L’actu

Une semaine agitée…

Entre le choc fiscal, le chômage qui est loin de se calmer, la sanction américaine vis à vis du Crédit Agricole, les inquiétudes de NextradioTV, la fronde des chauffeurs d’Uber, la semaine apparait bien agitée, heureusement BpiFrance et une jeune start-up nous apportent un peu de « business-baume »

9,6

L’Unedic le confirme : il ne faudra pas s’attendre à une baisse du chômage en 2015 mais seulement en 2016 avec un recul attendu de l’ordre de 0,4%, le taux de chômage passerait de 10% en 2015 à 9,6% à fin 2016. On est loin des prévisions quasi-euphoriques du début d’année qui annonçaient une rentrée spectaculaire pour la reprise et la création d’emplois. Néanmoins, l’Unedic prévoit une évolution plus dynamique de la masse salariale à 1,7%, ce qui devrait limiter les effets néfastes dans ses comptes du non recul du chômage. Néanmoins, la dette de l’Unedic atteindra 25,7 milliards d’euros à la fin de l’année et devrait encore augmenter de près de quatre milliards à fin 2016.

17,5

Le groupe NextradioTV auditionné par le CSA dans le cadre de l’étude du passage sur la TNT gratuite de LCI a estimé qu’une baisse de 0,5 point d’audience pour sa chaîne d’information BFM TV représenterait jusqu’à 17,5 millions d’euros de chiffre d’affaires en moins et entrainerait donc des conséquences pour le groupe d’Alain Weill. Celui-ci envisagerait alors de réduire ses effectifs d’une centaine de personnes, soit un quart de ses équipes. Nextradio TV connait un automne compliqué avec la perte de Numéro 23 et ce retour d’actualité pour LCI en gratuit mais son parcours boursier reste toujours si dynamique, preuve que le marché ne semble pas très inquiet pour son avenir. Il est vrai que son rapprochement avec le géant Numéricâble-SFR le fait entrer dans la cour des poids lourds.

100

Le projet de loi de finances pour 2016 prévoit 100 millions de taxes supplémentaires pour les opérateurs de télécoms qui sont donc très en colère et dénoncent le manque de cohérence gouvernemental. Le gouvernement leur demande en effet d’amplifier leurs investissements en infrastructures et, concomitamment, augmente significativement les taxes qui pèsent sur leur activité. Le principal bénéficiaire sera le service public de télévision puisque le passage de 0,9 à 1,3 de la taxe Copé sur le chiffre d’affaires des opérateurs devrait permettre à France Télévisions de renouer plus rapidement avec l’équilibre tout en pesant moins sur le finances de l’État.

694

On est loin de la sanction record infligée à BNP Paribas en 2014 d’un montant de 6,5 milliards d’euros, puisque le Crédit Agricole écope d’une sanction financière de 694 millions d’euros. Les deux banques étaient accusées par les autorités fédérales américaines d’avoir violé l’embargo imposé vers les pays soupçonnés de terrorisme ou de génocide. Cette sanction est le résultat d’un accord négocié avec les autorités américaines qui accusaient la banque d’avoir participé à des transactions vers la Birmanie, l’Iran, le Soudan ou Cuba pour un montant total de 32 milliards entre 2003 et 2008, le problème est que ces mouvements s’effectuaient en dollars et tombent donc sous le coup de la justice américaine. Le Crédit Agricole devrait également être soumis pendant une période de trois ans à des contrôles plus contraignants et à une surveillance particulière, ce qui ne devrait pas l’empêcher de conserver une activité normale aux Etats Unis.

200

BPI France accélère dans le domaine du conseil et de l’accompagnement stratégique pour les patrons de PME. Ainsi, 200 entreprises bénéficient en 2015 de son dispositif Initiative Conseil qui permet aux dirigeants de bénéficier d’un accompagnement stratégique co-financé à hauteur de 50% par la banque. Dans le cas ou l’audit réalisé préconiserait d’engager une croissance externe, alors BPI France propose une palette de services pour accompagner le dirigeant d’entreprise dans sa démarche, dont un accompagnement spécifique auprès des banques régionales.

10

La start-up Lunettes pour tous dépoussière et bouscule le marché de l’optique. Elle propose des lunettes à verres simples à partir de 10 € et à verres progressifs dès 30 €. Créée en avril 2014, avec le soutien de Xavier Niel, elle représente déjà 1% du marché français de la lunette. Il faut dire que, malgré la loi Hamon, les tarifs dans les magasins d’optique traditionnels restent élevés, il faut en effet compter en moyenne 384 € pour des verres simples et 589 euros pour des verres progressifs.

