L’actu

Présidentielle : la droite se cherche

Rentrée à haut risque à droite. Les ténors de Les Républicains (LR) font leur rentrée sur fond de rivalités en vue des primaires de novembre 2016. Si les élections régionales de décembre constituent bien le prochain rendez-vous électoral, chacun a en tête celui des primaires à la présidentielle de 2017.

François Fillon place sa rentrée sous le signe du « courage ». Il a présenté, le 26 août son « Manifeste  pour la France », intitulé « Osons dire, osons faire » dont le but est de donner une perspective aux propositions qu’il a déjà rendues publiques, dans une certaine indifférence. L’ancien Premier ministre souffre d’un retard considérable dans la course aux primaires, loin derrière Alain Juppé et Nicolas Sarkozy dans les sondages. Mais le rendez-vous destiné à désigner le champion de la droite pour les élections de 2017 est encore loin, et rien n’est joué. Alors, le député de Paris, lance un appel au courage des Français afin qu’ils reprennent en mains leur avenir et définit cinq priorités pour faire de la France « la première puissance en Europe » d’ici dix ans. Ambitieux. Dans les prochains mois, il rendra public le projet qui constituera son programme en vue des primaires, il publiera également un ouvrage, plus personnel.

Alain Juppé vient de dévoiler ses propositions sur l’école et profite de la rentrée pour capitaliser encore sur ses bons résultats dans les sondages. Il est le symbole de l’alternative stratégique de la droite pour la présidentielle : suivre la « radicalisation » de la société française ou tenter d’incarner une nouvelle voie plus apaisée, donc avec une image plus « centriste », celle qu’il a choisie. Alors le Maire de Bordeaux, tente une accélération et profite de la rentrée pour afficher une présence marquée dans les médias. Son positionnement lui interdit, pour le moment, de mettre sur la table des propositions trop percutantes, il affirme au contraire qu’il ne s’agira pas, en cas d’alternance, de rayer d’un trait de crayon vengeur tout ce qu’a fait la gauche. Néanmoins, à y regarder de près son projet d’autonomisation des établissements scolaires, n’est sans doute pas si consensuel. Il prévoit de donner aux collèges et lycées, la possibilité de décider, en autonomie donc, de la répartition des heures de cours en fonction du niveau des élèves. Les professeurs pourraient même choisir leur principal parmi trois noms proposés par le recteur…

Nicolas Sarkozy, quant à lui, joue la carte de la discrétion. Son premier objectif est de transformer en réalité les prédictions sondagières pour les élections régionales de décembre. Si une large victoire de la droite se confirme, alors il abordera l’étape de la primaire dans les habits du grand rassembleur de sa famille politique. Il a dévoilé, mercredi 2 septembre, sur sa page Facebook, son calendrier : régionales, programme commun pour les primaires, prise de parole et « moment de vérité » sur le passé et l’avenir… Une façon de plus de se positionner au dessus de la mêlée tout en captant les propositions programmatiques de ses concurrents. En coulisse, l’ambiance reste tendue. François Fillon n’est déjà plus un sujet et la cible reste Alain Juppé, dont la dangerosité est bien perçue par l’ancien Président de la république. S’il reste discret dans les médias, l’ancien locataire de l’Elysée distille les petites phrases sur son aîné bordelais dont la stratégie « centriste » est jugée sans avenir et trop proche de celle du François Hollande. Pour Nicolas Sarkozy, c’est très vraisemblablement à « droite toute » que se jouera l’élection présidentielle.

Un avis partagé par les challengers. Xavier Bertrand se verrait bien en tombeur de Marine Le Pen dans le Nord Pas de Calais Picardie et adopte le discours qu’il pense indispensable pour y parvenir. Même Bruno Le Maire, investit le terrain de la « radicalité » pour tenter d’émerger dans une campagne pour les primaires qui s’annonce très longue.

