Les compagnies aériennes mettent en place un lobbying commun, l’UNEDIC est optimiste, UBER est menacée, les crossovers plombent les constructeurs, le logement est dans la ligne de mire de Bercy…
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Le groupe de Patrick Drahi a fait une offre de 10,1 milliards d’euros pour acheter Bouygues Telecom. En 2014, Iliad (Free) avait proposé 5 milliards d’euros mais Martin Bouygues n’avait pas donné suite, estimant que le compte n’y était pas, il avait précisé que la bonne somme se situerait autour de 11 milliards pour qu’il accepte de céder sa filiale. Patrick Drahi frappe donc un grand coup mais, semble-t-il, pas encore juste, avec cette proposition qui représente presque la valorisation de l’ensemble du groupe Bouygues en bourse (11,1 milliards d’euros). Le Conseil d’Administration du groupe Bouygues a réservé, mardi 23 juin, une « fin de non recevoir » à l’offre de Numéricable. Si cette cession de Bouygues Telecom devait se concrétiser, nous assisterions à une nouvelle étape de concentration dans la téléphonie mobile qui pourrait avoir de multiples effets collatéraux. D’abord, sur la mise aux enchères de la bande des 700 Mhz dont le gouvernement vient de rendre public les conditions d’attribution, également sur les prix de la téléphonie mobile qui pourraient repartir à la hausse, enfin dans le secteur des médias, dont Bouygues est un acteur important qui pourrait être tenté d’utiliser ses liquidités pour se renforcer. Mais, en ce qui concerne les médias, Patrick Drahi aurait encore de nombreux projets, La Lettre A révélait la semaine dernière que ses représentants, Marc Laufer et Bernard Mourad auraient été reçus au ministère de la Culture et de la Communication afin de présenter leur vaste plan dans ce secteur… Le gouvernement a d’ores et déjà fait savoir qu’il ne voyait pas d’un bon oeil une opération d’acquisition de Bouygues Telecom, il estime nécessaire de maintenir quatre opérateurs sur le marché. Le refus du CA de Bouygues ne constitue peut-être qu’une étape dans ce dossier complexe au plan industriel et qui sera à suivre dans les prochaines semaines.
400
Ils représentent ensemble 400 millions de passagers et 50% du trafic aérien européen, les cinq principaux groupes aériens viennent de se regrouper pour demander un soutien au transport aérien. C’est un événement historique, Easy Jet, Ryan Air, Air France-KLM, Lufthansa, British Airways-Iberia unissent leurs forces et mettent de côté leur rivalité pour obtenir de Bruxelles un meilleur accompagnement de leurs activités. Ils se sont réunis au sein d’une association commune et ont porté devant la commission européenne leurs premières demandes : baisse des coûts des infrastructures aéroportuaires européennes, mise en place d’une réglementation européenne encadrant les grands aéroports, amélioration du contrôle aérien européen avec la mise en place du projet, toujours retardé, de ciel unique, révision des couloirs de vols européens qui représentent des coûts environnementaux importants. Bruxelles doit présenter à la fin de l’année un ensemble de mesures réglementaires pour le transport aérien.
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Les crossovers pèsent aujourd’hui 25% du marché automobile européen contre 10% en 2009 et cette situation engendre un effet inattendu : certains constructeurs automobiles ne respectent plus les directives européennes en matière d’émission de CO2. Or, ces obligations vont encore être renforcées après 2021. Les constructeurs automobiles sont donc très remontés car ils s’exposent à des amendes importantes qui viendraient gréver une situation économique déjà difficile. L’Association Transport & Environnement a rendu une étude qui met en exergue le retard de 6 constructeurs qui devront diminuer leurs niveaux d’émission de 4% par an s’ils veulent éviter les lourdes amendes… Or, non seulement les ventes de véhicules hybrides ne décollent pas mais les ventes de diesel baissent, et ces derniers émettent moins de CO2 que les véhicules essence, contrairement à une idée reçue. Ce n’est pas tout, à partir de 2017 les modes de calcul des émissions des nouveaux véhicules vont complètement changer et être plus exigeants, résultat attendu : une hausse des émissions de CO2 de l’ordre de 10%, un casse-tête ! Les constructeurs européens tentent donc de proposer d’autres solutions de mesures mais les associations environnementales sont en embuscade et c’est la Commission qui devra trancher.
180
Uber désactive l’application de ses chauffeurs qui n’ont pas travaillé pendant plus de 180 jours, cette mesure pourrait coûter très cher au géant américain. C’est notamment sur ce constat qu’un tribunal californien vient de considérer que les chauffeurs d’Uber sont des salariés, une bombe qui remet en cause son modèle économique. Celui-ci repose sur le fait que le géant du net considère ses chauffeurs comme des sous-traitants à qui il reverse une commission (de 20 à 30% du montant de la course), ainsi le million de chauffeurs qui utilisent son application ne sont pas considérés comme des salariés. La société, valorisée 50 milliards de dollars, est confrontée à une procédure judiciaire qui pourrait s’étendre sur de nombreuses années, semant le doute sur la pérennité de son activité et pouvant potentiellement avoir des répercussions sur ses activités dans d’autres Etats américains ainsi que dans les 60 pays où elle est implantée. En France, les taxis ont quant à eux fait le choix de durcir le ton et de s’engager dans des actions de rue depuis le 25 juin afin, notamment, de dénoncer « les travailleurs clandestins » employés par Uber.
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C’est en milliards d’euros, le coût du soutien de l’Etat au logement en 2014. Un investissement jugé peu productif par Bercy au moment où le budget 2015 est en préparation et que les coupes touchent déjà de nombreux ministères. Bruxelles réclame un effort de 15 milliards d’euros à la France et le gouvernement est à la recherche d’une mesure symbolique forte. Le logement est donc dans la ligne de mire. Mais les dispositifs en faveur du logement sont nombreux et complexes avec des impacts sociaux forts, il sera donc difficile d’y toucher sans grogne… Par exemple les APL représentent 18 milliards d’euros par an et augmentent chaque année de 500 millions, mais elles jouent un véritable rôle social, qu’il est quasi impossible d’ignorer aujourd’hui. En outre, le logement est encore en crise et priver les professionnels des mesures d’accompagnement dont ils bénéficient pourrait avoir de graves conséquences sur l’emploi.
61 000
L’UNEDIC, l’organisme de gestion de l’assurance-chômage, se montre plus optimiste sur ses prévisions et estime que 61 000 emplois seront créés en 2015. Soit une multiplication par trois de ses prévisions depuis janvier, la raison de cet optimisme soudain réside dans la reprise économique qui semble plus soutenue qu’initialement envisagé et sur l’effet du Cice. Le taux de chômage passerait de 10% à 9,9% en fin d’année pour atteindre 9,7% en 2016. Rien de bien extraordinaire mais une baisse qui pourrait mettre du baume au coeur de bien des Français. Néanmoins, lorsque l’on regarde de plus prêt ces chiffres, difficile d’être emporté par la joie… Il y aurait bien 12 000 chômeurs de plus en 2015 et, surtout, les petits boulots seront privilégiés puisque les chômeurs de catégorie B et C (en activité réduite) augmenteraient de 134 000 personnes en 2015 et de 38 000 en 2016. Bref, la reprise reste fragile et ne se traduit pas encore vraiment dans les chiffres du chômage.