L’actu

Brèves de primaire(s)

Nos informations sur les coulisses des primaires à droite et à gauche.

L’appel à Nicolas Hulot

Une pétition lancée le 19 avril afin d’appeler Nicolas Hulot à se présenter en 2017 a recueilli en une semaine environ 42.000 signatures. Franck Pupunat, ancien membre du Parti Socialiste et co-fondateur du Parti de Gauche est l’initiateur de cette démarche. L’intéressé est également le fondateur et animateur du mouvement Utopia, association dont le but est « d’élaborer un projet de société fraternel, écologiquement soutenable et convivial dont l’objectif est le « bien vivre ». L’appel publié sur la plateforme change.org ambitionne de « désigner celui ou celle qui débloquera le champ politique, qui ouvrira la voie à une véritable transition économique, écologique et sociale et qui portera un nouveau projet de société ». Si Nicolas Hulot décidait d’être candidat, il serait donc vraisemblablement porteur d’un programme très ancré à gauche, ce qui correspond au positionnement devenu traditionnel des partis porteurs de la dimension environnementale. L’Express daté du 27 avril croit savoir que Nicolas Hulot et Jacques Attali envisageraient un initiative commune dans la perspective de la présidentielle. Un attelage dont le positionnement pourrait assez différent, voire divergent, de la gauche de la gauche.

La campagne souterraine

Tout le monde le sait. Détenir les clés du parti est un atout pour une campagne électorale. Nicolas Sarkozy en est parfaitement conscient et il profite à plein de son statut de président de LR (Les Républicains) pour préparer le lancement officiel de sa campagne pour la primaire de la droite. Les dédicaces de son ouvrage « La France pour la vie », dont le succès ne se dément pas, sont autant d’occasion de rencontrer militants et élus pour ce qui est en train de se transformer en une campagne qui ne porte pas son nom. Si l’ancien Président de la République persiste à ne pas se déclarer officiellement, il multiplie les déclarations sur le thème « le moment venu vous verrez ». Si l’officialisation de sa candidature ne devrait surprendre personne, la méthode qu’il utilisera pourrait créer l’évènement.

Fillon consulte les citoyens

La pré-campagne électorale fait une large place à la fameuse société civile qui essaie de s’imposer dans le débat sans y parvenir vraiment pour le moment. François Fillon a décidé de consulter assez largement les Français par le biais d’une campagne de mailing sur les grands thèmes de son programme. Première étape : la santé. Il vient d’adresser à des Français un questionnaire sur son programme en matière de santé. Lorsque que les « sondés » cliquent sur le mel ils sont redirigés vers le programme du candidat découpé en cinq parties et décliné autour de cinq typologies de bénéficiaires (patients, chercheurs, secteur public, libéraux, industriels). Efficace.

Macron fait face aux « anciens »

Avec la création de son mouvement « En marche ! », Emmanuel Macron s’est exposé comme jamais, même s’il refuse toujours de vraiment dévoiler ses intentions. Si la droite ricane et se gausse de sa démarche, la gauche n’est pas plus bienveillante à son égard. Normal, le ministre se revendique « ni de droite ni de gauche », un positionnement surprenant pour quelqu’un qui détient un portefeuille important dans l’équipe de François Hollande, l’économie. À son positionnement singulier, Emmanuel Macron ajoute le fait de n’avoir jamais été élu. Il estime d’ailleurs que l’étape de l’élection pour construire une carrière nationale est un peu ringarde. Les députés lui rendent la politesse et considèrent assez largement qu’il ne fait pas partie des leurs puisqu’il n’a jamais connu le combat de terrain et le goût amer de la défaite. De plus en plus, le jeune ministre se trouve isolé dans son propre camp qu’il a feint de déserter et dans celui qu’il tente de séduire. Bernard Tapie lui conseille, dans l’Express daté du 27 avril, de s’intéresser à la Maire de Marseille pour 2020.

Le chômage baisse

Mais que vient faire la baisse du chômage dans nos « Brèves de primaire(s) » ? François Hollande ayant fait de la baisse du chômage la condition à une candidature pour un second mandat, il nous a semblé naturel de suivre l’évolution du chômage dans cette rubrique spécifique. Et les nouvelles sont bonnes pour le Président de la République : pour la première fois depuis 2000, le chômage a baissé de 1,7% en mars. Il est prématuré d’évoquer un pari gagné tant les chiffres sont instables. En outre, lorsqu’on décortique le résultat de mars, on comprend que les radiations de Pôle Emploi ont fortement augmenté, on peut également s’interroger sur l’impact du plan de formation annoncé par le Chef de l’Etat. Enfin, on note une augmentation des chômeurs ayant eu une courte activité sur la période. Un étrange paradoxe quand la loi travail prévoit de surtaxer les CDD…

Fillon interactif

François Fillon innove dans la campagne pour la primaire de la droite, ce qui explique peut-être son envolée dans les sondages. L’ancien Premier ministre organise le 3 mai un meeting pour la présentation de son programme économique. Il en profitera pour sonder les participants en les invitant à voter pour ses propositions et à les hiérarchiser. Autre innovation : son meeting sera retransmis sur internet en direct.

