct de ses investissements qui transitent en général par des grands groupes, qui agissent en maître d’oeuvre de la commande publique. Cette situation peut donner lieu à des écarts de conduite, les grands groupes se servant de leurs sous-traitants pour optimiser leurs process et leur propre rentabilité. C’est pour cette raison que le pacte Défense PME a été mis en place fin 2012. Un audit a été réalisé auprès de sept donneurs d’ordre afin de cerner leur comportement. Si, certains ont adopté de bonnes pratiques à l’égard des PME qu’ils font travailler, d’autres abusent de leur position en prévoyant des clauses contractuelles extrêmement contraignantes comme le « siphonage de l’innovation », par exemple. Globalement, le ministère de la Défense tire un bilan positif du pacte, notamment en ce qui concerne les délais de paiement ramenés à 28 jours ou la mise en place du label « Défense » pour certaines PME.

25

Selon le magazine Challenges, Les Guignols de l’Info coûteraient 25 millions d’euros par an à Canal+. Cette émission emblématique de la chaîne cryptée et du PAF emploie 300 personnes et chaque quotidienne de 12 minutes coûterait, toujours selon le magazine, entre 80.000 et 100.000 €. Des chiffres publiés au moment où un véritable psychodrame télévisuel se jouait. En effet, selon le site Puremedias, Vincent Bolloré, patron de Vivendi, propriétaire de Canal+, aurait eu l’intention de remanier profondément ce rendez-vous voire de le supprimer. Vincent Bolloré a confirmé le maintien des Guignols sur Canal+ vendredi 3 juillet, sans toutefois préciser si le contenu et l’horaire de diffusion de l’émission seraient revus. Il a également révoqué Rodolphe Belmer pour le remplacer, semble-t-il temporairement par Maxime Saada. Enfin, si les Guignols semblent sauvés, ce n’est pas le cas du Grand Journal, dont les mauvais résultats d’audience, auraient incité Vincent Bolloré à trancher dans le vif… Le Canard Enchainé, daté du mercredi 8 juillet, estime quant à lui, que le coût annuel réel des Guignols serait de 15 millions d’euros, l’émission serait réalisée avec 25 CDI dont 7 auteurs et que les 300 fiches de paies seraient en fait celles d’intermittents employés pour les besoins de l’émission au cours de l’année mais sur des durée très courtes.

Loi Macron : Les Sénateurs défendent les entreprises

Les Sénateurs ont adopté le projet de loi Macron, largement amendé avec cinq jours d’avance, le mercredi 1er juillet. Ils ont revu le texte de façon à y réintroduire les mesures qu’ils avaient déjà votées en première lecture mais qui ont été remises en question par le 49-3 gouvernemental. 

Néanmoins, le Sénat a voté les 2/3 du texte conforme à celui adopté via le 49-3. Les Sénateurs socialistes n’ont pas souhaité déposer de nouveaux amendements, estimant que les 135 heures de débat en première lecture suffisaient.

En ce qui concerne le travail du dimanche, le Sénat est revenu sur un dispositif très gênant pour les TPE du commerce de détail, qui prévoyait des contreparties pour les employés des entreprises de moins de 11 salariés. Un maire a désormais la possibilité d’autoriser l’ouverture sur douze dimanches au lieu de cinq dans le texte précédent. Il a étendu la possibilité d’employer de 21 heures à 24 heures les salariés des établissements de commerce de détail dans les « zones touristiques internationales » et les « zones touristiques caractérisées par une affluence particulière de touristes ».

Les Sénateurs ont également veillé à rétablir des articles destinés à lisser les effets de seuil qui touchent les entreprises lorsqu’elles passent de dix à onze salariés et de quarante-neuf à cinquante. Ils ont adopté un article qui permet de fusionner le comité d’entreprise et le CHSCT au sein d’une même entreprise.

L’obligation d’information préalable des salariés n’est désormais obligatoire que dans les seuls cas de cessation d’activité.

Enfin, les sénateurs ont également limité la compétence des tribunaux de commerce aux entreprises employant au moins 250 salariés, et réalisant au moins 50 millions d’euros de chiffre d’affaires ou 43 millions d’euros de total de bilan.

Le texte doit désormais être définitivement adopté à l’Assemblée Nationale, au cours de la session extraordinaire, débutée le 1er juillet, probablement par la voie d’un nouveau recours au 49-3. Il est probable que le gouvernement revienne sur certaines dispositions adoptées par le Sénat.