58

À défaut de choc de simplification, les ménages français ont subit un véritable choc fiscal puisque le montant global des impôts s’est alourdit de 58 milliards d’euros en 6 ans, selon l’institut Ceo-Rexecode. Son étude a de quoi refroidir les espoirs des plus optimistes et ramène tout le monde à la réalité et peut-être les politiques à la raison : entre 2011 et 2013 l’alourdissement de la fiscalité a été de 74,4 milliards d’euros supporté à 44% par les entreprises et à 56% par les ménages. En 2016, la note globale devrait être ramenée à 67,6 milliards après le léger changement de cap engagé par le gouvernement. Les mesures en faveur des entreprises permettront de ramener le surpoids de la fiscalité qu’elle ont à supporter à 9,6 milliards en 2016, quand les ménages continueront de supporter une surcharge fiscale de 58 milliards d’euros à fin 2016 !

7

Les chauffeurs de Uber contre-attaquent et créent leur propre application. L’annonce d’une baisse de ses tarifs de 20% a mis en colère les chauffeurs indépendants qui utilisent Uber pour trouver de la clientèle, cette décision les met en situation de risque par rapport aux charges qui pèsent sur leur activité face à un chiffre d’affaires qui devrait baisser. Ce qui n’est pas l’analyse d’Uber qui considère que cette baisse de tarif n’aura pour seule conséquence que d’augmenter le nombre de courses tout en diminuant les périodes pendant lesquelles les véhicules sont à vide. Selon France Info, 300 chauffeurs auraient lancé un test avec une application concurrente à celle d’Uber « Vtc Cab » qu’ils financeraient eux-mêmes. Leur objectif est d’adopter un fonctionnement avec un prélèvement de commission ramené à 7% contre 20% avec Uber. Si cette annonce apparait crédible, le succès de Vtc Cab est loin d’être acquis, les applications sont déjà nombreuses sur le marché et il semble plus facile de se différencier par des services en direction de la clientèle plutôt qu’à partir d’une différence de commission. D’ailleurs, la grogne des chauffeurs devrait profiter aux autres applications qui devraient accueillir de plus en plus de chauffeurs, mais cela ne fait pas forcément partie de leur stratégie commerciale, puisque certaines ont fait le choix de la qualité du service et de prestations plus haut de gamme à l’image de Drive.

10

Les salariés du privé qui cotisent à l’Agirc-Arrco devront travailler un an de plus à partir de 2019 pour toucher une pension complète. Dans le cas contraire ils se verront appliquer un malus temporaire de 10% par an pendant trois ans sur leur pension complémentaire. Cet accord de principe signé entre les partenaires sociaux prévoit également un système de bonus pour les salariés du privé qui travailleront deux ans, trois ans ou quatre ans de plus, ils vont bénéficier d’une surcôte de 10%, 20% ou 30%.

5,8

C’est en milliards d’euros le montant global que pourraient atteindre les fonds levés à la bourse de Paris en 2015, selon Les Échos. Au cours du premier semestre, 3,2 milliards d’euros ont déjà été levés par les entreprises qui se sont introduites en Bourse. Oberthur Technologies (cartes à puces) et showroomprivé.com ont officiellement lancé leur processus d’IPO ces deniers jours. Néanmoins, la situation n’est pas au beau fixe puisque le troisième trimestre a été catastrophique à cause de la crise chinoise. Les différents événements géopolitiques n’incitent pas à envisager sereinement des introductions en ce moment, car les marchés sont devenus volatiles. La Bourse de Paris espère donc réitérer de justesse les 5,9 milliards d’euros levés au cours de l’année 2014, mais rien n’est moins sûr. Ce résultat lui permettrait de monter sur le podium des meilleures Bourses en Europe, dans le cas contraire…

Une République trouble

Marc Baudriller, responsable de la rubrique médias du magazine Challenges, publie chez Taillandier « Une histoire trouble de la Vème République », un livre passionnant qui nous propose un voyage au coeur des affaires qui ont ponctué ces cinquante dernières années et qui ne sont sans doute pas sans rapport avec le désarroi actuel des Français.