La primaire « verrouillée »

En manque de visibilité, le candidat à la primaire de la droite, Geoffroy Didier, a dénoncé mardi 26 avril dans une interview au Parisien, « un processus verrouillé ». Il estime que les règles du jeu des parrainages sont trop contraignantes et n’ont pour seul objectif que d’éliminer les candidats du « renouveau » comme lui. Il critique une démarche qui privilégierait un « entre soi » visant à exclure les idées nouvelles. Le candidat fait « une proposition acceptable par tous », « une fois la barrière des vingt parlementaires franchie, on arrête de compter et on n’accepte plus les parrainages superflus ». Il cible ainsi les candidats de premier niveau, très soutenus par les parlementaires et qui alignent les parrains en nombre. Or, chaque parlementaire ne peut parrainer qu’un seul candidat, ainsi chaque signature donnée à un candidat est perdue pour les autres. Un casse-tête pour les « petits » candidats.

Copé ne décolle pas

Candidat à la primaire de la droite depuis plus de deux mois, Jean-François Copé fait partie des « poids lourds » de cette élection, or, il ne décolle pas dans les sondages qui le donnent à quasi-égalité avec les moins connus des autres candidats. Alors que se passe-t-il ? L’ancien patron de l’UMP paie-t-il sa lutte fratricide avec François Fillon ? Subit-il les effets désastreux des « affaires » qui plombent l’ancien parti de la droite, même s’il n’est pas mis en examen ? En tout cas, sa campagne de « droite décomplexée » semble pour le moment assez inaudible. Alors, le candidat multiplie les déplacements en province et les rencontres avec les militants, il aurait également recueilli les parrainages de parlementaires indispensables pour se présenter au premier tour de la primaire de la droite.

Sniper anti-FN

Maël de Calan fait partie de l’équipe d’Alain Juppé pour sa conquête de l’Elysée. Il publie « La vérité sur le programme du FN » (Plon), un ouvrage dans lequel il décortique les propositions de Marine Le Pen dans tous les domaines et leur oppose une analyse systématique. Le bilan est absolument destructeur pour la candidate du Front National dont le programme apparait comme irréaliste et motivé uniquement par la conquête du pouvoir. L’Express daté du 27 avril lui consacre sa une et un grand dossier intitulé « FN : comment le démolir ? ». Il s’agit d’un joli coup éditorial et de communication politique. En effet, en filigrane et à travers l’auteur, c’est Alain Juppé qui apparait comme le meilleur rempart au FN. Décidément cette première primaire de la droite est passionnante.

L’électorat PS déconnecté

La nouvelle vague de l’enquête « Fractures Françaises » publiée par Le Monde en partenariat avec Ipsos-Sopra Steria, Sciences Po et la Fondation Jean-Jaurès révèle une véritable déconnexion de l’électorat socialiste avec le monde politique. Ce décrochage est une source d’inquiétude supplémentaire pour le Président de la République dont le socle électoral est désormais, lui aussi, écoeuré par la politique. 65% des électeurs socialistes estiment que le système démocratique fonctionne plutôt mal en France et que leurs idées sont mal représentées. 60% des sympathisants (en hausse de 20 points) considèrent que les hommes politiques sont corrompus et 77% pensent que les hommes politiques agissent pour leur intérêt personnel. Le décrochage est donc massif et profond.

Dans le coeur d’Alain Juppé

Alain Juppé fait la course en tête dans les intentions de vote pour la primaire de la droite de novembre ainsi que pour la présidentielle de 2017. Il revient de loin, il fut un premier Ministre décrié et très impopulaire et l’homme est réputé froid et rigide. Le livre de Gaël Tchakaloff propose la découverte d’un autre personnage, attachant, plus « fun » que l’image qu’il offre.

Avec « Lapins et Merveilles » (Flammarion), Gaël Tchakaloff propose un ovni politico-littéraire, le livre est un « récit-enquête » utilisé par l’auteure comme une sorte de psychanalyse personnelle après le décès de sa mère avec laquelle elle avait une relation fusionnelle. Il faut donc accepter d’entrer dans cette galerie de portraits de la galaxie Juppé avec le parti-pris de l’auteure qui est au centre du jeu et qui nous fait partager ses pensées, ses ressentis et ses parallèles avec sa vie personnelle.

