L’actu

Brèves de lobbying

 « Les brèves de lobbying » apportent des éclairages sur des opérations passées ou en cours dans le domaine des relations institutionnelles. Une approche directe dont le but est de susciter la réflexion ou de donner des idées.

Course à la plainte entre Medef et CGT

Pierre Gattaz a donné une interview très remontée au Monde le 30 mai dans laquelle il a traité la CGT de « terroriste » pour son comportement dans le blocage de la France. Extrêmement remonté, le patron de la Centrale, Philippe Martinez, a annoncé que celle-ci porterait plainte contre Pierre Gattaz pour ses propos. Dans la foulée, le Medef demandait aux chefs d’entreprise pour lesquels les blocages de la CGT entraînaient des pertes de chiffre d’affaires de porter plainte contre elle. Pierre Gattaz a retiré le mot « terroriste » mercredi 1er juin lors d’une interview sur RTL en précisant qu’il était « totalement inapproprié », il a toutefois martelé « dans mon interview, hormis le mot terroriste, tout le reste est valable ».

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La CGPME se mobilise pour aider les TPE, PME et artisans

Après les conflits sociaux, les inondations viennent un peu plus perturber l’activité économique et elles mettent en danger un grand nombre de petites entreprises. La CGPME nationale se mobilise et a demandé à ses unions territoriales de se tenir à la disposition des chefs d’entreprise en difficulté. Elle demande également la mise en place d’un report du paiement des cotisations sociales pour les entreprises ayant à subir des pertes d’activité du fait de ces inondations ou du fait des mouvements sociaux récents.

Ce cher Euro 2016

L’Euro est un allié inattendu pour les manifestants et autres bloqueurs de l’économie française. Le gouvernement s’est mis en tête de désamorcer une à une les revendications multiples qui se servent de l’Euro comme moyen de pression pour obtenir gain de cause. SNCF, Air France, Loi travail, les uns et les autres bénéficient d’un traitement spécial avant le démarrage de la compétition. Il s’agit pour le gouvernement de faire en sorte que les français et les touristes qui seront présents en France à cette occasion puissent bénéficier d’infrastructures à peu près en état de marche afin d’éviter les impacts économiques liés à une mauvaise image et les effets politiques internes.

La sécurité des fan zones en question

Les responsables des forces de l’ordre tirent la sonnette d’alarme sur les fan zones mises en place à l’occasion de l’Euro 2016. Ils craignent que les forces de l’ordre « lessivées » par des mois de plan vigipirate et des semaines de tensions liées à la loi travail ne soient pas en mesure de sécuriser dans les meilleures conditions ces fan zones. Ils relèvent en outre une radicalisation inquiétante des comportements observés ces dernières semaines lors des manifestations avec des scènes de violence auxquelles s’ajouteront sans doute des personnes en état d’ébriété avancée et des comportements de supporters imprévisibles, tout cela venant accroître les risques liés au terrorisme.

Berger et Martinez, deux syndicalismes

La rencontre organisée sur RTL entre Laurent Berger et Philippe Martinez, respectivement patrons de la CFDT et de la CGT, le lundi 30 mai était un joli coup pour la radio. Ce débat animé par Alain Duhamel et Marc-Olivier Fogiel a mis en exergue les différences entre les deux syndicats, il a également surpris par la complicité et la courtoisie entre les deux responsables syndicaux qui visiblement se respectent et se tutoient. Les auditeurs ont compris que ces deux spécialistes du lobbying social n’ont pas la même stratégie. Même s’il manquait souvent d’arguments, Philippe Martinez revendiquait sa posture radicale pour obtenir toujours plus quand Laurent Berger affichait sa démarche de dialogue pour obtenir … toujours plus et le patron de la CFDT d’aligner les avancées (ou reculades) négociées sur la loi travail sans avoir besoin de recourir au blocage du pays…