L’auteur met en exergue la situation de la presse française et son affaiblissement sans précédent à la sortie de la seconde guerre mondiale, il pointe également le rôle déterminant du Canard Enchaîné dans l’affaire des diamants en 1979. Surtout, il souligne l’explosion des affaires à partir des années 80 et regrette « Les dénombrer avec précisions paraît difficile. L’exercice imposerait de faire la part des « petites » et des grandes affaires sur des critères subjectifs ». Alors, l’auteur fait le choix de décrypter quelques affaires emblématiques de la droite, de la gauche ou simplement de leur époque, sans prétendre être exhaustif, simplement un témoin passionnant et captivant de notre histoire contemporaine.

Cet ouvrage peut sembler dérangeant puisqu’il fait le choix de décrire « le poison des affaires » de notre République, qui prétend être si parfaite. Il est en réalité salvateur en ce qu’il montre les dessous d’une démocratie qui, parfois, pour se protéger, utilise des méthodes douteuses qu’il convient de ne pas oublier. Il décrit les dérives d’un pouvoir aux abois, acculé, qui en est réduit à mettre sur écoute un journal jugé dangereux. Il nous rappelle ces présidents de la République qui échappent, souvent, aux affaires qui émaillent leur mandat et touchent tant de leurs proches.

Pour qui s’intéresse à la politique, cette « histoire trouble de la Vème République » est à lire absolument.

« Recommencez ! » : l’insondable irresponsabilité

Les violences sur des cadres d’Air France à l’issue du CCE du 5 octobre continuent de créer la polémique. La semaine dernière a encore été ponctuée de divers événements qui traduisent un peu plus les vieux relents des détracteurs de l’entreprise.

Les images de ces échauffourées ont fait le tour du monde, elles affaiblissent un peu plus la réputation de la compagnie et de notre pays. Certains tentent d’en nier les effets désastreux pour mieux les revendiquer et les transformer en symbole de la lutte des classes et de la « cruauté du monde économique ». L’idée consiste à mettre en avant la violence que constituent les plans sociaux à l’égard des salariés. L’immense impact du chômage dans la vie de ceux qui y sont confrontés, est incontestable, loin de moi l’idée de prétendre le contraire, néanmoins, doit-on se résoudre à considérer que les entreprises, leurs dirigeants ne seraient constitués que de mauvaises intentions à l’égard de leurs salariés ?

On se souvient de ce syndicaliste de la CGT, qui refuse de serrer la main du président de la République puis de cette autre syndicaliste qui jète un yaourt sur Emmanuel Macron en criant « tu assassines les chômeurs », tous les deux sont au service d’une opération de communication de la CGT qui vise à inverser la perception du public de ce désastreux CCE d’Air France. Pour se faire, on n’hésite pas à instrumentaliser les médias et à insulter les décideurs politiques au plus haut niveau de l’Etat, mais cela ne choque personne, puisque dans l’imaginaire collectif « ils ne servent pas à grand chose » et ne « sont pas au niveau »… On peut admettre que la CGT, organisation syndicale à bout de souffle, puisse reposer sa stratégie de reconquête sur de telles méthodes. C’est un peu sa tradition.

Mais que dire des propos tenus par Jean-Luc Mélenchon au micro de RMC la semaine dernière ? Son ironie et son dédain sur les images de ces cadres d’Air France malmenés sous le regard des objectifs, sur leurs chemises arrachées me laissent perplexe. Ainsi, ces cadres n’auraient rien ressenti pendant cette course-poursuite, voir leur image dans cette posture diffusée dans le monde entier le laisserait donc indifférent ? Monsieur Mélenchon va plus loin, il souhaite ridiculiser l’entreprise et ses cadres en transformant cet incident en un hymne à la révolte des salariés et fait appel à la chanson « tomber la chemise » qu’il veut voir claironner avant toutes les prochaines manifestations. Encore assoiffé, le député européen en rajoute, « recommencez ! » lance-t-il en invitant les salariés, victimes bien entendu de la « violence patronale », à commettre de nouvelles exactions.

Monsieur Mélenchon est un responsable politique, déjà candidat à l’élection présidentielle, il fait preuve d’une insondable irresponsabilité pour tenter de remonter dans les sondages qui ne cessent de traduire la désaffection des Français à son égard. Ses multiples et vitupérantes prises de position, parfois brillantes sur le plan oratoire, mais trop proches du grotesque pour être acceptées par ce peuple dont il aimerait tant être l’idole, finissent par lasser ceux qu’elles sont censées séduire. D’autres que lui se révèlent finalement plus efficaces sur le créneau de l’hyper-populisme.