Une fois passée la surprise de la forme originale de l’ouvrage, on entre donc dans l’univers d’Alain Juppé. On découvre, au fil des pages, des collaborateurs et soutiens que Gaël Tchakaloff décrit de façon très directe, pas toujours à leur avantage mais on dépasse très largement le domaine des petites phrases traditionnelles dans ce genre de livre.

Les chapitres sont écrits autour des sphères qui évoluent autour d’Alain Juppé, y compris ses amis de la période d’étudiant avec qui il partage au moins un dîner ou un week end par an. Ces personnalités portent un regard sans far et franc sur l’ancien Premier ministre.

Les 18 mois d’immersion de l’auteure dans cette galaxie Juppéiste se retrouvent vraiment dans la découverte de son univers familial recomposé autour de deux épouses, très différentes l’une de l’autre, toutes deux très amoureuses. Ses relations avec son fils et sa fille sont particulièrement éclairantes sur un homme dont certaines fêlures ne se révèlent que dans le cercle intime.

Il ressort de cet ouvrage, très réussit, et qui se lit d’une traite, qu’Alain Juppé est vraiment déterminé à aller au bout de sa démarche présidentielle. Ceux qui en douteraient encore devraient se raviser rapidement. Il n’aurait pas autorisé ce travail dans le cas contraire.

Il parait que ses collaborateurs sont ravis du résultat. Le côté un peu foutraque de l’organisation de son équipe de campagne rassure paradoxalement. En revanche, les portraits de certains membres de son entourage inquiètent un peu. Ce sera d’ailleurs l’un des enjeux de cette élection dans le climat actuel de rejet du politique : souhaite-t-on élire un Président accompagné d’un entourage qui apparait si fermé et, au final, assez peu sympathique ?

La question semble un peu futile au regard des multiples enjeux du rendez-vous présidentiel. Néanmoins, le livre de Gaël Tchakaloff la pose indirectement et probablement involontairement. Les sondages et de multiples initiatives montrent que les Français attendent une autre façon de faire de la politique. Celle qui est décrite dans cet ouvrage apparait très traditionnelle du côté de l’entourage du candidat.

« Lapins et merveilles », Gaël Tchakaloff, Flammarion.

Lobbying : des conseils pour les entrepreneurs

L’élection présidentielle de 2017 n’a jamais été si proche. Les équipes de campagne sont en place, elles fourbissent leurs armes et les programmes sont en cours de constitution.

Sountsou publie « 10 conseils pour faire entendre la voix des entrepreneurs », dans la collection Les Cahiers Experts. Un guide de lobbying gratuit et plein d’exemples concrets pour aider les entreprises à peser dans les réformes de 2017.

Téléchargez l’ouvrage ici demandez-nous la version papier par mel.

 

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Faire face au lobbying anti-entreprise

« Lobby or not lobby », l’émission sur l’influence de la Radio des Entreprises (RDE) animée par le journaliste Simon Janvier avec Mathieu Quétel, président de Sountsou, consacre son nouveau numéro au lobbying anti-entreprise qui règne en ce moment en France.

Il est sournois, rampant, il irrigue les émissions, les films et téléfilms ainsi que les réseaux sociaux et la presse, le lobbying anti-entreprise est partout. Les manifestations anti-loi travail, le mouvement Nuit Debout en sont deux exemples dont certains slogans montrent à quel point l’entreprise reste clivante et source de tensions pour certains. Alors que faire ?

Simon Janvier et Mathieu Quétel dressent un état de la situation et proposent des pistes d’action pour que le monde de l’entreprise, par nature assez silencieux, puisse enfin se faire entendre.

L’émission peut-être écoutée ici.

Ras-le-bol du lobbying anti-entreprise !

 

Cette tribune a été publiée dans Le Cercle Les Échos.

Les entreprises sont victimes d’un lobbying anti-entrepreneurial rampant, sournois et dévastateur dont l’ensemble de notre économie paie les effets.  

L’accueil de Pierre Gattaz, président du Medef, lors de l’émission On n’est pas couché sur France 2, par une horde de manifestants issus du mouvement Nuit Debout, n’est que le reflet de l’ambiance anti-entreprise qui règne dans ce pays.

Les manifestants portaient samedi soir des masques représentant des hommes politiques, dont certains sont mêlés à des affaires. Même si ces derniers bénéficient bien entendu de la présomption d’innocence, on voit bien que l’objectif des agitateurs de plateau était de créer un raccourcit entre Pierre Gattaz, présenté comme le représentant des entreprises, et ces responsables afin de les confondre dans le même « Tous pourris » à la mode.

