L’actu

PS : la rentrée de tous les dangers

La conférence de presse du président de la République le 7 septembre marquait sa véritable rentrée, alors que celle du Parti socialiste démarrait la semaine précédente à l’université d’été de La Rochelle, littéralement plombée par les déclarations, la veille, du ministre de l’Économie devant les patrons du MEDEF.

À moins de quatre mois d’élections régionales qui s’annoncent calamiteuses et à vingt mois d’une élection présidentielle plus qu’incertaine, le PS n’apparait pas en grande forme et le président de la République n’a pas vraiment réussi sa rentrée.

L’affaiblissement des écologistes, en pleine implosion, les frondeurs, toujours virulents, l’extrême gauche, donnée à 10% dans les derniers sondages mettent le PS en difficulté. Pour le moment, François Hollande est donné battu dès le premier tour de l’élection présidentielle avec à peine 19% des voix. Des éditorialistes, à l’instar de Denis Jambar, dans Challenges, n’hésitent plus à le juger définitivement hors jeu pour 2017, à moins d’un évènement exceptionnel.

Lors de sa conférence de presse, François Hollande a pris soin de cantonner les élections régionales à des « élections locales », une posture surprenante pour celui qui a mis en place les grandes régions qui naîtront avec le rendez-vous électoral de décembre et avec elles, de nouveaux ténors de la politique qui seront incontournables. Or, il est très probable que les futurs présidents des 14 régions soient essentiellement de droite… Il est donc plus confortable pour le président de se placer au dessus de la mêlée et de faire comme si le scrutin ne le concernait pas vraiment.

Néanmoins, en janvier 2016, il entamera sa dernière année de mandat et il est vraisemblable qu’un remaniement en profondeur vienne marquer cet ultime étape du quinquennat.

Perdues pour perdues ces régionales semblent avoir été effacées de l’agenda présidentielle qui préfère sans doute se concentrer sur la dernière ligne droite avant 2017. Il a travaillé en coulisses pour que Jean-François Rugy, et Jean-Vincent Placé créent au plus vite leur parti « Écologistes ! » afin de disposer d’un interlocuteur écologiste crédible avec des ministres potentiels, point de départ d’une nouvelle majorité élargie pour la présidentielle.

Du côté de l’extrême gauche, il est peu probable qu’un terrain d’entente puisse être trouvé avec Jean-Luc Mélenchon.

Les frondeurs et la gauche du PS sont également un enjeu important si le président veut élargir sa base électorale. Des signes seront donc envoyés dans cette direction dans les prochaines semaines, mais lesquels ? La réforme du Code du travail ne concernera pas les 35 heures, ni le sacro-saint CDI, mais sera-ce suffisant pour séduire à nouveau la gauche du PS, désorientée par la Loi Macron ? Rien n’est moins sûr.

L’autre épine dans le pied du président est Alain Juppé qui ratisse sur ses terres électorales. Le président fait le pari que Nicolas Sarkozy sortira gagnant des primaires et qu’il sera un candidat beaucoup plus facile à battre car très clivant. Il n’en reste pas moins que les sondages le donnent éliminé du premier tour que ce soit face à Alain Juppé ou Nicolas Sarkozy.

Un sondage hors période électorale n’a pas la même précision qu’une fois la bataille lancée. Les consultations se suivent et se ressemblent douloureusement, comme les scrutins qui sont systématiquement perdus par la majorité présidentielle, le rejet est donc profond, massif même s’il ne se traduit par des manifestations de rues.

Cette rentrée est celle de tous les dangers pour François Hollande et sa majorité, ils entament les derniers mois susceptibles d’entrainer un retournement de l’opinion, condition pour aborder la présidentielle avec un peu plus de sérénité. Ils n’ont plus droit à l’erreur, juste une obligation de résultats.

Lobbying : cachez ce mot !

