L’actu

Quand les industriels et les politiques parlent…

Des jugements sans concession sur l’action de l’État, le changement de nom de l’UMP, le ralliement de Martine Aubry, les enjeux de PSA, les bonnes phrases de la semaine, sélectionnées par Sountsou – Affaires Publiques. Bonne lecture !

Serge Weinberg, président de Sanofi, au sujet de la gestion par l’État des entreprises publiques, dans Challenges du 16 avril

« À de rares exceptions, il est toujours un mauvais actionnaire. Soit il sur-pilote, soit il sous-pilote, mais sans aucune vision stratégique à long terme ! »

Un conseiller de l’Élysée, sur le ralliement de Martine Aubry à la motion majoritaire pour le Congrès du PS, cité dans Challenges du 16 avril

« La maire de Lille n’avait pas le choix. Elle risquait d’être mise en minorité dans le Nord si elle prenait la tête des frondeurs. Elle s’est condamnée à ne plus être qu’un Schtroumpf grognon, même si elle a négocié des places dans la prochaine direction »

Serge Blanchard, conseiller économique du Fonds Monétaire International (FMI), interviewé par Le Figaro du 15 avril

« D’une part, le pays n’a jamais connu de crise très grave au point qu’il faille décider de faire autre chose de radicalement différent pour répondre aux difficultés. D’autre part, il y a très peu de confiance entre les partenaires sociaux en France. Quand je vois, par exemple la discussion sur le contrat unique, les syndicats sont persuadés qu’on veut transformer tous les CDI en CDD, et les patrons pensent qu’on veut faire l’inverse. D’où un blocage. On en parle quand Jean Tirole obtient le prix Nobel, puis il ne se passe pas grand chose. » (…) « Une des solutions est de bien choisir ses réformes, de décider celles qui sont essentielles. En France, une réforme du marché du travail me parait fondamentale. Le système actuel, et sa lourdeur administrative et judiciaire, est coûteux pour tous, que ce soit les entreprises ou les travailleurs. L’écart entre CDD et CDI crée deux classes de travailleurs et est profondément injuste pour ceux qui entrent sur le marché du travail. C’est cela qu’il faut expliquer avec soin. »

Benoît Hamon, sur François Hollande et une présence au second tour de la présidentielle de 2017, dans Paris Match du 16 avril

« La question est : peut-il être au second tour si ce quinquennat ne laisse pas une empreinte sociale forte ? Dans l’état actuel de désespérance de nos électeurs, je ne le crois pas» (…) «On n’attend pas de la gauche qu’elle favorise les licenciements, qu’elle favorise la rémunération des actionnaires et qu’elle persévère dans une politique économique qui manifestement ne marche pas au regard des chiffres de la pauvreté et du chômage. Cela désarçonne nos électeurs qui constatent amèrement le fossé entre nos promesses de campagne et la politique que l’on mène »

Laurent Wauquiez, Député-Maire du Puy en Velay, au sujet de la réformation des statuts de l’UMP, dans le Figaro du 15 avril

« (…) Nous avons besoin d’une profonde refondation pour consolider ce nouvel élan. Nous voulons par exemple un comité des entrepreneurs pour casser la séparation entre milieu politique et milieu économique. Par ailleurs, il faut que les adhérents puissent participer plus directement : élire les représentants mais peser aussi sur la ligne politique en votant. Il est temps d’assumer nos idées. Donner la voix à la base permettra à la majorité silencieuse de s’exprimer au lieu de laisser le politiquement correct régner : lutte contre l’assistanat, refus du communautarisme, politique de fermeté pénale… »

Édouard Philippe, Député-Maire du Havre, au sujet des nouveaux statuts de l’UMP, dans Le Figaro du 15 avril