La réforme de la SNCF victime de l’Euro

Le dernier week end de mai a été consacré par le gouvernement au déminage des conflits à venir ou déjà amorcés. À la SNCF il a été décidé de passer outre le PDG qui essaie d’engager une vaste réforme, qui concerne notamment la difficile question du temps de travail, avec pour objectif de satisfaire un maximum de syndicats afin d’éviter un blocage des déplacements ferroviaires pendant l’Euro 2016. Résultat : au 2 juin trois des quatre syndicats qui appelaient à la grève avaient retiré leur appel. Du côté de la direction, ce désaveu en pleines négociations sur la réforme interne a été très mal vécue et la presse en a été informée afin d’allumer un contre feu. Le gouvernement rechignerait à accorder, en contre partie, au PDG une renégociation de sa dette qui s’élève à 50 milliards d’euros. Sans cette réforme de la productivité interne il est peu probable que la SNCF soit en mesure de résister à l’ouverture du secteur à la concurrence et de faire face à ses engagements. C’est donc l’avenir même de la compagnie qui est désormais devenu totalement incertain.

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Les animaux ont également leurs lobbyistes

Ces derniers mois, les reportages en caméra cachée de l’association L214 ont été ravageurs pour les industriels de la viande tant les images rapportées par ces activistes étaient violentes et révélaient une cruauté gratuite à l’égard des animaux d’élevage ou d’abattoirs. À côté de ce lobbying radical, les animaux disposent d’un lobbyiste de prestige et qui maîtrise parfaitement les rouages de l’Etat en la personne de Louis Schweitzer. L’ancien industriel, patron de Renault, est le président de la Fondation Droit Animal, il propose la création d’un étiquetage du bien-être animal. Cet étiquetage, réalisé sur le modèle de celui des oeufs, révèlerait les conditions d’élevage et d’abattage des animaux concernés. La Fondation Droit Animal souhaite miser sur le volontariat des entreprises et des consommateurs, elle propose de faire confiance à une bonne information et sur l’éthique de chacun.

Les sondeurs anglais dans le brouillard

Il y a quelques jours, Barack Obama en personne avait fermement soutenu le maintien du Royaume-Uni au sein d’une Union Européenne unie, les sondages mesurant les intentions de vote pour le référendum prévu le 23 juin avait alors révélés une envolée des pro-maintien. Les dernières intentions de vote traduisent plutôt un vote très serré, les anglais hésitant visiblement entre maintien et liberté totale vis-à-vis de l’Europe. Ceci dit, une polémique monte en Angleterre au sujet de la fiabilité des sondages et des méthodologies utilisées par les sondeurs. En 2015, ils avaient lourdement échoué à déceler l’élection de David Cameron. Sans outil de mesure de l’opinion vraiment fiable, difficile pour les uns et les autres d’adapter leurs messages, il faudra vraisemblablement attendre le 24 juin au matin pour savoir quel sera l’avenir de l’Europe.

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Vifs débats à l’AMF au sujet des communes

Situation paradoxale au Congrès de l’Association des Maires de France (AMF), les maires dénoncent leur perte de pouvoir au profit des communautés de communes et des grands regroupements au sein de communes nouvelles. Alors qu’ils restent les élus préférés des Français, la nouvelle organisation territoriale organise peu à peu leur effacement au profit de super-structures jugées plus aptes à gérer les enjeux des territoires mais qui sont également menacées par une très forte politisation et traversées par de multiples tensions liées aux majorités qu’elles dégagent. La réforme territoriale en cours de déploiement prévoit même l’élection au suffrage universel du président communautaire, une étape supplémentaire vers la disparition des petits maires et avec eux de la notion de commune ?

Le Brexit serait très couteux pour les anglais

L’OCDE vient de publier son rapport sur les perspectives de l’économie mondiale accompagné d’une note spéciale consacrée au Brexit. L’organisation estime que le Royaume Uni perdrait environ 5% de son PIB d’ici à 2030 en cas de rupture avec l’Union Européenne, il serait de 1,25 à 1,5% dès 2018. La perte de confiance des ménages britanniques entraineraient une montée de l’épargne de l’ordre de 1 point ce qui aurait pour conséquence de voir la consommation baisser, enfin la Livre Sterling serait probablement dévaluée d’environ 10%. Évidemment, cette situation aurait des répercussions également sur les autres pays de l’Union.

