L’actu

Quand l’usine à gaz fiscale ruine une belle opération politique

C’est l’histoire d’un cadeau fiscal impossible à vendre sur le plan politique. 

Fin 2014, le gouvernement décide de supprimer la première tranche de l’impôt sur le revenu. Une mesure qui devrait toucher directement 9 millions de foyers, dont 6 millions vont bénéficier d’une diminution de leur impôt et 3 millions carrément sortir de l’impôt sur le revenu !

Du pain béni en terme de communication pour un gouvernement en difficulté et qui va entrer dans une période décisive avant la présidentielle de 2017. Sauf que les foyers concernés par ces bonnes nouvelles fiscales ne sont pas forcément informés de ce cadeau gouvernemental. Et ce n’est pas tout, ou pas le pire… En vérité, le gouvernement craint qu’une communication massive et trop précise en direction des heureux bénéficiaires de la mesure ne se retourne contre lui.

En cause, la complexité de notre système fiscal et le risque d’erreurs que pourraient générer de mauvais calculs établis par l’Administration, notamment pour certaines situations complexes… Bref, le gouvernement est victime de notre usine à gaz fiscale qui va l’empêcher de communiquer comme il devrait sur le bonus fiscal mis en place pour redonner un peu de pouvoir d’achats aux Français…

Michel Sapin, le Ministre des Finances, a annoncé, un brin gêné, sur Europe 1 le nouveau plan de communication envisagé par le gouvernement : « À la rentrée, 9 millions de foyers vont recevoir un petit mot disant : « Vous avez bénéficié des baisses d’impôts, vous pouvez calculer d’ailleurs le montant exact de votre baisse d’impôts ».»

L’avis incitera en fait le contribuable à se rendre sur le site internet des impôts afin de calculer ce qu’il aurait du régler au fisc sans le bonus fiscal dont il a bénéficié.

Imaginer une communication plus complexe pour expliquer à 9 millions de foyers que le gouvernement leur fait un cadeau, aurait sans doute été très… compliqué.

Lobbying : Google crée un Fonds européen

Accusé par Bruxelles d’abus de position dominante, Google se lance dans une opération de lobbying ciblée vers les éditeurs de contenus. Il crée un Fonds européen pour la presse numérique, doté de 150 millions d’euros. 

Le Digital New Initiative (DNI),  remplacera le Fonds pour l’innovation numérique de la presse (FINP), doté jusqu’à présent de 60 millions, qui s’arrêtera en 2016 et qui ne visait jusqu’ici que la presse française. Celle-ci a bénéficié, sur trois années, de ce soutien pour lancer des projets sur internet co-financés par le géant américain.

On peut être surpris qu’un fonds national de 60 millions d’euros soit remplacé par un fonds européen de 150 millions, il parait évident que le compte n’y est pas… C’est précisément le sujet de tension autour du DNI que les éditeurs français commencent à pointer du doigt. Ce Fonds doit aider la presse à innover dans le numérique, il vise également à apaiser les relations entre le géant américain et les éditeurs de presse qui lui reprochent de se servir dans leurs contenus éditoriaux et de profiter de la manne publicitaire dont ils ne voient plus la couleur.

Vaste et difficile sujet que Google pensait contourner en nouant des partenariats particuliers avec huit journaux européens (Les Échos pour la France), dans le but de diviser ?

L’enjeu est de taille, la presse joue son avenir : « sur les 2,9 milliards de publicité internet en 2014, seuls 400 millions ont été dirigés vers la presse » dénonce, au magazine Challenges, un grand éditeur français sous couvert d’anonymat.

Ce Fonds européen répond-il vraiment aux enjeux de la presse et des producteurs de contenus éditoriaux face aux agrégateurs qui se servent sans rien rétrocéder ?

La presse cherche toujours son modèle économique sur le net, partagée entre accès gratuit et payant, entre modèle basé sur les abonnements ou un mix entre abonnements, articles payants à l’unité et publicité. Or, les saignées publicitaires opérées par les géants du net ne l’aident pas à trouver le bon chemin.