Deux lignes traversent la droite, celle des partisans d’un discours dur, qui sera probablement incarnée par Nicolas Sarkozy et celle d’une approche plus « centriste » qu’Alain Juppé porte aujourd’hui. Les deux comportent des risques, d’un côté une proximité dangereuse électoralement avec le FN, de l’autre un empiètement sur la ligne réformiste du PS, que devrait enfourcher François Hollande en vue de sa réélection.

« L’identité » pourrait être au centre de la prochaine campagne mais les Français attendent surtout des propositions de réformes susceptibles de créer de la richesse et de l’emploi. De ce côté, les propositions de programme et les réformes audacieuses n’affluent pas.

Delphine Ernotte et L’Institut Montaigne frappent fort !

À la une de nos chiffres de la semaine, la tonitruante entrée de la nouvelle présidente de France Télévision, le casse-tête budgétaire du gouvernement, la croissance mondiale en difficulté, les bons chiffres de l’automobile, les propositions de Fleury-Michon pour le monde agricole et celles, décapantes, de l’Institut Montaigne, pour le monde du travail.

10

C’est le montant, en millions d’euros, du déficit de France Télévision pour 2015, soit deux fois plus qu’initialement prévu. Alors, la nouvelle présidente du groupe public est à la recherche de revenus supplémentaires. Inutile d’espérer des pistes d’économies internes, Delphine Ernotte considère que France Télévision a « su se réformer ». La nouvelle dirigeante revendique « le fromage et le dessert », comprenez qu’elle souhaite une redevance audiovisuelle élargie à tous les écrans et davantage de spots publicitaires. Les citoyens et le marché publicitaire devront donc être mis à contribution. Peu importe si la pression fiscale est déjà hors norme, peu importe la volonté du gouvernement d’alléger les impôts, peu importe enfin la crise du marché publicitaire. Sur ce dernier front, Delphine Ernotte souhaite rouvrir le dossier de la publicité après 20 heures et diffuser de la publicité au moins jusqu’à 21 heures, de façon à profiter à plein du prime time télévisuel. S’agissant de l’élargissement de la taxe audiovisuelle, le président de la République l’a écartée lors de sa conférence de presse du 7 septembre.

15

Cela fait 15 ans que France Télévision souhaite disposer d’une chaîne d’information en continu. Dès la première semaine de sa présidence, Delphine Ernotte a pris les choses en mains et s’est mise d’accord avec le président de Radio France, Mathieu Gallet, pour travailler ensemble à cet objectif. Un comité de pilotage a été mis en place afin de trouver les pistes pour mettre en place « une chaîne commune à France Télévision et Radio France ». Une démarche originale en plein débat sur la redevance audiovisuelle qui devient un casse-tête gouvernemental. Celle-ci s’élève à 136 euros actuellement et sera vraisemblablement augmentée de quelques euros. Delphine Ernotte, décidément pleine d’imagination, plaide pour une refonte et un élargissement aux terminaux mobiles qui permettent, effectivement, de regarder la télévision. Le ministère de la culture travaillerait sur un élargissement de la redevance aux box internet applicable dès 2016. Solution écartée par le président. Il reste une réalité : en dix ans la redevance a augmenté de 20 euros, elle rapporte 3,6 milliards d’euros versée par 96% des foyers.

5,3

C’est en pourcentage la progression du marché automobile sur les huit premiers mois de l’année. Un chiffre encourageant qui incite le Comité des constructeurs français d’automobiles (CCFA) à revoir ses prévisions pour l’année 2015. Après une année 2014 morose avec une stabilité du marché à 0,3%, le CCFA envisageait une progression de 2% pour 2015. Il publiera une nouvelle prévision au début du mois d’octobre afin de mieux prendre en compte l’évolution des ventes et des commandes. Ceci dit, les constructeurs français progressent moins vite que le marché, +4,4% pour PSA et +5,2% pour Renault. En Europe, certains chiffres sont spectaculaires, c’est le cas de l’Espagne où le marché automobile progresse de 22,3% sur les huit premiers mois de l’année.