Le livre noir des syndicats

Paru à la mi-mai, l’ouvrage des journalistes Rozenn Le Saint et Erwann Seznec prend toute sa saveur avec l’actualité sociale mouvementée qui bloque la France depuis des semaines. Les auteurs décryptent les rouages du syndicalisme français et dressent un portrait sévère de la situation de syndicats dont le nombre des adhérents ne cesse de baisser quand les permanents continuent de se développer… « Le livre noir des syndicats » (Robert Laffont) est composé de courts chapitres charpentés qui traitent chacun d’un sujet étayé. On y découvre les modes de financement pas toujours clairs, les comportements de permanents qui perdent le lien avec la réalité et des motivations qui n’ont pas toujours grand rapport avec la défense des salariés. Édifiant.

Brèves de primaire de la droite

Nos informations sur les coulisses des primaires à droite.

Baroin en route pour Matignon ?

En officialisant sont soutien à Nicolas Sarkozy pour la primaire de la droite, François Baroin miserait sur un ticket avec l’ancien Président pour 2017 et le poste de premier Ministre en cas de victoire. « Plus jeune fils » de Jacques Chirac, François Baroin présente de nombreux atouts pour Nicolas Sarkozy : bonne image, connexion avec les élus locaux grâce à sa présidence de l’Association des Maires de France, proche de Jacques Chirac, bonne expérience ministérielle et connaissance des réseaux de la droite… En outre, le sénateur-maire de Troyes affiche un positionnement de centre-droit, ce qui peut-être précieux pour contre-balancer la forte droitisation que Nicolas Sarkozy s’apprête à donner à sa campagne. Enfin, il voue pour Alain Juppé une ferme détestation depuis que celui-ci a refusé de lui apporter son soutien pour Bercy lors du remaniement de 2011, lui préférant… Bruno Le Maire. Finalement, François Baroin obtiendra le portefeuille mais conservera pour l’ancien premier Ministre une rancoeur tenace.

Les frondeurs sont également à droite

La construction très hétéroclite de l’ex-UMP devenue Les Républicains pourrait se transformer en un handicap lourd à gérer en cas d’alternance en 2017. En effet, Nicolas Sarkozy a fait le choix de parier sur un spectre politique très large dans les chapelles créées au sein de son parti, il a même privilégié les micro-partis les plus radicaux comme Sens Commun ou le PCD de Christine Boutin. Réputée trop à gauche, Nathalie Kosciusko-Morizet a été écartée de la direction du parti au profit du très radicalisé Laurent Wauquiez qui espère en prendre la présidence dès que Nicolas Sarkozy sera officiellement entré en campagne pour la primaire de la droite. Ces différents mouvements contraignent Les Républicains à faire en permanence un grand écart idéologique qui aura des répercussions dans la gestion quotidienne à partir de juin 2017. Ces répercussions pourraient se révéler très complexes à gérer.

700 maires chez Sarkozy

Le Congrès de l’Association des Maires de France (AMF) a permis aux candidats à la primaire de la droite de séduire ces élus locaux proches de leurs administrés et réputés moins politisés. Nicolas Sarkozy, pas encore candidat officiel mais fort du soutien du président de l’AMF, François Baroin, a reçu au siège de LR 700 édiles. Une occasion de plus pour l’ancien président de la République de marquer sa différence avec son successeur à l’Elysée dont il a promis d’effacer les lois NOTRe, Alur et sur les rythmes scolaires ainsi que de son principal rival pour le scrutin des 20 et 27 novembre, Alain Juppé, qu’il juge trop timide dans les réformes qu’il envisage. Nicolas Sarkozy a également promis de revoir l’étendue des compétences afin d’aligner les charges qui pèsent sur les collectivités locales avec les moyens financiers dont elles disposent. Il a également affirmé avec force sa volonté de nettoyer les « lois socialistes » afin de profiter au maximum de l’alternance.