Cette démarche de Google est intéressante car le géant américain tente vraisemblablement de jouer un jeu complexe entre apaisement des éditeurs, tout en montrant leurs divisions et contournement de Bruxelles. La méthode sera-t-elle payante ?

Lobbying : Les cadeaux ne sont pas indispensables

La question des cadeaux comme des déjeuners dans de prestigieux restaurants devient un véritable sujet. Il y a encore quelques années, cette pratique était automatique et ne posait de problème à personne. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.

Faire un cadeau au moment de la nouvelle année ou pour remercier un élu pour un conseil ou un coup de pouce n’est pas nécessairement une faute, mais cette démarche ne doit pas être systématique et il faut qu’elle intègre impérativement la question de la valeur du cadeau. Ce geste de courtoisie doit précisément rester « un geste ».

Un cadeau peut être mal interprété et certains décideurs politiques adoptent la position radicale du « zéro cadeau » : il convient donc de bien connaître son interlocuteur pour adopter une démarche adaptée. Une parlementaire m’expliquait récemment comment un jeune industriel avait, un jour, sollicité un rendez-vous et l’avait choquée en débarquant pour ce premier entretien avec une bouteille de champagne ! Je pense qu’il va être difficile pour ce patron, de redevenir crédible aux yeux de cette parlementaire influente et compétente, mais très attachée à ses principes…

Ce comportement un peu caricatural, qui dénote tout de même un mode de communication avec les élus très « old school », peut donner une image à la fois peu professionnelle et, dans un secteur régulé (par exemple), cela peut coûter cher sur le long terme.

D’une façon générale, le cadeau est devenu inutile, voire contre-productif s’il ne revêt pas un intérêt dans la démarche de conviction et d’explication par rapport à une problématique. Dans ce cas, il ne s’agit plus d’un cadeau mais d’une découverte du produit. Cette démarche peut être utile dans le domaine technologique, par exemple, ou pour une découverte de la réalité de ce qu’apporte au consommateur tel ou tel produit.

La pratique du déjeuner ou du petit déjeuner est, de la même façon, à manier avec prudence. Les élus sont très occupés et ne sont pas forcément disponibles pour la multiplication de telles rencontres, d’autant qu’elles doivent s’inscrire dans leurs deux ou trois jours de présence parisienne (pour les parlementaires de province), lesquels sont optimisés. Les lieux doivent être choisis avec précaution et il n’est vraiment pas recommandé de fréquenter les palaces parisiens ou les tables les plus étoilées. Là encore, il faut s’adapter.

Les cadeaux sont donc à manier avec prudence et il faut bien connaître son interlocuteur avant d’envisager une telle démarche qui, de toute façon, doit rester exceptionnelle, limitée en coût, et dans l’idéal, strictement dans un but d’explication de la réalité de l’entreprise.

Mathieu Quétel, président de Sountsou, auteur des Cahiers Experts « Les 10 erreurs à éviter en relations institutionnelles »

Pour continuer la réflexion sur les relations institutionnelles et ce qu’elles peuvent apporter à votre entreprise, téléchargez Les Cahiers Experts.

Les Cahiers N°1

Chefs d’entreprises et politiques s’expriment…

Une semaine marquée par la disparition d’un grand patron, les craintes suscitées par le projet de loi renseignement, les espérances en ce qui concerne la croissance de la France, des notions d’éthiques, la réforme du dialogue social…

François Michelin, fondateur de Michelin, décédé le 29 avril à l’âge de quatre-ving-huit-ans, cité par Les Échos

« Le dialogue social doit se faire directement avec le personnel. » (…) « En France, les lois du travail sont d’inspiration marxiste. Elles ont été élaborées par Ambroise Croizat, membre du Parti communiste. Dans cette optique, l’entreprise est un champ clos dont le client est curieusement absent, alors qu’il est à la base de tout. » (…) « Quand on embauche des fonctionnaires, on doit augmenter les impôts, ce qui conduit à mettre les salariés des entreprises à la porte. »

