Hervé Novelli était Secrétaire d’État aux PME pendant la présidence de Nicolas Sarkozy. Il est, notamment, le créateur du statut d’autoentrepreneur dont on entend beaucoup parler en ce moment. Il vient de lancer la plate forme numérique WikiPME, un site de rencontre et d’échange pour les entrepreneurs de France. Il nous donne son avis sur les réformes à mettre en oeuvre et nous explique les objectifs de WikiPME.
Newsroom-Sountsou : Le statut d’autoentrepreneur, que vous avez créé en 2008, est au devant de la scène, les Français s’en sont emparés et il semble parfait, notamment, pour accompagner les nouveaux métiers du numérique. 7 années après, quelles améliorations proposeriez-vous ?
Hervé Novelli : Plus d’1 Million de Français ont opté pour ce statut simple, moderne et pertinent qui leur permet facilement de se lancer dans l’entrepreneuriat. Le statut d’autoentrepreneur est un statut qui permet soit d’améliorer ses revenus soit d’évoluer ensuite, en fonction de son développement, vers d’autres formes juridiques. Je suis convaincu qu’il faut préserver ses avantages et sa simplicité tout en élargissant la base des Français qu’elle concerne. Je ne saurai vous dire combien d’entrepreneurs j’ai pu rencontrer qui aujourd’hui sont en SAS ou SARL, alors qu’ils se sont lancés en autoentrepreneur. Je m’en réjouis.
Newsroom-Sountsou : Que répondez-vous à ceux qui considèrent que ce statut est fragile et qu’il met ceux qui le choisissent dans une situation précaire ?
Hervé Novelli : Je comprends ces remarques mais elles font partie, hélas, de la vie de l’entrepreneur : quand on entreprend, on prend des risques, on accepte de se tromper et de tomber parfois. Le statut a aussi un objet : permettre à chacun de mettre le pied à l’étrier. Quand on sait monter à cheval, alors on peut choisir une monture plus puissante et pérenne. Mais pour débuter, souvent, il est préférable d’utiliser un statut qui a de nombreux avantages. C’est le sens de l’histoire.
Newsroom-Sountsou : Une loi sur le Code du travail vient d’être annoncée pour 2016 par le président de la République. Quelles réformes vous semblent prioritaires ?
Hervé Novelli : Je ne vous cacherais pas que je suis convaincu qu’un Code du Travail destiné aux TPE et PME me semble incontournable. Je trouve, au mieux inutile, au pire nuisible, que les TPE et PME soient de plus en plus soumises à des règles complexes. Par exemple dans une TPE d’une dizaine de salariés, le dialogue direct est essentiel, il ne faut pas rigidifier cela avec des enjeux réglementaires ! Le Code du Travail actuel peut convenir aux grands groupes. Pour les TPE et PME, il faut impérativement que la décision et la gestion de leur entreprise soit lancée, en premier niveau, aux collaborateurs, pour seulement ensuite remonter au niveau de la loi si jamais il n’y a pas d’accord. Quand une Direction et des salariés volontaires souhaitent travailler jusqu’à minuit par exemple, pourquoi devrions-nous les en empêcher…
Newsroom-Sountsou : Vous avez fondé WikiPME, une plate-forme de services internet qui se présente comme la « 1ère communauté solidaire des entrepreneurs de France », pouvez-vous nous la présenter ?
WikiPME est un espace digital nouveau. Notre ambition est d’apporter des réponses à tous les entrepreneurs – en matière réglementaire mais également de gestion quotidienne – et de proposer des services personnalisés et géolocalisés à côté de chez eux. En référençant les entrepreneurs inscrits sur WikiPME, nous pouvons leur proposer des profils, des compétences ou des outils à côté de chez eux et qui seront une solution pour leur problème. Je crois également au fait que WikiPME soit encore plus un espace de valeurs, comme le partage, l’entraide, et que les entrepreneurs puissent s’y exprimer, sortir de leur isolement et rencontrer leurs pairs.
Newsroom-Sountsou : Les entrepreneurs sont exaspérés par les charges et les lourdeurs administratives. Ils ne croient plus en la politique. Pensez-vous qu’il soit encore possible de les convaincre que les promesses électorales seront tenues, en cas d’alternance en 2017, et que des réformes seront engagées ?
Ma conviction est simple : plus les entrepreneurs seront regroupés – c’est l’objet de WikiPME – dans une communauté puissante et agissante sur Internet, mieux ils ont des chances d’être entendus. 100 000 entrepreneurs à la fin de 2016 dans la communauté WikiPME et, croyez-moi, le monde politique les écoutera et résoudra les problèmes fiscaux, sociaux et réglementaires auxquels ils sont aujourd’hui confrontés !