3,3

C’est en pourcentage la nouvelle estimation de la progression de la croissance mondiale par le FMI qui pourrait être encore revue à la baisse suite à la défaillance de la Chine. Pekin continue de tabler sur une croissance du pays à 7% en 2015, objectif qu’il soutient par tous les moyens. Le Yuan vient de baisser les taux pour la cinquième fois depuis novembre et le gouvernement aurait procédé, selon Goldman Sachs à des rachats massifs d’actions pour un montant qui avoisinerait les 140 milliards d’euros. Un plan de soutien aux PME chinoises vient d’être mis en place, il est doté de 8,38 milliards d’euros.

0

L’Institut Montaigne propose une remise à zéro du Code du travail. Le think tank vient de publier des propositions-choc pour la réforme du droit du travail. Il propose de sortir des blocages créés par une loi trop imposante et des négociations interprofessionnelles trop éloignées de l’entreprise. L’Institut propose de graver dans la loi les règles relatives à la dignité, aux droits fondamentaux et à la protection de la santé, pour le reste il préconise de laisser les entreprises établir leurs propres règles à partir du Code du travail. Le contrat de travail, le temps de travail, seraient autant d’éléments définis au niveau de l’entreprise. L’accord collectif primerait même sur le contrat de travail qui pourrait évoluer en cours de route. Les syndicats et les représentants du personnel seraient les garants de l’intégrité du dispositif. L’accord majoritaire sera appliqué, c’est à dire qu’il ne sera valable que s’il est signé par les syndicats représentants au moins 50% des voix aux élections professionnelles. Le travail de l’Institut Montaigne est intéressant à plus d’un titre, d’abord parce qu’il ose poser les bases de nouvelles règles de fonctionnement en rupture avec un système qui a vécu, également parce qu’il promeut les accords d’entreprise. Ces derniers devraient également occuper le coeur des proposition contenues dans le rapport Combrexelle qui devrait être rendu public dans les prochains jours.

13,1

Le groupe Fleury Michon représente 13,1% du marché de la charcuterie française et 21,8% pour le jambon. L’industriel fait des propositions pour sortir la filière porcine de l’ornière dans laquelle elle se trouve. Il préconise une montée en gamme des produits, un modèle qu’il a lui-même adopté et qui représente 30% de son activité avec une croissance de 30%. Pour mettre en place sa nouvelle gamme de porcs bios nourris sans OGM et élevés sans antibiotiques, appelée « J’aime », l’industriel a signé un partenariat avec 22 éleveurs bretons. La question des normes, souvent dénoncée par les éleveurs, est également signalée par Fleury Michon qui reconnait être contraint de se fournir en porcs bios au Danemark, où la réglementation est moins contraignante qu’en France. Les éleveurs de porcs bios français doivent produire sur leur exploitation au moins 50% des céréales bio destinés à leur élevage, alors qu’au Danemark ils peuvent se fournir où ils veilent. Enfin, Fleury Michon souhaite mettre en avant une viande de qualité française plutôt de continuer de privilégier l’élevage intensif et la guerre des prix, un modèle qui mettrait au centre du dispositif le consommateur final et ses attentes.

2

Le gouvernement souhaite une baisse de 2 milliards d’impôts pour 2016. Ce cadeau fiscal sera difficile à financer. En effet, la France s’est engagée auprès de Bruxelles à réduire son déficit budgétaire de 3,8% du PIB en 2015 à 3,3% en 2016., les marges de manoeuvre sont donc faibles pour boucler le budget. La reprise se faisant encore attendre, les prévisions de croissance ne peuvent raisonnablement être revues à la hausse. Michel Sapin se montre confiant en public en citant (sur France Info) les dépenses de la sécurité sociale, des collectivités locales ou de l’État comme des sources possibles pour financer une redistribution aux français sous forme de baisse d’impôts. Il n’apparait pas évident que les collectivités locales voient d’un bon oeil une nouvelle réduction de leur dotation d’Etat, alors que leurs finances sont dans le rouge… À ce sujet, il reste également à financer le fonds d’un milliard de soutien à l’investissement promis aux collectivités locales par Manuel Valls.

