Nouvelle rubrique dans la Newsroom de Sountsou « Les brèves de lobbying » apportent des éclairages sur des opérations passées ou en cours dans le domaine des relations institutionnelles. Une approche directe dont le but est de susciter la réflexion ou de donner des idées.
Quand la CGT censure la presse
Ces dernières semaines, la CGT s’est lancée dans un syndicalisme radical et emprunt d’une certaine violence. On l’oublie souvent mais les syndicats sont également des lobbies. Il est intéressant d’observer que le lobbying de rue de la CGT évolue vers toujours plus de radicalité. Mercredi 25 mai au soir, la CGT a contacté les rédactions des quotidiens nationaux afin de leur proposer une tribune signée de Philippe Martinez, le patron de la CGT, celles-ci ont refusé la diffusion de la tribune. En guise de riposte, la CGT a organisé le blocage de l’impression des quotidiens et de leur distribution. Une véritable censure qui trouvera son expression ultime avec la présence en kiosque de l’humanité, seul quotidien disponible le jeudi 26 mai au prétexte qu’il était le seul à porter le bon message, validé par les responsables de la CGT. Cette censure inacceptable est assez unique en France.
Des applis pour le lobbying des élus
La secrétaire d’Etat à l’économie numérique a pris l’initiative d’inviter 6 start up à l’Assemblée Nationale afin de présenter leurs services aux députés. L’originalité de ces acteurs de la Civic Tech réside dans leur ambition de constituer des interfaces d’échanges en les citoyens et leurs élus. Certains comparent les programmes politiques, d’autres permettent d’utiliser le vote électronique en sécurité, d’autres encore facilitent le quotidien en permettant aux citoyens de signaler des dysfonctionnements à leurs élus locaux. L’utilisation d’applications mobiles dans le quotidien de la vie démocratique va être appelé à se généraliser dans l’avenir.
Le lobbying citoyen par les urnes
Jean-Christophe Fromentin est député-maire des Hauts de Seine, non inscrit depuis qu’il a quitté l’UDI. Cet électron libre de droite, dans tous les sens du terme, a décidé de s’attaquer au lobbying citoyen en appelant le peuple à s’engager pour les législatives de 2017. Il veut que 577 candidats-citoyens se présentent dans les circonscriptions françaises afin d’être en mesure de créer un groupe parlementaire, soit de réunir 15 députés. Dans son ouvrage « 2017 : Et si c’était vous ? » il pose un programme et lance son appel à la mobilisation pour contourner les partis politiques et sortir du débat autour de l’élection présidentielle auquel il ne croit pas. Il mise sur une infiltration par l’élection de terrain, les législatives constituent donc une première étape. Il appelle les candidats à proposer leur cv, à apporter des soutiens dans leur circonscription ainsi que des promesses de dons. La démarche est très construite. Il envisage ensuite de se poser comme un recours possible pour trouver une majorité le cas échéant.
Les autoroutiers veulent être aimés
Les Echos du 23 mai rappellent que 78% des Français souhaitaient une nationalisation des autoroutes selon un sondage de janvier 2015. La même année un rapport de l’Autorité de la concurrence pointait les dysfonctionnements et, surtout, la cherté des péages qui serait disproportionnée. Dans la foulée, des députés s’étaient mobilisés, encouragés par la ministre Ségolène Royal, afin que les concessions soient résiliées par anticipation. Une situation de crise qui n’était pas tenable. Alors les autoroutiers ont décidé d’organiser leur démarche de lobbying afin de pacifier leurs relations avec les parlementaires, le gouvernement et leurs clients. Ces derniers ont été conviés le week end du 20 mai à une Fête de l’autoroute. Parallèlement, ils ont engagé un plan d’investissement de 3,2 milliards d’euros, versent chaque année 60 millions d’euros à l’agence publique chargée du financement des infrastructures et créent un fonds d’investissement doté de 200 millions d’euros afin d’investir dans les infrastructures. Le 1er février dernier ils augmentaient (en moyenne) leurs tarifs de 1,12% conformément à l’accord signé avec le gouvernement.
Le luxe (presque) en crise
Les effets des attentats se font lourdement ressentir dans l’industrie du luxe. En mars, les achats effectués par les touristes chinois en Europe ont baissé de 24% selon le cabinet Global Blue, la baisse était de 18% en avril. Les russes, les autres grands consommateurs de luxe, désertent également les boutiques de la place Vendôme et de l’avenue Montaigne. Paris est particulièrement touchée et subit de plein fouet la crainte de nouveaux attentats. Cette situation a suscité des vocations chez des concurrents, notamment certaines destinations de l’Est qui tentent de séduire les touristes et les marques de luxe. Paris va devoir se lancer dans une campagne de communication internationale afin de rassurer les touristes.