Ce faisant, Monsieur Mélenchon rejoint, en effet, la cohorte des populistes de tout poil qui s’accrochent au moindre événement pour attiser les tensions au sein de notre société, susciter la peur et le rejet de l’autre. Son « autre » à lui, ce sont les entrepreneurs, les créateurs de richesse, celles et ceux qui se donnent sans compter pour leur entreprise et pour assumer leurs responsabilités de dirigeants. Ils sont pourtant, également l’espoir d’une France qui a besoin de se réformer pour se relever et repartir à la conquête de sa réussite perdue, ils sont ceux qui créent des emplois et de la richesse.

Mathieu Quétel, président de Sountsou

JF Mancel : « Notre système est périmé, changeons-le »

Jean-François Mancel est Député de l’Oise. À l’invitation de la CGPME, il vient d’effectuer un stage en entreprise au cours duquel il s’est glissé, le temps d’une journée, dans le fauteuil d’Olivier Lenormant, PDG du groupe Lenormant à Beauvais. Un spécialiste des véhicules lourds qui emploie 800 salariés en France. Rencontre décapante avec le parlementaire qui semble avoir apprécié sa journée de PDG.

Newsroom Sountsou : Comment s’est déroulée votre journée dans les pas d’Olivier Lenormant, le PDG de cette grosse PME de 800 salariés ?

Jean-François Mancel : Ce fut une journée passionnante et utile. J’ai pu assister aux réunions internes, rencontrer les collaborateurs, participer à la négociation des contrats. Je connaissais bien sur les entreprises mais pas de l’intérieur. C’est une expérience à développer.

Newsroom Sountsou : Avez-vous été marqué par quelque chose en particulier au cours de ces quelques heures dans la peau d’un chef d’entreprise ?

Jean-François Mancel : La rigidité de notre système économique et social. Nos lois et nos règlements n’incitent pas à faire mais à ne pas faire, empêchent plutôt qu’elles n’autorisent, sont fondés sur la défiance et pas sur la confiance. Ce qui m’a conduit à faire cette boutade : la France c’est l’URSS, les goulags en moins ! Notre système est périmé, changeons le.

Newsroom Sountsou : Cette expérience va-t-elle changer votre regard sur le monde de l’entreprise, vous a-t-elle donnée des idées de réformes à mettre en œuvre ?

Jean-François Mancel : Mon regard était positif, il ne peut l’être qu’encore plus. Nous devons libérer l’économie et le travail de tous les obstacles que nous avons accumulés pendant des décennies devant nos entrepreneurs et leurs salariés. Ils sont capables de gagner tous les combat économiques, celui de la compétitivité et de l’emploi, si on les délivre des boulets qu’on leur a attachés à chaque pied avant le départ de la course.

Newsroom Sountsou : D’une manière générale, ne pensez-vous pas que les chefs d’entreprise et les élus devraient communiquer plus souvent ?

Jean-François Mancel : Bien sûr mais en direct. Je me méfie des corps intermédiaires qui souvent ont perdu le fil de la vie quotidienne de l’entrepreneur ou du salarié. C’est pourquoi le dialogue social doit se dérouler dans l’entreprise entre ceux qui y travaillent.

Jean-François Mancel, avec le PDG du groupe Lenormant, visitent les ateliers :

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Signature d’un contrat, pendant le stage du parlementaire :

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Charles Locquet, Président de la CGPME-Oise,Olivier Lenormant, PDG des Etablissements LENORMANT, Jean François Mancel, Député de l’Oise, Christophe Monmarthe, Président du CJD Beauvais :

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(Crédit photos : CGPME-Oise)

Le CSA affirme son autorité

Le Conseil Supérieur de  l’Audiovisuel (CSA) vient de rendre une décision inédite dans le dossier Numéro 23 en abrogeant, pour la première fois, l’autorisation d’émettre d’une chaîne de télévision. Cette chaîne fait l’objet de nombreuses interrogations depuis la décision du CSA de l’autoriser en 2012, tant les bonnes fées penchées sur son berceau semblaient nombreuses.

Mercredi 14 octobre, après de longs mois d’instruction et de multiples rebondissements, le CSA a publié une décision d’une grande sévérité à l’encontre de la chaîne de la TNT Numéro 23. Les membres du CSA semblent ainsi vouloir rendre sa dignité à leur institution et affirmer leur indépendance. L’Autorité indépendante avait été la cible de nombreux articles en début d’année au sujet de cette chaîne, dont certains mettaient en cause la neutralité et l’indépendance de ses membres, dont son président Olivier Schrameck. Une situation d’autant plus injuste qu’il ne présidait pas le CSA en 2012 au moment où la décision d’attribuer une fréquence de la TNT à une « chaîne de la diversité » avait été prise.