Europe : la riposte de Google

Le 15 avril, Bruxelles sortait l’artillerie lourde en accusant Google d’abus de position dominante, une attaque qui pourrait aboutir à une condamnation record du géant américain.

Après une enquête de cinq ans, Bruxelles accuse Google de favoriser son service de comparaison des prix au détriment de ses concurrents, et lance une enquête afin de déterminer si le géant américain n’inciterait pas à l’utilisation de ses propres services sur les smartphones fonctionnant avec son système Android. Un enjeu de taille puisque ce système équipe 70% des smartphones dans le monde.

Le géant américain encoure une amende qui pourrait atteindre 10% de son chiffre d’affaires annuel, soit 6 milliards d’euros.

Des accusations « sans fondement »

Face à un tel enjeu, Google est bien évidemment décidé à ne pas se laisser faire et vient de répondre à la « communication de griefs » que la Commission lui avait adressée il y a trois mois.

La charge est lourde. Google dénonce des accusations « sans fondements » et pointent des erreurs économiques et juridiques dans les griefs de Bruxelles. Et de retourner les arguments en affirmant que Google serait en réalité un outil de mise en avant des agrégateurs de contenus qui auraient bénéficié de « 20 milliards de clics gratuits » grâce à la plate forme américaine. Quant à la concurrence elle est vive, selon, le géant de Mountain View, puisque 300 nouveaux acteurs sur le segment des comparateurs de prix seraient apparus dans les quatre principaux marchés européens. Google pointe également le manque de vision de Bruxelles, qu’elle juge en retard dans la prise en compte d’acteurs comme Amazon et e-Bay. Enfin, sur un plan plus juridique, Google s’estime parfaitement en droit de mettre en avant tel ou tel comparateur de prix, en fonction du service qu’il apporte au consommateur. Ainsi, le géant du net refuse de se voir soumis à l’obligation d’offrir un accès égal à tous.

Barak Obama, lobbyiste en chef de Google

La balle est désormais dans le camp de la Commission qui étudie en détail les réponses de Google. Elle devra notamment estimer si une voie négociable est encore envisageable ou si une procédure conflictuelle doit être engagée avec, à la clé, une amende et, sans doute, un problème diplomatique à régler.

En effet, cette bataille se joue au plus haut niveau des États et Barak Obama s’est transformé en lobbyiste en chef de Google le 13 février dernier avec des déclarations à la fois claires et agressives : « Internet était à nous, nos entreprises l’ont créé, étendu et perfectionné de telle façon que la concurrence ne peut pas suivre. » (…) « A la décharge de Google et Facebook, les réponses de l’Europe en la matière s’expliquent parfois plus par des raisons commerciales qu’autre chose. Certains pays comme l’Allemagne, compte tenu de son histoire avec la Stasi, sont très sensibles sur ces questions. Mais parfois leurs entreprises – les fournisseurs de service qui ne peuvent pas concurrencer les nôtres – tentent surtout d’empêcher nos entreprises d’opérer efficacement là-bas. (…) Et souvent, ce que l’on représente comme des positions nobles sur ces problèmes n’a pour but que le développement d’intérêts commerciaux. »

Livre : concilier éthique et politique

Nathalie Bordeau et David-Xavier Weiss dirigent l’ouvrage collectif « Politique et éthique : regards croisés », paru le 1er septembre chez Bart & Jones. 17 co-auteurs (dont Mathieu Quétel, président de Sountsou) livrent leurs réflexions sur la politique, l’éthique et sur la démocratie. Sountsou les a rencontré.

