L’actu

Brèves de primaire(s)

Nos informations sur les coulisses des primaires à droite et à gauche.

Juppé à net ouvert

Un mel adressé à tous les contacts d’Alain Juppé et signé Gilles Boyer, les invite à raconter leur première rencontre avec l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac. Le favori des sondages invite les Français à raconter leur histoire personnelle avec lui, une façon de profiter de sa longue expérience pour la transformer en une relation particulière avec les Français, un moyen également d’humaniser un homme politique qui est toujours apparu raide, un peu trop « droit dans ses bottes ». Les meilleurs témoignages seront publiés sur le blog de campagne du candidat à la primaire de la droite.

Fillon et la société civile

François Fillon est en pleine révolution personnelle. L’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy apparait transfiguré. L’Express daté du 20 avril livre un « exclusif » dans lequel le candidat à la primaire explique qu’il privilégiera des ministres issus de la société civile s’il est élu Président de la République. Il estime, en effet, que les non-politiques ont réussi de belles choses à la tête de ministères, il convient néanmoins qu’ils sont souvent victimes de votes de défiance au Parlement et qu’il sera donc nécessaire de les « protéger ». François Fillon organise le 3 mai, à Issy-Les-Moulineaux, un « rassemblement pour le plein emploi » qui réunira des chefs d’entreprise et des économistes mais pas de personnalités politiques. Un signe ?

Macron avec Jeanne D’Arc

Le 8 mai Orléans fêtera Jeanne D’Arc, comme chaque année. Le maire Les Républicain de la cité, Olivier Carré, a choisi Emmanuel Macron, ministre de l’Économie, comme invité principal de la fête qui animera les rues de la ville tout au long le journée. Un choix pour le moins surprenant qui n’a pas manqué de susciter de multiples réactions courroucées au sein de la gauche locale. Emmanuel Macron succédera à Audrey Pulvar (2014) et Stéphane Bern (2015), ce choix n’est donc pas anodin puisque l’invité d’honneur de ces fêtes très populaires passe de la planète people à la sphère politique… Le Député-Maire d’Orléans a précisé qu’il avait invité Emmanuel Macron dès le mois de février, donc bien avant le lancement de son mouvement En Marche !.

Mélenchon pointe son nez

François Hollande décroche fortement dans les intentions de vote. Tous les regards à gauche se tournent vers Emmanuel Macron ou cherchent une Martine Aubry comme ultime recours. C’est en fait à la gauche de la gauche que cela bouge, Jean-Luc Mélenchon poursuit sa montée en puissance, lentement mais sûrement. Les intentions de vote le donnent autour de 11% voire 16%, il talonne désormais François Hollande, parfois à seulement un point de lui. Les sondages sont-ils l’annonce d’une recomposition à gauche, peut-être plus rapide qu’attendue ? En tout cas, frondeurs du PS et ultras de la gauche ont un « homme providence », il suffirait désormais d’accepter de se retrouver autour de lui. Si la présidentielle semble, à ce stade, hors de portée, les législatives pourraient constituer un objectif  même si le mode de scrutin reste complexe pour les petites formations.

Chasse aux parrainages

Dans une primaire, il ne suffit pas d’être candidat. L’ouverture du site réservé aux parrains des candidats de la droite ouvre le 23 avril, les parlementaires et élus devront alors charger un bulletin et choisir le candidat à qui ils souhaitent donner leur parrainage pour les scrutins des 20 et 27 novembre. Le Parisien révèle que certains rencontreraient de sérieuses difficultés à réunir les précieux laissez-passer, même Jean-François Copé serait en difficulté, comme Nadine Morano et Hervé Mariton. Seuls les quatre principaux seraient assurés d’être dans la course. Quant aux autres… Il est nécessaire pour se présenter à la primaire de la droite de recueillir les parrainages de 25 parlementaires, 250 élus issus de 30 départements différents et 2500 adhérents à jour de cotisation. Jean-Frédéric Poisson, membre du Parti Chrétien-Démocrate de Christine Boutin, inconnu de tous est assuré d’être dans le match, en effet, les formations affiliées à LR sont dispensées de passer par le sas des parrainages…

Les Français et « leur » primaire

Corinne Le Page a annoncé, mardi 19 avril, que l’appel pour l’organisation d’une « primaire des Français » a recueilli en une semaine 45.000 signatures. Interrogée par Jean-Jacques Bourdin sur RMC-BFMTV elle a rappelé le souhait de plusieurs organisations de proposer aux Français une autre primaire « transpartisane » avec des personnalités issues de la société civile et non professionnelles de la politique. L’objectif est de recueillir 500.000 signatures.