Un lobbying anti-entreprise systématique

Les manifestations autour de la loi travail ont été lancées autour des assouplissements pro-entreprises que le texte était censé poser. Ainsi, les animateurs du mouvement ont cristallisé leur action contre l’entreprise, d’abord avec la pétition de Caroline de Haas, puis avec les manifestations initiées par l’UNEF, enfin par les Nuits Debout. L’entreprise est devenue le bouc émissaire de revendications multiples dont, au final, très peu la concernent directement.

Qu’il y ait des raisons d’être inquiets face à la situation économique voir aux incertitudes de l’avenir, certainement. Mais est-ce le monde de l’entreprise qui creuse le déficit de la France ? Est-ce le monde de l’entreprise qui est responsable de notre incapacité à accrocher la croissance ? Les entrepreneurs sont-ils responsables du record européen de fiscalité qui pèse sur les Français ? Les chefs d’entreprise sont-ils à l’initiative des lourdeurs administratives, réglementaires, fiscales qui rongent notre économie ?

Ce mouvement est une sorte de catharsis autour d’une anxiété collective qui trouve ses sources dans le rejet d’un quinquennat décevant ainsi que dans les craintes suscitées par un avenir incertain qui verra sans doute s’imposer de nouvelles formes de travail. Néanmoins, pendant que quelques milliers de personnes manifestent, que des agitateurs envahissent un plateau et que quelques autres occupent les tribunes médiatiques, des millions de Français travaillent, créent de la richesse, réalisent leur passion. Nuit Debout n’est pas la France. Nous sommes victimes d’un lobbying anti-entreprise systématique et porté par des politiques irresponsables, dont certains sont au pouvoir.

C’est Gavroche dans la rue, les Ténardiers au Medef !

C’est la représentation de l’entreprise et de l’entrepreneur qui est sans cesse caricaturée et déformée. Par nos politiques d’abord, sur le projet de loi travail ce sont bien les entreprises qui sont l’élément clivant du texte. Dans toutes les manifestations, ce sont les « patrons » qui sont montrés du doigt, désignés comme des exploiteurs dont le seul objectif serait de licencier. Le terme « patron » est presque devenu une insulte dans ce pays. L’un des slogan phare des manifestations est « Nous ne sommes pas de la chair à patron ». Voir des jeunes qui n’ont jamais mis les pieds dans une entreprise, être si virulents à l’égard de l’entrepreneuriat, c’est à la fois triste et mortifère. Comme si nous étions aux balbutiements de la Révolution industrielle. C’est Gavroche dans la rue, les Ténardiers au Medef ! Incroyable.

Les principaux responsables de cette situation délétère sont les politiques qui utilisent systématiquement les entreprises comme bouc émissaires de leur incapacité à réformer et de leur manque de courage. L’émission Dialogues Citoyens, sur France 2, jeudi dernier, a été l’occasion pour le Président de la République de tenter de renouer avec son électorat, une fois de plus sur le dos des « patrons ». Son échange avec la fondatrice de Envie de fraise, Anne-Laure Constanza a montré la capacité des politiques, y compris au sommet de l’Etat, à utiliser l’entreprise comme faire-valoir. À ce titre les extraits des déclarations de Messieurs Macron, Valls et Hollande qui déclaraient leur « amour » pour l’entreprise étaient bien cruelles.

À une question très concrète de la cheffe d’entreprise sur le temps partiel et la taxation des CDD, il a répondu sans craindre la caricature « vous voyez bien que, dans une société, on ne peut pas  embaucher des personnes, et chacun le comprendra, pour quelques heures », sur les stagiaires « on le sait bien, il y avait des abus, des entreprises embauchaient des stagiaires pour ne pas embaucher, même à temps partiel, des CDD ou des CDI ». Le chef de l’Etat a ainsi judicieusement martelé, tout au long de l’émission que la loi El Khomri visait à aider les salariés. Sans convaincre ni les salariés, ni les entrepreneurs.

C’est tout le paradoxe de la situation, à force de caricaturer le monde de l’entreprise, les politiques ne parviennent plus à réformer, leurs électeurs les renvoient à leurs propres contradictions. Ils paient le prix de leurs promesses. Leurs multiples déclarations à l’emporte pièce pour remporter l’élection explosent face à la réalité et leur reviennent en boomerang.

Il est indispensable que ce lobbying anti-entreprise soit combattu par les politiques eux-mêmes. La campagne présidentielle pourrait être l’occasion d’envisager le monde de l’entreprise dans une approche plus apaisée et de proposer des réformes qui soient réellement mises en œuvre. Il est indispensable que les entrepreneurs prennent toute leur part au débat. Eux aussi devraient se mobiliser.

Mathieu Quétel, président de Sountsou – Affaires Publiques