Grèce, reprise et conséquences…

Bruno Le Maire, invité du Talk « Le Figaro », le 30 juin

« Depuis des mois, je réclame l’union de la droite et du centre, c’est très bien que nous ayons eu un accord national entre les Républicains et l’UDI. » (…) «  Une gauche qui s’effondre et qui n’a aucun projet à proposer au pays et une extrême droite qui emmène le pays droit dans le mur avec ses illusions… » 

Jean-Michel Six, Chef économiste Europe chez Standard & Poors, sur la gestion de la dette de la Grèce, dans Les Echos du 1er juillet

« Mettre un moratoire sur la dette, c’est-à-dire accorder une vacance dans laquelle il n’y a plus de paiement d’intérêts et de remboursement du capital sur une longue période, en échange d’un plan de développement, ne me paraît pas absurde. Ce plan devrait être négocié avec la Banque mondiale et non le FMI, car la situation de la Grèce est celle d’un pays émergent cherchant à retrouver un modèle de croissance. »

Alexandra Estiot, Economiste à BNP Paribas, au sujet de la croissance américaine, dans le mensuel Capital du mois de juillet

« Malheureusement, les Etats-Unis sont aujourd’hui dans une croissance molle. Contrairement à ce qui s’est toujours produit après les crises précédentes, l’effet de rattrapage reste en effet assez modeste : l’activité a progressé de 2,2% en moyenne chaque année entre 2010 et 2014, contre 2,9% entre 2002 et 2006. Résultat : l’écart avec la croissance potentielle demeure encore énorme (2,5%), et le taux d’emploi des Américains très en deçà de son niveau d’avant la crise (59,4%, contre 63%). Par ailleurs, du fait de la politique monétaire – la FED devrait relever ses taux d’intérêt d’ici la fin 2015 – le dollar a peu de chances de baisser. Les capacités de rebond de l’économie sont donc limitées, et les Etats-Unis, moteur de la croissance mondiale, vont moins importer. Il va falloir que les Européens s’y fassent. »

Philippe Martinez, Secrétaire général de la CGT, au sujet du plan Valls pour les PME, dans Les Echos du 30 juin

« Ce n’est pas en tirant le droit des salariés vers le bas qu’on va aider les PME. La priorité est de repenser leurs liens avec les donneurs d’ordre. Aujourd’hui, les entreprises du CAC 40 ont un quasi-droit de vie ou de mort sur les sous-traitants. Plutôt que de les étrangler, il faut resserrer les échanges, créer des comités interentreprises, mutualiser les moyens, sur la formation professionnelle notamment. Pierre Gattaz se plaint tout le temps de ne pas trouver de soudeurs. Eh bien, que Radiall aide les PME à en former et il n’aura plus de problème ! Idem pour les apprentis : les grandes entreprises n’embauchent que 30% de ceux qu’elles forment. Organisons-nous pour que les 70% restants soient recasés dans les PME partenaires plutôt qu’envoyés à Pôle Emploi. »

Denis Kessler, PDG de Scor, au sujet des effets possibles de la reprise sur la dette des Etats et l’action des banques centrales, dans Le Figaro du 4 juillet

« Elles ont réussi à éteindre l’incendie violent de 2008, ce qui est une vraie réussite. Mais leurs politiques de QE (« quantitative easing ») ont duré trop longtemps. C’est le problème des personnes sous perfusions prolongées : on ne sait pas si le malade saura ensuite s’en passer. Certains États qui n’ont pas saisi cette opportunité historique pour entreprendre de vraies réformes structurelles, mais ont au contraire dilapidé les bénéfices de cette période de taux bas pour financer leurs dépenses courantes, sauront-ils s’en passer ? Je n’en suis pas sûr… Ces États trouveront devant eux les mêmes problèmes que ceux qu’ils avaient avant les injections massives de liquidités puisqu’ils n’ont pas été capables de reconstituer des marges de manoeuvre. La hausse des taux pèsera sur les budgets publics et sur les entreprises. Quant aux banques centrales, elles vont se retrouver dans la situation des pompiers… qui auraient largement vidé leurs citernes : elles ne pourront plus utiliser l’arme du QE si une nouvelle crise devait survenir. Car il ne faut pas exclure la probabilité de nouveaux chocs – de nature géopolitique notamment. Les fins de crise – et celle-ci n’échappe pas à la règle – sont toujours marquées par une montée des populismes, des protectionnismes et des patriotismes, avec tous les dangers que cela implique. »

Michel Barnier, sur la situation de la Grèce, dans l’Express daté du 1er juillet

« La Grèce était le pays le plus fragile, le moins compétitif. Elle avait maquillé ses comptes pour entrer dans la zone euro. Ces faiblesses n’ont pas été corrigées après son entrée dans l’euro, faute d’efforts des gouvernements grecs, de la volonté politique au sein de l’Eurogroupe, et aussi de règles vraiment efficaces pour corriger les déséquilibres budgétaires et une perte de compétitivité continue. Elle a donc subi plus fortement la crise. L’objet de la négociation avec ses partenaires, c’était pour la Grèce l’obligation de respecter enfin « le règlement de copropriété », de diminuer ses déficits, de renforcer sa  compétitivité par des réformes. Il ne s’agissait pas de négocier pour divorcer, mais pour rester ensemble sur de bonnes bases. Je trouve stupéfiant que certains, en France, encouragent la Grèce, pour sortir de l’austérité, à quitter le zone euro et à continuer à s’endetter ! C’est insensé pour la Grèce, jetée alors dans les mains des spéculateurs et pour l’Europe elle-même, même si cela ne mettrait pas forcément en péril l’euro, comme on le craignait en 2010. Le projet européen demeure le plus beau projet politique, un projet de paix, de stabilité, de démocratie, le seul à l’échelle d’un continent dans le monde d’aujourd’hui. »