Newsroom Sountsou : « Votre ouvrage est original, il permet à 17 co-auteurs de livrer leurs réflexions sur la politique, l’éthique mais également les médias, sans jamais se rencontrer vraiment, comment vous est venue cette idée ? »

Nathalie Bordeau / David-Xavier Weiss : Comme nous l’expliquons dans l’introduction de l’ouvrage, la crise de gouvernance qui a touché l’UMP en juin 2014, par laquelle nous nous sommes sentis aussi concernés qu’atterrés, a été en quelque sorte l’élément déclencheur de ce projet. Voir des personnalités d’envergure nationale bafouer sans la moindre hésitation les statuts ratifiés moins d’un an plus tôt par les adhérents ne correspondait vraiment pas à l’idée que nous nous faisions de la dimension éthique, pour nous indissociable de toute implication dans la vie politique. Et en regardant ce qui se passait dans les autres partis, d’un bout à l’autre de l’échiquier, nous ne pouvions que constater que ce n’était pas mieux, et même souvent pire, quoi que sous des formes diverses.

Il s’agissait donc moins de la crise d’un parti que du fonctionnement global d’un système où les valeurs individuelles ne tenaient plus suffisamment lieu de garde-fou déontologique.

Mais nous percevions toute la complexité du problème, aussi il nous a semblé intéressant d’associer des coauteurs de différents horizons, français et étrangers, jeunes ou moins jeunes, impliqués ou non dans la vie politique, universitaires, écrivains, journalistes ou issus de la société civile, afin que chacun exprime librement sa vérité et que nous ressortions tous avec une réflexions enrichie de la diversité des points de vue.

Les coauteurs ne se sont pas tous rencontrés avant la finalisation de l’ouvrage à la fois pour des raisons d’éloignement géographique, mais aussi pour que la réflexion de chacun ne soit pas influencée par celle des autres. C’est cette variété des profils et des points de vue qui fait, à nos yeux, toute la richesse de l’ouvrage.

« Si on en croit les sondages, politique et éthique semblent assez irréconciliables aux yeux des Français, qu’en pensez-vous ? »

NB/D-XW : Le souhait commun de tous les coauteurs est justement de montrer que non seulement on peut, mais qu’en plus on doit concilier politique et éthique, car cela va dans le sens du respect des électeurs et de l’efficacité des actions.

Nous avons voulu aussi montrer à quel point c’est difficile, car ce sont précisément souvent les hommes et femmes politiques les plus honnêtes et les plus impliqués dans l’action, qui sont les moins soucieux de jouer le jeux des médias, et ceux-ci le leur font payer très cher, y compris en remettant en cause leur éthique, parfois sans la moindre raison, ou en présentant comme des dérapages des faits parfaitement légaux ou imputables à de tierces personnes. L’impression que le grand public peut avoir d’un manque d’éthique généralisé de la classe politique n’est que l’effet du miroir déformant de la recherche de sensationnalisme des journalistes et de leur déontologie parfois très élastique. Les journalistes plus soucieux d’éthique que d’audience existent, mais il faut bien reconnaître qu’ils sont l’exception.

« À quelles affaires faites-vous référence lorsque vous évoquez la mise en cause, à tort, de l’éthique de certains élus, par les médias ? »

NB/D-XW : Les affaires où des élus, et en particulier des personnalités de premier plan, sont très médiatiquement mis en cause, puis lavés de tout soupçon beaucoup plus discrètement, sont légion. Un exemple emblématique est celui de Eric Woerth; et on se dirige vers un schéma semblable concernant Jean-François Copé. Sans surprise pour qui connait l’un ou l’autre de ces hommes de conviction et d’engagements….

« Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose » semble être le credo d’une certaine presse, peu scrupuleuse et fort soucieuse de sensationnalisme…

Sans parler du scandale des personnages publics dont la vie privée est dévoilée sans leur accord ! L’exemple récent de Florian Philippot nous a rappelé que le droit à la vie privée est bien fragile quand les médias le battent en brèche !