Les chiffres de la semaine

300

L’OCDE vient de publier un rapport qui met en lumière le poids économique de la contrefaçon et des produits piratés. Avec 300 milliards d’euros, leurs échanges ont représenté en 2013, selon ce rapport, 2,5% du commerce mondial. La Chine reste le premier fournisseur des contrefaçons, 60% des produits saisis entre 2011 et 2013 étaient d’origine chinoise, la Turquie avec 3,3% des produits saisis est donc largement distancée. Internet est un outil extraordinaire pour le développement du business des contrefacteurs qui privilégient l’envoi de leurs produits piratés par la poste. Les Etats-Unis sont les premières victimes, ils devancent l’Italie et la France. Les produits contrefaits sont divers, l’électronique le luxe, les médicaments, les cigarettes mais également les aliments sont touchés.

8,99

Netflix l’avait prévu, Amazon lui déclare la guerre. Le géant américain lance aux Etats-Unis son offre de streaming Prime video à 8,99 dollars par mois, soit un dollar de moins que Netflix. Certes, Netflix propose une offre basique à 7,99 dollars mais sans la HD et, surtout, le mode offline, proposé par Amazon. La compagnie de Jeff Bezos a investit 3 milliards de dollars dans les contenus en 2015 contre 4 milliards pour Netflix. Les offres sur internet se multiplient et viennent de plus en plus concurrencer les acteurs traditionnels de la télévision.

3

Google affirme avoir reversé 3 milliards de dollars à l’industrie musicale en dix ans. Insuffisant lui rétorque Bruxelles qui enjoint You Tube de mieux rémunérer les acteurs de la filière. La plateforme s’est imposée comme la première offre musicale au monde mais elle ne rémunère pas assez les ayants droits du disque qui finissent par s’agacer. En effet, les offres de streaming sont en pleine expansion et, désormais, les industriels du disque peuvent comparer ce que leur rapporte leurs 68 millions d’abonnés payants à travers le monde avec les revenus provenant du milliard de visiteurs de You Tube. Or, le compte n’y est pas. C’est en tout cas ce que relève le commissaire européen chargé du marché unique numérique. La Commission devrait rendre public d’ici le mois de juin son projet pour les nouvelles règles européennes et elle devrait également proposer de légiférer d’ici la fin de l’année.

59

Un sondage européen inédit réalisé par TNS révèle que 59% des Français ne sont pas pour le Brexit, c’est à dire le fait que le Royaume-Uni quitte l’Europe. Réalisé dans 5 pays européens ce sondage montre également que tous les européens restent attachés à une Europe unie : 78% des Allemands, 67% des Espagnol et 54% des Polonais. On est moins surpris d’apprendre que, finalement, c’est en Grande-Bretagne que les pro et anti européens se talonnent le plus : 38% des Anglais souhaitent rester dans l’Europe, 34% sont contre, les 28% d’indécis devraient trancher lors du référendum prévu pour le 23 juin. Cette enquête est réalisée pour Le Figaro-LCI-RTL par TNS (source Le Figaro du 20 avril 2016).

3

Medef durcit le ton sur la loi travail. Pierre Gattaz vient d’adresser au gouvernement un ultimatum pour dire le ras-le-bol des chefs d’entreprise face au durcissement du texte avant son passage au Parlement. Lors de sa conférence de presse du mardi 19 avril, Pierre Gattaz a donc donné trois semaines au gouvernement pour proposer un texte plus attentif aux préoccupations du monde de l’entreprise. Si le texte n’est pas remis à plat d’ici le 9 mai, alors le Medef pourrait appeler au retrait pur et simple du texte de Madame El Khomri. La nouvelle posture de Pierre Gattaz fait écho aux fortes tensions qui traversent l’organisation patronale, sa base supporte de plus en plus difficilement les stigmatisations dont elle s’estime victime.

1,5

L’association pour une démocratie directe estime que l’indemnité représentative des frais de mandat (IRFM) des parlementaires et les indemnités versées aux parlementaires ayant des fonctions spéciales dans les Assemblées seraient illégales. Elle a donc adressé un courrier au président de l’Assemblée Nationale et à celui du Sénat pour réclamer rien de moins que leur suppression. Certains journaux n’ont pas hésité à faire leurs titres sur cette « affaire » en calculant que 1,5 millions d’euros seraient ainsi illégitimement perçus par les parlementaires chaque année. C’est aller vite en besogne. La situation est moins tranchée, en effet, si les bases juridiques de ces indemnités ne sont pas forcément posées clairement, celles-ci ne sont pas pour autant interdites. En tout état de cause, le coût de notre démocratie est une nouvelle fois posé, la polémique montre également à quel point la défiance à l’égard du politique est grande. Ce n’est pas une bonne chose pour le fonctionnement de nos institutions.

Qu’est-ce que le lobbying ?