Curieusement, quelques mois avant la présidentielle de 2012, le CSA lance un appel aux candidatures pour l’attribution de six nouveaux canaux en TNT. Les connaisseurs du dossier affirmeront que cette opération aurait été directement pilotée de l’Elysée. C’est ainsi que quelques semaines à peine avant le premier tour de l’élection présidentielle, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel attribue six canaux à de nouveaux projets, pour l’essentiel portés par des acteurs historiques. Un nouvel entrant attire particulièrement l’attention tant son parcours, son entregent et les multiples soutiens dont ils bénéficient sèment le doute sur les conditions mêmes de l’obtention de cette fréquence : il s’agit de Pascal Houzelot, président de Diversité TV, la structure candidate pour Numéro 23.

Dans son ouvrage « TNT, un scandale d’État », publié en juin 2015, Didier Maïsto, président de Fiducial Média, lui-même candidat à l’époque pour son projet D-Facto, dénonce les dessous de l’attribution des six nouvelles chaînes de la TNT en 2012 et particulièrement le dossier Numéro 23. Rachid Arhab, membre du CSA en 2012, est également revenu sur cette attribution dans son ouvrage « Pourquoi on ne vous voit plus ? » en la critiquant. Ce dossier est hautement politique, François Hollande s’était d’ailleurs engagé, en 2012, à annuler ces attributions de fréquences lors de la campagne présidentielle. Une ambition vite oubliée, grâce notamment, aux analyses de son conseiller audiovisuel de l’époque, qui, par hasard, faisait partie de l’équipe de Numéro 23 venue défendre sa candidature lors des auditions du CSA.

L’annonce, en avril dernier, de la cession de Numéro 23 à NextRadioTV pour un montant de 88,3 millions d’euros, a véritablement mis le feu aux poudres. Une vente qui intervenait à peine deux ans après le début des émissions de la chaîne et alors que celle-ci était loin de remplir, aux yeux de nombreux observateurs, ses obligations en matière de diversité. Cette annonce intervenait au plus mauvais moment pour le CSA, déjà chahuté par la grève historique qui paralysait Radio France, présidée par Mathieu Gallet, nommé un an plus tôt par… le CSA.

Néanmoins, cette vente ne pouvait s’opérer sans autorisation préalable de l’autorité de régulation. C’est dans le cadre de l’instruction de cette demande d’autorisation que les choses vont se compliquer pour Numéro 23 et son président. Le CSA va découvrir l’existence d’un actionnaire russe, UTH, entré au capital de la société en 2013 avec un pacte d’actionnaire qui sera interprété comme un engagement de revente rapide à un autre repreneur. Dès lors, le CSA décide, en juin 2015, d’ouvrir une procédure de sanction à l’encontre de Numéro 23, une procédure qui va compliquer l’instruction de la cession de la chaîne à NextRadioTV.

Dans sa décision du 14 octobre 2015, le CSA relève « que les stipulations de ce pacte, conclu entre l’actionnaire majoritaire et UTH au cours de la période d’interdiction de changement de contrôle de deux ans et demi sur laquelle la société s’était engagée dans sa convention, visaient à une cession rapide de son capital. Cette opération a été dissimulée au Conseil malgré plusieurs relances de sa part, le pacte n’ayant été finalement reçu que le 25 mai 2015. »

Surtout, le Conseil considère que l’actionnaire majoritaire de Numéro 23 a « cherché avant tout à valoriser à son profit l’autorisation obtenue, dans la perspective d’une cession rapide » et poursuit  une « telle démarche était constitutive d’un abus de droit entaché de fraude, en contradiction avec la finalité poursuivie par le législateur. »

Le CSA propose toutefois une porte de sortie pour Numéro 23, en laissant à son actionnaire jusqu’au 30 juin 2016 pour renoncer au pacte d’actionnaire et à la cession qu’il entraine. Pascal Houzelot, qui envisage d’utiliser tous les recours à sa disposition pour contrer la décision du CSA, dispose donc d’une fenêtre de huit mois pour trouver des soutiens afin de reconfigurer son périmètre juridique et consolider son activité sur le plan financier, afin d’envisager son éventuelle poursuite. Alain Weill, le dynamique patron de NextRadioTV ne devrait pas le laisser sans solution.

Si le CSA, avec cette décision, prend une revanche, réaffirme son autorité et son indépendance, la façon dont il va assurer son suivi sera très observée par les différents acteurs du paysage audiovisuel.