Jean-Marie Delarue, président de la Commission Nationale de Contrôle des Interceptions de Sécurité, au sujet des risques posés par le projet de loi renseignement en cas d’arrivée du FN au pouvoir, dans L’Obs du 29 avril

« Mais, même aux mains d’un parti républicain, cette loi présente des dangers ! Si un gouvernement, avec des objectifs louables de lutte contre les comportements addictifs au jeu ou contre les sectes, décide d’utiliser l’algorithme pour détecter toutes les personnes qui jouent au PMU plusieurs fois par jour ou qui appellent régulièrement Mgr Machin de telle secte, il pourra le faire. Il ne s’agit pas d’un texte antiterroriste, mais bien d’un projet de loi sur le renseignement. Et le renseignement peut couvrir des objectifs larges.»

Louis Gallois, président du conseil de PSA au sujet de la taille critique à atteindre pour le groupe, dans Les Échos du 30 avril

« Comme le management, le conseil de surveillance est concentré sur le plan de redressement « Back in the race ». Mon expérience industrielle m’a enseigné qu’il y avait de bons effets de taille et de mauvais. On juge que, dans l’industrie automobile, les coûts fixes sont tels qu’il faut aller vers les gros volumes. Mais certaines entreprises comme Honda démontrent le contraire. Il y a de toute façon un préalable : vous ne pouvez pas évoquer une alliance sans prouver que vous pouvez vivre seul, sinon vous vous mettez dans la main de vos partenaires.»

Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France sur les perspectives de croissance de la France, sur Europe 1 le 28 avril

« On peut être entre 1,5 et 2 %. Quand on voit les prévisions qui sont faites, toutes les institutions internationales et, nous-mêmes, à la Banque de France pensons qu’on peut dépasser 1,5 % l’année prochaine si on fait de façon résolue les réformes, si on applique ce qui a été décidé et si on arrête de créer des complexités supplémentaires pour les entreprises »

Jean-Paul Huchon, président de la Région Ile de France au sujet de la primaire PS pour les régionales de décembre 2015, dans Les Échos

« Ce n’est pas une vraie primaire, parce qu’il n’y a pas de gens de l’extérieur du parti, c’est une désignation entre militants. On aurait pu s’en passer, mais nous l’avons, donc nous allons aller au bout tranquillement. Marie-Pierre de la Gontrie se présente, je ne cherche pas à l’en empêcher. C’est la règle au Parti socialiste, tout le monde peut se présenter. Mais que ce soit ma première vice-présidente qui ne me l’ait pas indiqué avant, c’est moyen… »

David Kessler, ancien conseiller à l’Élysée, soutien du patron de Numéro 23 qui vient de céder sa chaîne à Nextradio et de Delphine Ernotte qui vient d’être nommée PDG de France Télévision par le CSA, au sujet d’une possible nomination à FTV, cité dans Challenges du 29 avril 

« A supposer que j’en aie envie, j’estimerais impossible – en termes déontologiques – d’y briguer quelques postes de direction que ce soit.» 

Bruno Le Maire, au sujet du projet de réforme du dialogue social présenté par le gouvernement, dans Les Échos du 28 avril

« Avec les commissions régionales paritaires pour les très petites entreprises, on rajoute encore une instance : est-ce vraiment de la simplification ? La loi Rebsamen est un simulacre de simplification. En réalité, elle va rajouter une nouvelle couche de complexité. Ajoutez à cela la loi sur la pénibilité. Avez-vous regardé les fiches individuelles que les employeurs vont devoir remplir pour leurs salariés ? Les hôteliers devront distinguer si le personnel qui fait le ménage change des draps ou des housses de couette. Et le petit patron du bâtiment va devoir compter le nombre de grammes de poussière sur son chantier. La loi sur la pénibilité est ubuesque, elle ruine les efforts de compétitivité des entrepreneurs. »