1000 maires chez Juppé

Les maires ont été accueillis avec chaleur par Alain Juppé à la Salle Wagram. Ils étaient 1000, soit 300 de plus que chez Nicolas Sarkozy, à avoir répondu à l’invitation du candidat préféré des Français. La réunion, orchestrée en sous main par Jean-Pierre Raffarin, a permis à Alain Juppé de marteler son souhait de faire preuve de pragmatisme dans les réformes et son refus de promettre le grand soir pour les réformes. Il a notamment rappeler son refus de remettre à plat les réformes mises en place par son prédécesseurs, revendiquant un droit à l’expérimentation et la mise en place d’un contrat pluriannuel avec les élus locaux, histoire de leur donner plus de visibilité.

Fillon séduit les Maires

En marge du congrès de l’Association des Maires de France (AMF), François Fillon organisait une rencontre avec des élus locaux, moment idéal pour rappeler sa relation particulière avec les élus des collectivités, lui-même ayant occupé de multiples mandats locaux tout au long de sa carrière politique. Il propose un contrat territorial qui redonnerait aux élus de la liberté et les déconnecterait des lourdeurs administratives qui se sont multipliées ces dernières années. Il a également promis de basculer la fonction publique territoriale au 39 heures et de rétablir le conseiller territorial.

Création de Oz ta droite

Robert Ménard, le bouillonnant maire de Béziers, élu en 2014 avec le soutien du Front National dont il n’est pas membre, organisait le week end du 29 mai une réunion de la « droite hors les murs ». L’objectif était de constituer une sorte d’union des droites radicales qui se multiplient mais restent dispersées. Craignant sans doute des dérapages Les Républicains n’avaient pas envoyés de représentant officiel, quant à Marion Maréchal – Le Pen elle a quitté la réunion avec fracas suite à une déclaration de Robert Ménard. Du côté du souverainiste Philippe de Villiers, dont le livre est un grand succès de librairie, il n’était pas envisageable de passer une tête lors de débats dont l’image aurait pu rejaillir sur le business familial du Puy du Fou. Les journées de travail ont donné lieu à la publication de 51 propositions qui seront soumises au FN et à LR pour leurs programmes respectifs pour 2017. Cette initiative est à mettre en lien avec des projets en cours de réflexion qui pourraient aboutir à une candidature souverainiste et de droite affirmée pour 2017.

Retailleau mise sur la primaire pour réformer

Bruno Retailleau, le patron des sénateurs de la majorité LR, était l’invité du Talk-Le Figaro, le 1er juin. Après avoir regretté le comportement de certains candidats à la primaire de la droite face aux manifestations et aux résistances à la réformes orchestrées par la CGT, il a affirmé que les français étaient prêts à la réforme. Ce soutien de François Fillon, qu’il juge le seul à avoir une offre de réforme vraiment radicale, salue l’existence de la primaire car elle va forcer les candidats à travailler et à poser des propositions claires aux votants de la primaire. Ainsi, les électeurs de droite et du centre pourront choisir leur candidat en parfaite connaissance de son programme et de sa capacité à engager des réformes. Un discours ferme et offensif qui tranche avec la réputation des sénateurs connus pour leur approche consensuelle des sujets.

Une primaire à droite Juppé-Sarkozy ?

Dans la dernière livraison de l’enquête électorale Le Monde – Cevipof, que Sountsou, suit avec attention car elle est inédite par son ampleur puisqu’elle porte sur un échantillon de 19 455 personnes (dont 1 134 certaines de voter à la primaire), Nicolas Sarkozy stoppe l’érosion de son électorat. Toutefois avec 41% des intentions de vote, Alain Juppé reste le grand favori de la primaire devant Nicolas Sarkozy qui en recueille 27%, Bruno Le Maire (16%) et François Fillon (10%) ne semblent pas en mesurer de gêner ce duo de finalistes. C’est sans doute la principale information de cette vague qui fige la situation d’avant-campagne. En effet, si les candidats ont présenté leurs programmes, les débats n’ont pas commencé et Nicolas Sarkozy n’a même pas encore déclaré officiellement sa candidature. C’est donc vraisemblablement à partir de septembre que les intentions se cristalliseront véritablement en fonction des débats diffusés sur les chaines de télévision.

