Contre toute attente, Emmanuel Macron s’est finalement imposé comme le nouveau Président de la République à l’issue d’une campagne électorale sans précédent dans la Vème République qui laisse les « vieux » partis exsangues et leurs dirigeants tétanisés. Reste à confirmer lors des élections législatives.
Cap sur les législatives
Les élections législatives des 11 et 18 juin décideront de la force de ce quinquennat qui s’annonce difficile tant la France parait divisée. Les interrogations sont nombreuses : « La République en Marche ! », nouvelle signature de la majorité présidentielle, sera-t-elle en mesure d’imposer une majorité à l’Assemblée Nationale ? Quel sera le niveau de résistance des candidats Les Républicains ? Le Parti Socialiste poursuivra-t-il son effondrement électoral ? Le Front National bénéficiera-t-il d’une dynamique lui permettant de disposer d’un groupe parlementaire ?
Les partis fourbissent leurs armes et il est probable que les prochains jours réservent des surprises et des rebondissements à l’image de la campagne présidentielle. De nombreux députés, encouragés par la loi sur le non-cumul des mandats ont d’ores et déjà fait le choix de ne pas se représenter, d’autres sont littéralement condamnés à mener une campagne déjà perdue suite aux évolutions des votes enregistrées lors des dernières élections.
Des députés sortants déjà sortis
Nombreux sont les commentateurs à souligner que les candidats de « La République en Marche ! » sont des inconnus sur leurs circonscriptions et qu’il leur sera difficile de s’imposer en moins de six semaines.
En réalité, les circonscriptions seront nombreuses à voir s’affronter de nouvelles têtes, peu connues. La différence portera donc sur l’étiquette politique que porteront les candidats. Or, dans le contexte inédit de l’absence des deux partis historiques de la Vème République du second tour de l’élection présidentielle, il n’est pas exclu que le scrutin se révèle surprenant pour les élections législatives.
Ainsi, dans plusieurs circonscriptions, les nouveaux candidats qui représenteront le PS ou LR, n’hésitent pas à prendre le député sortant comme suppléant, histoire d’installer une reconnaissance territoriale… Mais cette astuce risque de se révéler insuffisante. L’affaissement de LR et du PS, est certes historique pour la présidentielle mais il est fort probable qu’il se confirme dans les urnes pour les élections législatives. D’autant que la loi sur le non-cumul a déjà incité bon nombre de députés sortants à ne pas se représenter et à laisser leur place à une nouvelle génération, forcément moins connue.
Donc, du point de vue de la notoriété, les candidats du nouveau Président de la République pourraient ne pas avoir à supporter de handicap particulier.
Le FN en embuscade
Si l’échec de Marine Le Pen est significatif à l’issue de la présidentielle, la progression régulière du Front National est incontestable et elle pourrait se traduire dans de nombreuses circonscriptions par des triangulaires, voire des quadrangulaires qui pourraient se révéler fatales pour les partis traditionnels.
Le poids du FN dans la future Assemblée Nationale est un sujet puisqu’il pourrait disposer d’un groupe politique et affaiblir Les Républicains qui ne semblent pas avoir trouvé une position unie et claire pour affronter une campagne des législatives qui s’annonce incertaine pour leurs candidats.
Le parti de Marine Le Pen pourrait également bénéficier d’une généralisation des postures peu claires et alambiquées du côté de LR mais également des « Insoumis » de Jean-Luc Mélenchon pendant l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle. Le Front Républicain apparaît affaibli.
Les Insoumis entre espoir et rêve de majorité
Jean-Luc Mélenchon affiche une détermination forte pour les élections législatives et il n’hésite plus à s’imaginer en principale force d’opposition à l’Assemblée Nationale. Si son score à l’élection présidentielle est une bonne surprise, sa capacité à confirmer lors des scrutins des 11 et 18 juin reste très incertaine.
« Les Insoumis » pourraient manquer de visibilité dans cette élection. Ni les déclarations fracassantes sur les antennes le dimanche 7 mai, ni la manifestation « d’avertissement » du 8 mai, ne devraient permettre à la formation de Jean-Luc Mélenchon d’être en situation de jouer les arbitres au soir du 18 juin prochain.
Les Républicains menacés d’implosion
La défaite de la présidentielle est lourde à porter pour Les Républicains qui se préparaient à mener un combat gagné d’avance. Leur candidat a certes révélé ses propres faiblesses, mais celles-ci ont été grandement amplifiées par les luttes internes.
Le parti de la droite républicaine a révélé sa totale impréparation. Les atermoiements autour d’un éventuel changement de candidat mi-février ont signé l’absence de chef ou de personnalités en capacité de peser réellement sur l’issue d’une lente agonie qui semblait déjà inéluctable. Les tiraillements internes entre « progressistes » et « radicaux » sont devenus insupportables pour de nombreux élus et la primaire de novembre n’a fait qu’exacerber des différences qui apparaissent irréconciliables. La place prise par Sens Commun dans le dispositif de François Fillon en fin de campagne présidentielle montre que les « radicaux » ont pris le pouvoir et ne laissent que peu de place aux « progressistes » qui devront vraisemblablement envisager des portes de sorties avant ou après les élections législatives.
Les Républicains arrivent probablement à la fin d’un cycle où le moment est venu de constater des désaccords irréconciliables. La question est désormais de savoir quand ce constat pourra être opéré : avant ou après les élections législatives ?
Un PS exsangue
Au soir du 18 juin, le PS pourrait se retrouver avec un groupe parlementaire historiquement faible à l’Assemblée Nationale. Se pose désormais la question de son futur et de sa capacité à se reconstruire. Les différents responsables de courants sont à l’affût d’une prise de pouvoir au sein d’un parti qui sort de ce quinquennat littéralement vidé de sa substance. Ses contradictions internes ont eu raison du quinquennat de François Hollande et du parti qui l’avait porté au pouvoir.
Tout est possible pour ces élections législatives
Jusqu’à présent Emmanuel Macron a déjoué tous les pronostics morbides prononcés par les commentateurs et les représentants des partis traditionnels. Il a réussit à s’imposer et à véritablement « hacker » l’élection présidentielle.
Les battus embrayent déjà sur son incapacité à construire une majorité parlementaire, socle indispensable à la mise en place des réformes promises dans son programme. Ils vont sans doute un peu vite en besogne et la droite républicaine qui se voit déjà en situation d’imposer un Premier Ministre de cohabitation au nouveau Président de la République semble aveuglée sur sa propre situation.
Néanmoins, rien n’est gagné pour le nouveau Président qui dispose de six petites semaines pour convaincre les Français de lui donner les moyens d’engager ses réformes.