Lobbying ministériel pour sauver les budgets
La période de préparation des budgets est toujours une source de tensions entre les ministères et Bercy, qui détient les cordons des finances publiques. Cette année, le bouclage du budget va tourner au casse-tête, il faudra tenir les promesses engagées par le futur candidat Hollande, financer les surcoûts liés à la sécurité et limiter le déficit pour tenir les engagements européens. Ainsi, certains ministères ont découvert leur lettre de cadrage budgétaire avec stupéfaction : diminution de 2% des effectifs, stabilisation de la masse salariale, baisse de 5% des dépenses courantes, tout ceci dans un contexte particulier puisqu’un décret annule 1,1 milliard de crédits votés afin de financer une partie des diverses annonces présidentielles. Chaque ministre va donc se lancer dans un véritable lobbying afin de sensibiliser sur le caractère prioritaire de son secteur.
Le lobbying interne au Medef
On l’oublie parfois, mais les organisations patronales sont le résultat de la réunion de fédérations qui ne partagent pas les mêmes objectifs sur tous les sujets, ce qui peut donner lieu à de fortes tensions internes qui ne participent pas à l’efficacité de ces organisations dans la défense de leurs intérêts. C’est le cas du Medef qui est déjà plongé dans une course vers sa propre présidentielle qui aura lieu en 2018. C’est un effet pervers de l’engagement de Pierre Gattaz de ne faire qu’un mandat de président. Les candidats putatifs se sont déjà mis en marche vers 2018 avec tous les attirails de la campagne électorale, coups bas, guerre interne, blocage décisionnel et rumeurs diverses comprises. Les grandes organisations, fussent elles patronales, sont parfois soumises aux mêmes défauts et dérives que les partis politiques.
Le lobbying des palaces parisiens
Avec les attentats de novembre 2015, les palaces français sont désertés par une clientèle mondiale fortunée qui craint pour sa sécurité. Ils se sont unis pour se lancer dans un tour du monde pour séduire à nouveau les prescripteurs du tourisme haut de gamme et la clientèle d’affaire,après la Chine ils ont ciblé le 24 mai les Etats-Unis. Le gouvernement français soutient la démarche et les consultants sont mobilisés au côté d’Atout France pour accompagner cette démarche de lobbying du luxe parisien.
Le lobbying juridique des entrepreneurs de Calais
Reçus en début d’année par un conseiller de l’Elysée, les commerçants et entrepreneurs du Calaisis avaient obtenus la mise en place d’une cellule d’urgence qui avait pour objet de faire le point sur place avec chacun d’eux et de mettre en place des échelonnements pour le paiement des créances publiques, pour les situations les plus graves, une remise d’impôts était également prévue. Cette cellule n’a semble-t-il pas été très utile. Or, certains d’entre eux ont subi des baisses de chiffre d’affaires pouvant atteindre 50%. Ils considèrent donc être victimes d’une « rupture d’égalité devant les charges publiques ». Ils ont donc décidé d’assigner l’Etat devant le tribunal administratif pour cette raison.
Les Pays Bas se mobilisent pour les start up
Attirer les acteurs de l’économie numérique est devenu un enjeu pour les pays. L’ambition des Pays Bas est de devenir la porte d’entrée pour les start up non-européennes et de s’imposer dans le top trois des pays européens les plus attractifs. Le pays vient d’organiser le Start up Fest pendant quatre jours dans 14 villes. L’évènement a accueilli 15.000 visiteurs venus écouter les patrons d’Apple, de Uber ou d’AirBnb, des personnalités de premier plan. Cette initiative s’inscrit dans une démarche nationale plus vaste qui ambitionne
Axa se retire du tabac
L’assureur avait déjà supprimé ses investissements dans les industries liées au charbon, il annonce se retirer de l’industrie du tabac. Les participations d’Axa dans l’industrie du tabac représentent 1,8 milliards d’euros. L’assureur cèdera rapidement 200 millions d’euros d’actions qu’il détient dans des entreprises du tabac. Il laissera les obligations aller à leur terme. L’ensemble de ses participations devraient être soldées d’ici 2027. Cette décision est motivée, selon l’assureur, par une volonté de mise en cohérence de sa politique de prévention avec ses participations. Il s’agit également d’une opération de lobbying qui lui permet de montrer une démarche civique et éthique.