Dates de la présidentielle

Le premier tour de l’élection présidentielle aura lieu le 23 avril 2017 et le second tour le 7 mai. Les élections législatives se tiendront les dimanches 11 et 18 juin. Enfin, les élections sénatoriales auront lieu le 24 septembre 2017. Pour mémoire, la primaire de la droite est prévue pour les 20 et 27 novembre 2016, celle de la gauche les 4 et 11 décembre.

Brèves de primaire de la gauche 

Nos informations sur les coulisses des primaires à gauche.

Lâcher de scuds contre Macron

C’est parti. Les révélations commencent à poindre le bout de leur nez et elles visent directement Emmanuel Macron. Le ministre de l’Économie agace son camp et de ce côté que partent les coups les plus rudes. Outre, les maladresses qui deviennent une sorte de marque de fabrique du jeune Ministre, il est également visé par des « révélations » qui, par hasard, arrivent au sein des rédactions de Mediapart ou du Canard Enchaîné. La dernière en date révèle une petite carabistouille de Monsieur Macron afin d’éviter d’être assujetti à l’ISF, qu’il dénonce par ailleurs. L’intéressé crie forcément au complot sans importance, néanmoins, il va devoir faire preuve de solidité, il ne serait pas étonnant que d’autres scuds lui soient adressés rapidement.

Guerre de chiffonniers entre PCF et Mélenchon

Le patron du PCF n’apprécie vraiment pas que son ex-allié, Jean-Luc Mélenchon ait choisi le 5 juin pour son grand rassemblement de la France insoumise, c’est la date du 37ème congrès du parti communiste. Un choix provocateur de Mélenchon qui ne recule devant rien pour provoquer ses anciens amis.

Macron déjà moins populaire

Nombreux sont ceux à pointer depuis quelques semaines la « baudruche » Macron dont la popularité devrait, selon eux, s’effondrer dès que les affres de la politique le toucheront vraiment. Est-ce déjà le cas ? En tout cas la dernière livraison du baromètre Elabe-Les Echos-Radio Classique enregistre une baisse de 6 points de la popularité du titulaire de Bercy auprès de l’ensemble des personnes interrogées et de moins 13 points chez les sympathisants de gauche. Le décrochage est franc et net. Il pourrait exposer le jeune Ministre un peu plus aux attaques de moins en moins retenues de son camp. En effet, jusqu’à présent son arrogante côte de popularité constituait une armure face aux tentations de le sortir du gouvernement. Désormais, si ses mauvais sondages s’installaient, sa place serait clairement menacée.

Hollande au plus bas

L’enquête électorale Le Monde – Cevipof vient de publier sa quatrième édition qui confirme la situation quasi-désespérée de François Hollande. 4% des Français se déclarent « plutôt satisfaits » de son action et 53% « pas du tout satisfaits », ces chiffres constituent des records. Du côté des intentions de vote, cette étude inédite qui interroge près de 20.000 personnes, confirme la désaffection dont est frappée le président de la République, seuls 14% des interrogés se déclarent prêts à voter pour lui, soit quasiment autant que François Bayrou avec 13% et, surtout, Jean-Luc Mélenchon qui poursuit sa progression et atteint 12% des intentions de vote.

Quelle fenêtre pour la communication présidentielle ?

Totalement effacée par le crise sociale, la parole de l’Élysée tente de reprendre la main, sa difficulté essentielle réside à trouver une fenêtre de communication qui lui permettrait de redevenir audible. En effet, les légers mieux qui commencent à poindre du côté du chômage et de la croissance ne peuvent être « vendus » actuellement tant ils apparaissent en contradiction avec le quotidien des Français. Crise sociale, manifestations, grèves, à présent les inondations puis viendra le temps de l’Euro qui devrait focaliser une grande part de l’attention collective, les moments disponibles pour que le Président reprenne la parole dont très limités. Son impopularité impose en outre un calendrier rapproché pour être en mesure de se représenter en 2017.

 

Dates de la présidentielle

Le premier tour de l’élection présidentielle aura lieu le 23 avril 2017 et le second tour le 7 mai. Les élections législatives se tiendront les dimanches 11 et 18 juin. Enfin, les élections sénatoriales auront lieu le 24 septembre 2017. Pour mémoire, la primaire de la droite est prévue pour les 20 et 27 novembre 2016, celle de la gauche les 4 et 11 décembre.

