Jean-Luc Mélenchon est de retour ! Le bateleur vient d’annoncer sa candidature pour la présidentielle de 2017 hors de toute primaire à gauche, hors du système… Toujours chouchou des médias qu’il adore détester, le voici lancé dans une course à l’Elysée qui passera par le numérique avec pour modèle le candidat aux primaires démocrates américaines Bernie Sanders.
Ils ne le revendiquent pas forcément mais souvent les hommes politiques français s’inspirent des Etats-Unis dans leurs campagnes électorales. Il est de tradition d’évaluer entre deux ou cinq ans notre décalage avec les modes de consommation venus d’outre Atlantique. Xavier Bertrand s’est par exemple plus qu’inspiré de la troisième saison de la série Netflix « House of Cards » pour son slogan « Au travail ». Le président Underwood, incarné à l’écran par Kevin Spacey, avait défendu quelques mois auparavant son plan de reconquête « L’Amérique au travail ».
Si le concurrent d’Hillary Clinton a choisi « A futur to believe in », Jean-Luc Mélenchon un poil plus radical lance sur internet « La France insoumise » et revendique de s’adresser à ces citoyens « insoumis sociaux et lanceurs d’alerte » qu’il souhaite réunir pour gagner. Une ambition qui ne semble pas encore créer de véritable raz de marée mais il annonce déjà 60.000 personnes recrutés en quelques jours sur les réseaux sociaux.
Son site jlm2017.fr s’appuie sur la plateforme collaborative utilisée en ce moment même par Bernie Sanders et le candidat issu du Front de Gauche espère bien que sa démarche permette de réunir les déçus des gauches françaises. Mais le fameux Nation Builder, c’est le nom du redoutable logiciel, a également été utilisé par Barack Obama pour conquérir la Maison Blanche.
Nation Builder est un outil très complet qui permet au candidat de gérer de façon centralisée toutes les données des différents sites et réseaux sociaux ainsi que les mises à jour et les outils statistiques indispensables à la gestion de sa campagne. Ce n’est sans doute pas un hasard si Alain Juppé a également investit dans ce logiciel et a même recruté une experte en la matière pour le piloter. Eve Zuckerman n’est certes âgée que de 25 ans mais elle a déjà fait partie de la campagne de Barack Obama et a travaillé à la ré-élection du maire de Chicago.
Jean-Luc Mélenchon adopte donc une démarche originale et une stratégie numérique ultra professionnelle. Les échecs successifs du Front de Gauche aux récentes élections, ainsi que la déchéance de nationalité ont achevé de le convaincre qu’il existait bien une place à prendre pour un iconoclaste de la gauche en vue de la présidentielle de 2017. Il n’oublie pas, également, que son excellente communication en 2012 lui avait permis d’animer la campagne présidentielle. Pour 2017, il mise sur la stratégie numérique pour se faire une place, il est fort possible qu’il surprenne plus d’un sceptique.
En tout cas cette incursion des méthodes américaines dans notre débat politique pourrait inspirer également des entreprises et fédérations professionnelles désireuses de peser sur les programmes en préparation. Les réseaux sociaux et le numérique sont désormais incontournables même si les médias traditionnels sont indispensables pour porter des idées. Une révolution est en marche…