Découvrez ce que le lobbying peut apporter à votre entreprise ou votre Fédération professionnelle en écoutant l’émission « La vie des entreprises » diffusée sur Lyon Première. Mathieu Quétel, président de Sountsou, répond aux questions de Gérald Bouchon.

Le podcast est à écouter ici.

Audiovisuel : un capharnaüm législatif insoutenable

Cette tribune a été publiée dans La Lettre Pro de la Radio.

Cette année 2016 est funeste pour la régulation audiovisuelle en France. Les évènements se suivent et convergent tous vers la même conclusion : la loi de 1986, malgré ses multiples amendements, est désormais obsolète.

Une décision d’une inédite sévérité

L’affaire Numéro 23, si elle laisse des « sentiments de stupeur et de consternation » aux membres du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), selon les termes de son président, Olivier Schrameck, vire surtout au rocambolesque.

Le mercredi 14 octobre 2015, après de longs mois d’instruction marqués par de multiples rebondissements, le CSA publie une décision d’une inédite sévérité à l’encontre de Numéro 23, dont il abroge la fréquence avec effet au 30 juin 2016. Les motivations de l’Autorité de régulation sont claires et précises, elles relèvent notamment que l’actionnaire majoritaire de Numéro 23 a « cherché avant tout à valoriser à son profit l’autorisation obtenue, dans la perspective d’une cession rapide » et poursuit une « telle démarche était constitutive d’un abus de droit entaché de fraude, en contradiction avec la finalité poursuivie par le législateur. »

Le Conseil d’Etat retoque sèchement le CSA

Le mercredi 30 mars 2016, Le Conseil d’Etat annule la décision du CSA et motive sèchement son arrêt : « L’existence de la fraude à la loi invoquée pour justifier le retrait de l’autorisation n’est pas démontrée ». Il s’agit du second revers de taille subit par le CSA en quelques mois après l’annulation de sa décision sur le refus de passer LCI sur la TNT gratuite. Il avait également été rudement secoué en 2015 lors de la crise à Radio France puis par la polémique autour de la nomination de Delphine Ernotte à la présidence de France Télévision.

Le mardi 12 avril 2016, logiquement et sereinement, Pascal Houzelot, le dirigeant de Numéro 23 annonce, dans une interview dans le journal Le Monde, qu’il s’allie avec le groupe du dynamique Alain Weill et que NextRadioTV entre à hauteur de 39% dans son capital. Leur accord prévoit même que Monsieur Houzelot puisse céder 100% de son capital, tout de même sous réserve de l’accord du CSA, entre 2017 et 2020.

Un secteur audiovisuel balloté par le bon vouloir politique

Numéro 23 n’est pas le seul sujet audiovisuel chaud du moment. Les modifications portées au dispositif des quotas radiophoniques dans le cadre de la loi « création, patrimoine, architecture » constituent une mise en danger de plus des radios face aux nouveaux acteurs du numérique, qui évoluent dans un environnement totalement dérégulé. Que dire de la décision du gouvernement d’ouvrir la publicité aux principales antennes de Radio France prise par décret le lundi 4 avril dans un contexte économique déjà difficile pour le secteur radiophonique ? Du côté des chaines de télévision, le bilan n’est pas meilleur, elles ne peuvent toujours pas diffuser de films quand elles le souhaitent, quant aux règles de production, par exemple, elles relèvent de règles posées au siècle dernier.

La régulation pratiquée par le CSA au quotidien sur les éditeurs n’est pas exempte de critiques. Elle apparaît souvent décalée par rapport aux enjeux, parfois tatillonne et manquant de pragmatisme. L’Autorité de régulation souffre également d’un manque de vision macro-économique sur les évolutions du paysage audiovisuel qui met certains de ses acteurs en situation de risque pour l’avenir.

Les éditeurs de radios et de télévisions sont donc ballotés entre des règles qui restent figées dans le passé, d’autres, qui évoluent au bon vouloir de telle ou telle décision politique, et une régulation un peu désuète.

Capharnaüm législatif et réglementaire

La loi de 1986 pose les règles de fonctionnement de l’audiovisuel en France. En trente ans, elle a subit de multiples amendements « à la volée », généralement en réaction à une actualité. Elle n’a jamais bénéficié d’une véritable refonte qui tiendrait compte des évolutions concurrentielles ou technologiques dont l’avènement du numérique et de ses nouveaux acteurs n’est pas la moindre.