Le terme « lobbying » est désormais connu de la quasi-totalité des Français mais il souffre d’une image détériorée par une approche médiatique entachée par une défiance à l’égard de l’entreprise et, reconnaissons-le par certains comportements plus proches du trafic d’influence que du jeu normal du partage de connaissances et du plaidoyer en démocratie.

La semaine dernière, le retour de l’émission de France 2, Cash Investigation, s’est encore effectué en fanfare à la fois sur le dos des politiques et des entreprises. C’est une séquence de promotion du programme, qui a mis le feu aux poudres et déclenché la colère de l’ancienne ministre et députée européenne, Rachida Dati. L’extrait en question montre Élise Lucet, la journaliste totem de l’émission, poursuivre dans les couloirs du Parlement européen la députée qui refuse de répondre à ses questions et qui se borne à la moucher vertement.

La journaliste souhaitait connaître les relations entre une multinationale et la députée. Ses demandes de rendez-vous auraient été refusées, ce qui justifierait le harcèlement de l’élue par la journaliste.

Toujours la semaine dernière, c’est un rapport de l’organisation Corporate Europe Observatory (CEO) qui jette le trouble sur les méthodes de lobbying de l’industrie pharmaceutique à Bruxelles. Les laboratoires investiraient plus de 40 millions d’euros afin d’agir sur les décisions de Bruxelles et de les orienter. Ces fonds seraient utilisés pour différentes opérations de lobbying, dont certaines seraient discutables. CEO dénonce une action à la fois néfaste pour la santé et pour l’équité commerciale. L’industrie du médicament, toujours selon CEO, aurait augmenté son budget lobbying de 700% depuis 2012 et déploierait 176 lobbyistes dans les couloirs du Parlement européen et de ses différentes instances.

Une semaine, deux informations médiatiques qui jettent le trouble sur le lobbying et le monde de l’entreprise. Une outrance gênante qui a suscité toute sorte d’articles ou de tribunes destinées à défendre « la liberté de la presse », pourfendre « ces entreprises prêtes à tout pour le business » ou saluer le « courage » d’Élise Lucet.

Résultat : le lobbying est entaché et les entreprises soupçonnées des pires maux. C’est une fois de plus le monde économique et les entrepreneurs qui sont soupçonnés de ne se concentrer que sur la recherche du profit. Quant au lobbying, il est présenté comme leur bras armé pour obtenir ce qu’ils souhaitent et nourrir leur avidité d’argent…

Il existe, certes, des exagérations voire des comportements inacceptables. Néanmoins, n’oublions pas que nous évoluons dans un monde économique régulé et que des instances de contrôle sont également là pour intervenir. L’approche systématique de l’entreprise sous un angle critique voire caricatural marque les esprits et crée une ambiance de suspicion permanent parfaitement injuste et coûteuse pour la collectivité.

Or, le lobbying nous concerne tous. Les associations de consommateurs, les syndicats, les protecteurs de l’environnement et autres défenseurs du littoral sont également des porteurs d’intérêts, donc des lobbies. On objectera qu’ils se posent en défenseurs de l’intérêt général au contraire de l’entreprise qui, par définition, agirait pour des intérêts particuliers. Certes, néanmoins, le rayonnement de l’entreprise est également créateur de richesses pour la collectivité et, rappelons-le, d’emplois. Les entrepreneurs qui prennent et assument des risques, sont des rouages de notre modèle économique, sur lequel repose en grande partie notre modèle social de solidarité.

Or, le lobbying est également un rouage essentiel de notre démocratie. Il permet de faire entendre différentes positions avant que les responsables politiques ne prennent leurs décisions. Comment imaginer que le Gouvernement ou le législateur puissent agir de façon éclairée sans entendre ceux sur qui leurs décisions vont peser ?

Il y a une forme de populisme a systématiquement donner un éclairage à charge du rôle de l’entreprise et de l’apport du lobbying.

La lecture de certains articles est éclairante. Toute explication de l’entreprise est jugée suspecte, création de valeur et d’emplois sont tournés en dérision et présentés comme annexe face à de prétendues dérives du monde de l’entreprise.