Le dessous des cartes du mouvement anti-loi travail

Le nouveau numéro de l’émission Lobby or not Lobby sur la Radio des Entreprises est en cours de diffusion, vous pouvez l’écouter ici en podcast (durée 6 minutes). Simon Janvier et Mathieu Quétel décryptent les coulisses du mouvement anti-loi travail, notamment les motivations de la CGT.

Le texte de l’émission est disponible ci-dessous.

Simon Janvier : Bonjour et bienvenue pour ce nouveau rendez-vous de « Lobby or not lobby » avec Mathieu Quétel, président de Sountsou – Affaires Publiques. Mathieu, bonjour, nous sommes toujours en plein débat sur la loi travail malgré le recours du gouvernement au fameux 49-3, et tout le monde semble déçu salariés, entreprises et syndicats.

 MQ : Bonjour Simon. En plein débat, vous êtes sympa. Nous assistons à un lobbying de rue déluré, sans filet et qui semble sans limite. La France est littéralement prise en otage par quelques radicaux qui font de la loi travail un symbole de leur combat contre le monde de l’entreprise.

Il s’agit plus précisément d’un combat politique contre le gouvernement, les manifestants souhaitent en effet un retrait pur et simple de la loi travail.

Je pense qu’il faut voir la réalité en face : la loi travail est un véhicule de contestation idéale pour certains radicaux. Rappelez-vous, elle prétendait, dans sa première version, fluidifier le droit du travail pour redonner de la compétitivité aux entreprises. Le mot « entreprise » était lâché. Or, une frange, ultra-minoritaire de la population rêve d’un monde sans patron et sans entrepreneur, pour elle l’entreprise est un lieu d’aliénation, d’exploitation. Il y a derrière ces manifestations ce relan anti-entreprise persistant et insupportable.

Enfin, il y a derrière ces manifestants toute une partie de la gauche qui reproche tout de même au gouvernement son social-libéralisme et qui souhaiterait revenir vers un gouvernement disons de gauche plus traditionnelle.

Il y a surtout un calcul politicien qui a déjà en ligne de mire 2017. Une partie non négligeable des anciens alliés de François Hollande a fait une croix sur sa réélection. Ils parient donc sur un retour de la droite au pouvoir et certains responsables misent tout sur la présidentielle de 2022. D’ailleurs parmi eux il y a également certains proches du président de la république. Ajoutez à cela Philippe Martinez le patron d’une CGT en perte de vitesse et en quète de légitimité et vous avez un cocktail détonant.

Mais pourquoi viseraient-ils 2017 ?

Lors de sa dernière intervention publique sur Europe 1, Le chef de l’Etat nous a fait le coup du « Au secours la droite revient », il a décrypté les projets de réformes des candidats à la primaire de la droite qui sont, il est vrai assez audacieux pour certains d’entre eux et il s’est positionné comme unique rempart sur le thème, « je ne suis peut-être pas idéal mais ne prenez pas le risque de miser sur la droite ».

Pour vous, les meneurs des manifestations partent du même constat ?

Oui, à la différence qu’ils estiment que la partie est perdue pour Hollande qui plafonne à 14% maximum d’intentions de vote pour la présidentielle. Ils préparent donc le terrain pour l’année prochaine. Si nous faisons un peu de politique-fiction : je peux vous assurer que ce qui se passe aujourd’hui n’est qu’un avant-goût de ce qui nous attend dès lors que les premières réformes seront initiées à l’été 2017. Or, ce qui est inquiétant c’est qu’une fois de plus le facteur déclenchant est le monde de l’entreprise montré du doigt et déconsidéré. Le silence assourdissant de l’opposition depuis quelques jours est du reste assez surprenant…

Pour le coup, le gouvernement joue le jeu. Il maintient sa réforme.

Cette réforme est devenue anti-entrepreneuriale. En outre, en laissant le blocage s’instaurer, la chienlit s’installer et la gangrène de la violence proliférer le gouvernement montre, par son manque d’autorité, que tout est permis au risque d’un gros dérapage, on est d’ailleurs passé à deux doigts d’un grave accident lors des blocages du 26 mai.