À la suite du revers sur Numéro 23, nous assistons à un véritable capharnaüm législatif et réglementaire où gouvernement, sénateurs et députés se disputent les amendements et réformettes les plus innovants : retrait d’autorisation en cas de non-respect des obligations contractuelles à l’égard des diffuseurs, augmentation du taux de taxe sur les cessions de fréquence basé sur la durée de détention, taxation des plus-values de cession dans l’audiovisuel, mise en place d’une période probatoire, etc. Loi de finances, proposition de loi « liberté, indépendance et pluralisme des médias », projet de loi « création, architecture, patrimoine », tous les véhicules législatifs sont utilisés dans une démarche franchement brouillonne et qui ne fait que créer plus de lourdeurs et d’obligations sur le secteur audiovisuel.

Si le constat, partagé par tous les acteurs, est que la loi de 1986 amendée atteint ses limites, le moment est sans doute venu d’imaginer une véritable grande loi sur l’audiovisuel afin de moderniser les différentes règles qui pèsent sur le secteur et qui ont été posées, pour la plupart, avant la révolution numérique. Si aucune initiative, autre que cosmétique et de marketing politique n’est rapidement prise, le résultat sera une multiplication des dérives et la voie sera ouverte à une dérégulation massive. Ce sont les acteurs les plus faibles, les moins consolidés qui en paieront le prix fort.

Mathieu Quétel, président de Sountsou – Affaires Publiques

Quand le « tous nuls » rejoint le « tous pourris »

C’est la fête aux politiques ! Pas un édito, pas un commentaire, pas une émission où les élus ne soient mis en cause, accusés de tous les maux, éloignés du peuple, incapables de comprendre le quotidien de leurs concitoyens, déconnectés des réalités, la « vraie vie » ne les concerneraient plus… Il étaient « pourris », ils sont en plus « tous nuls », et nous ?

Dans mes différentes activités et responsabilités d’entrepreneur, d’élu, de responsable de syndicat patronal, j’ai eu à affronter ces phrases : « tous pourris », « les politicards »… Certains de mes interlocuteurs n’hésitaient pas à me qualifier de « politicien » au prétexte que je tentais de défendre ceux qui prennent en mains la gestion de notre vie collective, ou simplement parce que, brièvement, j’avais été élu. C’est dire si ces « brèves de comptoir » me sont familières.

Les Français sont ulcérés. Tous ne partagent pas les mêmes motivations mais nombreux sont ceux à en vouloir à leurs dirigeants, à leur reprocher la situation économique désastreuse et le chômage qui ne cesse de gangréner notre société.

Les entrepreneurs sont également en colère. Ils ont raison. Les promesses de réformes ne sont pas tenues, les entreprises sont utilisées comme bouc-émissaires faciles et le ratage monumental de la loi travail ne fait que confirmer cette situation désespérante.

Les initiatives « citoyennes » pullulent. Un ministre en poste lance un mouvement « citoyen et transpolitique », comme s’il n’était pas lui-même déjà au pouvoir, des micromouvements espèrent une primaire citoyenne (voir nos Brèves de primaire(s)), leurs premières déclarations publiques sont d’un populisme qui manque de nouveauté, quelques Français font des nuits blanches « debout » à réfléchir, partager pour changer le monde, mais semblent endormis le jour venu…

Bref, ça râle de partout, nous revendiquons, espérons, sommes devenus les rois du « il faut que », « on devrait », mais dès qu’il faut passer à l’action concrète, il n’y a plus grand monde et les initiatives constructives sont peu nombreuses.

Ceux qui proposent des pistes de réflexion, des réformes parfois radicales, à l’instar de Robin Rivaton, Gaspard Koenig, Jacques Attali ou Hervé Novelli s’exposent aux critiques. Néanmoins, ils sont dans l’action. Ils sont dans le vrai. L’incantation ne sert à rien sinon à se soulager un peu de cette colère qui rode. Les Français ont certes besoin de se faire du bien, de trouver des responsables aux conséquences de leurs inconséquences, alors cibler les politiques, les enfourner tous dans le même sac est facile et pratique, un peu comme aller chez Ikéa.

Nous sommes dans une année pré-électorale. C’est maintenant que les réformes se préparent, au lieu de feindre la révolte, de se réfugier dans la colère, les entrepreneurs, en particulier, devraient se mobiliser, travailler à des propositions et s’organiser pour qu’au lendemain des élections, les promesses se transforment en réformes concrètes.

Les politiques ne sont ni « tous pourris », ni « tous nuls ». Ils sont humains, ils doivent faire face à des électeurs de plus en plus consommateurs, de moins en moins acteurs. Les Français sont prêts pour les réformes à condition que celles-ci ne remettent surtout pas en question leur confort individuel. Cette condition est compréhensible mais destructrice.

Alors nous devons aider les politiques à avoir du courage, les accompagner dans la mise en oeuvre des réformes. C’est une responsabilité concrète qui pèse sur les entrepreneurs pour 2017. À eux de la saisir et de s’engager.

Mathieu Quétel, président de Sountsou