Certains clients, me font part, de plus en plus souvent, de leurs réticences à utiliser ce terme. Au lancement de Sountsou, je refusais d’évoquer le lobbying, précisément en raison de cette image. Aujourd’hui, j’ai décidé de l’assumer et de le revendiquer. Je ne veux pas fléchir face aux diktats de certains journalistes qui s’auto-investissent justiciers sans faire la part des choses. Je ne veux pas, non plus, baisser les bras face à certaines méthodes de lobbying, qui existent mais restent minoritaires et dont je fais le pari qu’elles peuvent être combattues autrement qu’en jetant en pâture l’ensemble d’une profession.

La réalité est là : les entreprises ne s’expriment pas assez, elles n’entrent pas suffisamment en contact avec les politiques. Des décisions sont prises en parfaite méconnaissance de leurs réalités et elles coûtent cher à la collectivité. Le lobbying vise essentiellement à permettre aux entreprises et à leurs organisations de prendre la parole, de s’adresser aux élus en utilisant leur langage. Il ambitionne de permettre à ces deux mondes, présentés comme antinomiques, de se rencontrer.

Pour l’entreprise, le lobbying est un fabuleux outil créateur de valeur. Pour les décideurs publics, il est un vecteur d’informations et de transparence dans les analyses qui balisent le chemin de la prise de décision.

Mathieu Quétel, président de Sountsou

(Crédit photo : Transparency International)

Lobbying : la présidentielle, formidable opportunité

La présidentielle de 2017 constitue une formidable opportunité de faire entendre leur voix. Les Cahiers Experts vont très prochainement proposer une approche originale aux entreprises désireuses de s’impliquer dans une démarche institutionnelle à l’occasion de cette élection majeure.

La collection Les Cahiers Experts est constituée d’une série de manuels gratuits, publiés par Sountsou à un rythme régulier autour de différentes thématiques liées aux relations institutionnelles. Cette collection a pour ambition d’accompagner les dirigeants d’entreprises dans leur réflexion avant qu’ils ne se lancent dans une démarche à l’égard de la sphère publique. Toutes les thématiques des relations institutionnelles sont abordées sans exception, sans tabou et sous un angle original.

Les Cahiers Experts s’inscrivent dans le cadre de la démarche Affaires Publiques 3.0 de Sountsou ; ils constituent un outil de partage de nos axes de recherche.

Le nouveau Cahier Expert édité par Sountsou proposera dans quelques jours « 10 conseils pratiques pour faire entendre la voix des entrepreneurs » à l’occasion de la présidentielle de 2017.

Les entreprises doivent se mobiliser dès à présent et engager une démarche en lobbying à la fois précise et rigoureuse si elles veulent que leurs propositions soient portées lors de l’élection présidentielle de 2017. Leur premier objectif doit être de fixer leurs objectifs  et de les présenter aux différentes écuries des candidats à la présidentielle. La primaire de la droite constituera un excellent moment de débats et de propositions.

La collection Les Cahiers Experts est gratuite. Pour réserver votre Cahier Expert, inscrivez-vous ici.

Newsroom Cahier Expert #2

Lobbying : Uber adapte sa stratégie

Uber s’est posé comme le spécialiste de la rupture et a fait le choix, pour lancer son activité au plan mondial, d’imposer son système. Une méthode efficace qui lui a permis de s’imposer dans de nombreux pays et d’atteindre une valorisation record de plus de 50 milliards de dollars. Néanmoins, le géant américain semble entrer dans une nouvelle phase de son histoire.

La société californienne ne cesse de susciter l’ire des autorités. Bruxelles se saisi du dossier après les tensions observées ces derniers mois dans différents pays européens où des craintes de concurrence illégale sont apparues, initiées par les taxis mais également par les autres acteurs du VTC. La Commission vient de lancer une étude afin de déterminer si Uber doit être considéré comme un service de transport ou un service numérique.

Au delà du cas symbolique d’Uber, ce sont bien les implications des nouveaux services internet issus de l’économie du partage qui posent question et Bruxelles souhaite évaluer la nécessité d’une législation spécifique.