« Nous entrons dans la phase de pré-campagne pour la présidentielle de 2017, croyez vous en l’émergence d’une nouvelle génération d’élus ? »

NB : L’émergence d’une nouvelle génération d’élus est souhaitable quand elle est un vecteur pour renouveler les idées et les pratiques. Mais elle ne doit pas consister à vouloir faire à tout prix émerger de nouvelles têtes, sans se soucier des valeurs qu’elles incarnent.

Le jeunisme, en politique, n’est pas plus souhaitable que la gérontocratie.

Oui, cette période de pré-campagne  devrait  faciliter l’émergence d’une nouvelle génération d’élus. Et il serait souhaitable que ce soit ceux qui ont une action de terrain de longue date et une implication dans le fonctionnement des partis politiques, qui se trouvent ainsi mis en lumière. Mon coauteur David-Xavier Weiss fait d’ailleurs partie de ceux qui amèneraient un renouveau de valeurs et de pratiques s’il accédait à de nouvelles responsabilités. Et son souci des questions éthiques, manifeste au travers de cet ouvrage comme des diverses fonctions qu’il exerce ou a exercé, est un argument supplémentaire en sa faveur.

Chaque parti politique a sans doute en son sein de semblables talents, à qui il est hautement souhaitable de donner plus encore l’opportunité de s’investir au service de l’intérêt général. Certains hommes politiques connus du grand public sont fort soucieux de ces bonnes pratiques, mais nul doute qu’une nouvelle génération, à leurs côtés, aidera à les faire émerger.

« Vous avez fait le choix de soutenir l’association Le Refuge, un rapport avec les thématiques de votre ouvrage ? »

NB/D-XW : Le Refuge n’est en aucun cas une structure politique, mais quoi de plus éthique que de venir en aide à des jeunes rejetés par leur famille en raison de leur orientation sexuelle ? Le Refuge les aide à se loger, à poursuivre leurs études, à trouver un emploi, et aussi et surtout à se reconstruire émotionnellement.

Alors si notre ouvrage peut aider à faire connaître cette association exemplaire, y compris dans des milieux où elle l’est peu, il n’aura de toutes façons pas été inutile.

Nous espérons, certes, que le livre aura du succès par son contenu, mais si il est parfois acheté surtout pour aider Le Refuge, c’est très bien également.

Les 17 coauteurs ont tous approuvé le soutien à cette association et ont, de ce fait, tous travaillé bénévolement à la réalisation de cet ouvrage. C’est un fort beau message en soit : l’éthique et l’investissement personnel existent chez un large panel de personnes, issues d’horizons divers.

« Politique et éthique : regards croisés » est publié chez Bart & Jones et disponible sur Amazon, I Tunes ou la FNAC en e book et livre physique.

Nathalie Bordeau, a occupé différents postes à responsabilité dans des cabinets ministériels, pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, elle était en charge des affaires réservées au cabinet du Premier ministre, elle est aujourd’hui chargée de mission Intelligence Économique au Conseil départemental des Hauts de Seine.

David-Xavier Weiss est Maire-Adjoint de Levallois-Perret et journaliste politique. Il est également secrétaire national du Centre National des Indépendants et Paysans (CNIP) en charge du Tourisme et porte-parole francilien du CNIP.

Cette France qui bouillonne de l’intérieur

La reprise n’en fini pas de se faire attendre. Le manque de réformes en profondeur face à des modèles économiques en pleine mutation coûte cher à la France, qui semble enkystée dans un mode de fonctionnement du passé. La dernière polémique autour d’Emmanuel Macron qui a osé évoqué (du bout des lèvres) la question du temps de travail lors de l’Université d’été du MEDEF est symptomatique d’une France déroutée.

Le ministre qui secoue les a priori et les forteresses de la gauche devient peu à peu un symbole d’une France conquérante qui est déterminée à retrouver son panache d’antan. Ils sont nombreux, les élus de droite et de gauche, décidés à engager des réformes, leur volonté se fracasse pourtant sur des blocages puissants quand elle ne s’échoue pas sur leurs peurs de l’élection.