Le droit de manifester est constitutionnel, tout de même.

 En effet, mais nous sommes au delà de ce droit lorsque des préavis reconductibles sans véritable terme sont posés, lorsque la violence et les dégradations s’invitent à chaque manifestation et lorsqu’un blocage de notre économie est mis en place. Lorsque des rédactions de journaux refusent la publication d’une tribune écrite par le patron de la CGT, est-il normal qu’en forme de sanction et, disons le, de censure, la CGT empêche l’impression et la distribution de ces journaux sans préavis ? Le 26 mai seule l’Humanité est parue parce qu’elle portait un message conforme aux souhaits de la CGT. Est-ce constitutionnel d’entraver ainsi la liberté d’informer ?

Les Français semblent soutenir ces blocages et le retrait de la Loi El Khomri.

Ce soutien m’apparaît plus comme un rejet du politique, la traduction d’un ras-le-bol assez partagé dans le pays. Je ne peux croire que les Français soient solidaires de la violence et des messages haineux contre les entreprises et les entrepreneurs. La posture radicalisée de certains syndicats, surtout de la Centrale de la CGT, qui refusent le dialogue porte en elle une montée des enchères préoccupante pour les réformes dont notre pays a pourtant besoin. C’est également une remise en question profonde de la tradition du dialogue social que nous avions en France. La CGT, qui perd peu à peu tous ses bastions fait le choix de la radicalisation pour s’imposer.

En fait, vous pensez que ce pays est hermétique à toute réforme ?

Et bien non. Je crois au contraire que les Français sont prêts pour la réforme s’ils la comprennent. Mais certains, une minorité, veulent tout bloquer pour protéger des privilèges qui deviennent insupportables à une majorité. Ils essaient de détourner les regards vers un bouc émissaire : l’entreprise. Le monde de l’entreprise est une cible facile, il ne répond jamais et il est très mal représenté chez les politiques. L’enjeu de la présidentielle de 2017 pour les candidats sera d’être capables de pédagogie. Et ce n’est pas gagné.

 

 

Ce lobbying de rue qui bloque la France 

Les syndicats n’ont pas bonne presse dans notre pays. Globalement, les Français ne leur font pas confiance et les assimilent aux partis politiques, ce qui est très regrettable. Ils jouent pourtant un rôle essentiel dans le dialogue social, ils ont même été placés au centre de notre dispositif. Le comportement radical de la CGT est donc très préoccupant. 

Philippe Martinez, le patron de la CGT, est dans une stratégie de radicalisation tous azimuts pour sauver sa Centrale qui perd ses bastions au fil des élections. La Loi El Khomri est un véhicule de contestation quasi-parfait pour la CGT qui peut s’en servir pour caricaturer l’entreprise et cibler son bouc émissaire préféré le « patron », en réalité les entrepreneurs qui créent quotidiennement de la valeur pour la France.

Dans sa course désespérée pour se sauver elle-même, la CGT dérape un peu plus chaque jour. Jeudi 26 mai elle a explosé plusieurs limites : censure des quotidiens nationaux, violences de rue dans de nombreuses villes de France, amplification des blocages des sites stratégiques pour aboutir à un arrêt de l’économie.

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Dans les sondages, les Français semblent donner raison à la CGT, ils rejettent plus probablement le politique en général et expriment leur ras-le-bol d’une France enkystée dans ses blocages et d’un gouvernement qui ne parvient pas à figer un chemin de sortie.

Au delà de notre quotidien, chahuté par le comportement irresponsable de la CGT, notre modèle du dialogue social est remis en question. Il faudra bien en tirer les conséquences : revoir les monopoles syndicaux, les privilèges indus accordés aux syndicats et amplifier un retour au dialogue social direct au sein des entreprises, sans passer par les filtres de syndicalistes qui défendent leurs propres intérêts.

À un an des élections, la situation sera sans doute une bonne source d’inspiration pour les candidats à la présidentielle.

Mathieu Quétel, président de Sountsou – Affaires Publiques

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