Pascal Lamy, sur les conséquences de la crise avec la Grèce, dans Challenges daté du 2 juillet

« Des 320 milliards d’euros de dettes publiques, 250 milliards sont avec des entités publiques, plus 60 à 80 milliards logés à la Banque centrale européenne, qui, soit dit en passant, n’a jamais cessé ses concours. Chacun sait que la Grèce ne sera jamais en état de les rembourser, mais il faut tenir compte des autres Etats européen qui, eux, ont remboursé et ne veulent pas entendre parler d’une remise de dettes. On va donc devoir inventer un mécanisme « Canada Dry » qui permettra de restructurer la dette, de la rééchelonner, voire d’en abandonner une partie, mais sans le dire. » (…) « Aux deux tiers, ce sont les Grecs, qui ont brûlé 200 milliards d’aides communautaires en trente ans, plus des concours européens depuis le début de la crise. Mais les Européens ont leur part de responsabilité, ayant d’abord préféré regarder ailleurs pendant longtemps et, ensuite, en refusant de reconnaître que la restauration des comptes publics grecs n’était pas l’alpha et l’oméga du redressement d’un pays dont les batteries sont à plat. »

Rétablissons le dialogue entre politiques et entrepreneurs

Les récentes péripéties de la loi Macron ont montré, une fois de plus, à quel point le monde de l’entreprise reste à la fois incompris et clivant pour certains élus.

La loi Macron a créé une véritable crise au sein de la majorité au prétexte qu’elle envisage l’entreprise avec une vision plus positive et permet un desserrement de contraintes qui apparaissent aussi dépassées que dangereuses. Les frondeurs et le Front de gauche ont trouvé dans les 200 articles de ce projet de loi, malgré les 400 heures de débats, matière à polémique et surtout à blocage.

Globalement, l’entreprise reste incomprise de certains élus. Pire, elle est utilisée comme marqueur de la « vraie » gauche même si ce calcul politicien doit aboutir à de la casse économique. Qu’une forme de paupérisation ronge les artisans et les petits-commerçants n’est absolument pas intéressant aux yeux de ces élus qui sont porteurs d’une idéologie « pure » et qui se posent en garants du respect d’engagements électoraux déjà périmés au moment où ils étaient exprimés…

La droite n’a pas été très brillante lors des débats. Le député (LR) Frédéric Lefebvre a raison lorsqu’il dénonce « les postures » de droite et de gauche. La crainte de voter une loi portée par le gouvernement a été plus forte que la logique de soutenir des réformes, même limitées, qui vont dans le bon sens. Une situation ubuesque qui confirme la stratégie actuelle des Républicains (mais également de l’UDI) de s’adresser en priorité aux militants du parti plutôt qu’aux Français. Une stratégie dictée par un logiciel politique des années 80 (1980 pas 2080…) et qui aurait besoin d’une profonde mise à jour.

Le gouvernement s’est également montré défaillant en transformant la loi Macron en loi « fourre-tout » qui mélange les réformes et concerne trop de secteurs à la fois. La loi a perdu en visibilité et en clarté, les entreprises vont devoir désormais détecter les différentes modalités qui les concernent, un casse-tête de plus.

Nous pointions la semaine dernière les prises de positions provocatrices et un brin irresponsables de Ségolène Royal contre des entreprises, cette posture est finalement partagée par trop de  responsables politiques de premier plan, alors que les parlementaires et les élus locaux souhaitent défendre les acteurs économiques mais n’ont que peu accès aux médias. Toutefois, si l’entreprise et les entrepreneurs restent incompris des dirigeants politiques, ils en sont souvent responsables, car nombreux sont ceux qui refusent d’adopter une démarche volontariste en direction des élus. C’est un tort.

Les opérations médiatiques telles que les universités d’été du MEDEF ou « Planète PME » ne sont que des sparadraps qui ne cautérisent pas les blessures et les incompréhensions. C’est l’ensemble des relations entre les entrepreneurs et les dirigeants politiques qui doivent être remises en question, on doit sortir de « l’entre-soi », pour mettre en avant les entrepreneurs de terrain et la réalité de notre économie.

Mathieu Quétel, président de Sountsou