Les auto-entrepreneurs, symboles d’une France qui se prend en mains

Les entrepreneurs, quant à eux, ne sont pas en attente d’une révolution qui ferait voler en éclat toutes les règles sociales de notre pays. Ils sont simplement confrontés à une concurrence et à une rupture des modèles économiques, notamment imposés par le numérique, qui nécessitent des adaptations.

Quant aux Français, et c’est un constat rassurant, ils semblent s’être emparés de ce nouveau monde économique, plus souple, qui donne de nouvelles espérances à chacun, le succès du statut d’auto-entrepreneurs en est le symbole. Les Français glissent inexorablement d’un modèle d’assistanat d’Etat vers une prise en charge individuelle. Cette évolution notable impose de remettre en question les règles de la relation au travail ainsi que les modalités de notre  accompagnement social afin de les adapter pour donner un coup de pouce à ceux qui prennent des risques et se lancent dans la création de leur activité.

Des patrons contraints à des rythmes effrénés

Partout en France, des citoyens créent leur entreprise, prennent des risques, deviennent acteurs d’une nouvelle forme d’économie qui permet à chacun de s’autonomiser, de vivre son expérience entrepreneuriale. À ce titre, le statut d’auto-entrepreneur est un fabuleux « permis de créer », même s’il ne va pas assez loin. De nouvelles incitations devraient être mises en place, notamment pour accompagner concrètement les demandeurs d’emploi vers la création de leur activité.

Ces Français, qui deviennent leur propre patron, ne remettent absolument pas en question le statut de salarié. Ceux qui prétendent, par exemple, que le statut d’auto-entrepreneur serait précaire, permettrait une « nouvelle forme d’exploitation » méconnaissent visiblement le quotidien de nombreux artisans ou patrons de TPE ou PME. Ne sont-ils pas également en situation de précarité ? Outre les aléas de la concurrence, des cycles économiques, les règles imposées au monde entrepreneurial, le mettent en difficulté, elles contraignent les patrons à des rythmes de travail effrénés, et à des prises de risques toujours plus grandes.

Un « champ des possibles » annihilé

Ainsi, notre chapelet de réglementations pèse lourdement sur nos entreprises et pompe l’énergie des entrepreneurs qui créent pourtant de la richesse et devraient être accompagnés par la collectivité. Nous avons, au fil des décennies, annihilé le « champ des possibles » pour les créateurs d’entreprises. Des obligations administratives et fiscales viennent percuter le bouillonnement du créateur, dès la mise en place de son entreprise. S’il a le malheur de réussir, commence alors un match avec l’administration fiscale qui va le considérer comme une cible et cherchera par tous les moyens comment ponctionner, à tous les niveaux, les richesses créées, afin de nourrir le budget d’un Etat en roue libre.

Ainsi, ces réactions épidermiques après les déclarations d’Emmanuel Macron sonnent comme des relents d’un passé que nous n’avons plus les moyens ni de cautionner, ni de nourrir.

Des propositions décapantes

Le think tank, de gauche, Terra Nova vient de publier ses propositions pour le Code du travail. Il s’agit d’un pas de plus de la gauche vers une approche plus ouverte de l’entreprise. De son côté, l’Institut Montaigne, plus libéral, n’est pas en reste et va encore plus loin en proposant de positionner l’essentiel de la vie du contrat de travail au sein de l’entreprise avec des négociations de terrain. Ces idées semblent encore iconoclastes mais leur publication au début du processus de la présidentielle de 2017 est un signe : les candidats ne pourront s’exonérer de prendre position et de porter des propositions audacieuses en direction des entrepreneurs.

Les entreprises, les entrepreneurs, les Français qui souhaitent se prendre en mains, doivent prendre la parole, partager avec les élus, à tous les niveaux, cette force qu’ils représentent. C’est sur leur énergie, et elle seule, que repose les possibilités de rebond d’une France en apparence atone, incapable de créer de la richesse et de l’emploi, tant elle semble sclérosée mais qui bouillonne de l’intérieur.

Mathieu Quétel, président de Sountsou