Aux Etats-Unis ce sont des chauffeurs qui demandent à la justice de redéfinir le cadre de leur collaboration avec Uber en contrat de travail. Un enjeu de taille, puisque c’est tout le modèle économique de la plate-forme qui serait remis en cause si une telle revendication devait prospérer et se propager à travers le monde.

Face à ces oppositions, Uber a visiblement décidé de changer de braquet en matière de lobbying. Arrivé en 2014, l’ancien conseiller de Barack Obama, David Plouffe insuffle une nouvelle approche à la plate-forme qui devrait lui permettre de mieux se faire entendre des décideurs publics après avoir massivement séduit les citoyens.

Dans une interview aux Échos, du vendredi 11 septembre, David Plouffe reconnaît « Uber a la réputation de ne pas être intéressé par le dialogue. Mais nous avons, au contraire, tout intérêt à discuter avec les autorités locales, pour les aider à moderniser leur cadre juridique ».

Le Conseiller en chef et membre de la direction d’Uber dévoile aux Échos son nouveau positionnement pour séduire les pouvoirs publics : la création d’emplois. Il rappelle dans cet entretien qu’Uber représente déjà 10.000 emplois en France, 20.000 avant la suspension de Uber-POP et qu’il estime à « plusieurs milliers » les emplois qui seront créés dans l’hexagone grâce à l’affiliation de nouveaux chauffeurs afin de répondre à la demande du public.

L’emploi sera donc la base du dialogue avec les pouvoirs publics dans les mois à venir. Le géant américain a bien compris que son positionnement agressif ne pouvait lui permettre d’accompagner son déploiement et, surtout, d’assurer sa pérennité.

S’agissant de la procédure en cours aux Etats-Unis, le responsable mondial d’Uber apparait également confiant et rappelle que la liberté des chauffeurs dans leurs horaires de travail est la base de leur relation avec la plate-forme américaine. Il en profite pour tacler les compagnies de taxis qui, selon lui, imposeraient des horaires à leurs chauffeurs et, à ce titre, « auraient des soucis à se faire »…

Si la hache de guerre n’est donc pas enterrée avec les sociétés de taxis, la compagnie souhaite rassurer les chauffeurs. Elle estime que dans les 300 villes dans le monde où elle est implantée, elle s’est imposée comme complément de l’activité des taxis.

L’évolution de la stratégie d’influence d’Uber est particulièrement intéressante. Elle concerne une société de la nouvelle économie, venue percuter des professions encadrées et protégées et le géant américain a su adapter son lobbying aux différentes étapes de son développement. Il revoit sa copie quand sa posture agressive de prise de parts de marché ne fonctionne plus et qu’il doit désormais installer durablement son activité.

Sciences Po lance son école des affaires publiques

600 étudiants sont déjà inscrits à la nouvelle école, lancée en cette rentrée, par Sciences Po. La prestigieuse école de la rue Saint Guillaume souhaite ainsi accompagner la mutation de la sphère publique et proposer une formation adaptée à ses nouveaux enjeux.

L’École est dirigée par l’économiste Yann Algan et son conseil stratégique est présidé par l’ancienne secrétaire d’Etat Anne-Marie Idrac.

Le Master de Politiques Publiques (MPP) de deux ans, regroupe les élèves en tronc commun avant un choix de spécialisation, dès le second semestre, ou de préparation aux concours des écoles à la haute fonction publique. Huit cours fondamentaux leurs sont dispensés, souvent en langue anglaise.

L’École propose des double diplômes avec des universités prestigieuses : SIPA-Columbia University, London School of Economics, GRASPP – University of Tokyo, LKYSPP – National University of Singapore, Hertie School of Governance, HEC et l’École du Louvre.

L’École des affaires publiques de Science Po proposera également un Executive Programmes dès 2016 qui s’adressera à des professionnels en poste désireux de parfaire leur formation.

Plus d’informations ici.