« (…) si j’en juge par ce qui m’a été rapporté, ces nouveaux statuts sont surtout sous le signe de la continuité. Je me souviens de certaines déclarations qui nous annonçaient une refondation de l’UMP en un mouvement du XXI ème siècle, mais pour le moment, je ne vois rien de tel. Je ne suis pas contre l’élection du président départemental par les militants, ni contre un bureau politique élargi, sauf si cela se transforme en une enceinte trop large où les échanges sont convenus. Par ailleurs, je n’ai pas d’objection particulière au principe d’une adhésion à moindre coût pour les sympathisant Web. »

Carlos Tavares, président de PSA, au sujet de la taille idéale pour l’entreprise qu’il a redressée, interviewé dans Le Figaro Économie du 14 avril

« Dix millions de véhicules, c’est la pensée unique ! Elle a effectivement guidé beaucoup de mouvements stratégiques dans notre industrie. Mais j’observe que dans le « club des titans », certains de nos concurrents, beaucoup plus gros, plus forts et plus rentables que nous, s’interrogent à présent sur le nombre optimal de marques, de modèles, et sur leur capacité à manoeuvrer, à piloter l’inertie de leurs paquebots. L’industrie automobile est-elle en train de changer ? La taille est un atout incontestable pour obtenir les meilleures conditions d’achat et pour diluer les tickets d’entrée dans le domaine de l’ingénierie, mais elle rend l’entreprise moins agile, plus bureaucratique, plus lourde avec des frais fixes plus élevés. PSA devra se poser les bonnes questions, en fonction de sa propre situation, et décider le moment venu s’il doit ou non réaliser une grande alliance, et, si oui, s’il doit faire avec, Pierre, Paul, ou Jacques… »

Lobbying : Attention à la communication

La communication… vaste sujet. Lorsque l’on souhaite engager des relations institutionnelles, on a tendance à penser que l’omniprésence médiatique peut être un vecteur efficace de conviction, voire d’instauration d’un rapport de force. La réalité est assez différente.

Communiquer produit parfois de multiples effets pervers. Le premier d’entre eux est d’informer les adversaires, mais il arrive que cela indispose aussi les décideurs pour de multiples raisons. Une communication trop agressive risque, surtout, de vous neutraliser et de dégrader votre image, durablement. L’engagement d’une phase de communication ne doit pas être systématique, mais très réfléchie et mesurée.

De nombreuses agence de communication et de relations publiques se sont lancées dans les relations institutionnelles et des services de communication au sein d’entreprises son également en charge des affaires publiques : ces situations entraînent parfois une confusion entre communication et relations institutionnelles.

La communication incontournable est celle qui est engagée en priorité en direction de la cible, c’est à dire les élus. Une communication plus large ne sera envisagée que dans un second temps. Cela suppose, bien entendu, de ne pas être dans une situation d’urgence ou de crise…

Les exemples d’opérations de communication publique visant à influer sur les décisions politiques foisonnent. Souvent, l’image de ceux qui les engagent en pâtit. Il est rare de parvenir à construire une communication positive sur des thématiques de mise en danger de l’entreprise ou des emplois à la suite de décisions politiques.

La troisième erreur mise en avant dans Les Cahiers Experts de Sountsou – Affaires Publiques (« agir dans l’urgence ») prend ici tout son sens. une action dans l’urgence implique souvent une communication plus offensive, voire agressive, qui aura nécessairement  une incidence néfaste sur l’entreprise.

Le sujet de la communication montre la complexité des relations institutionnelles : rien n’est jamais blanc ou noir. Il n’existe pas de chemin parfait, vous devez bouger les lignes en permanence et, si possible, avoir toujours un coup d’avance, ce qui évite de communiquer et de vous engager trop publiquement lorsque cela n’est pas indispensable ou peut abîmer votre image.

Des relations institutionnelles maîtrisées favorisent une communication positive et apaisée, y compris en situation de tension.

Mathieu Quétel

Président de Sountsou, auteur des Cahiers Experts « Les 10 erreurs à éviter en relations institutionnelles »

Pour continuer la réflexion sur les relations institutionnelles et ce qu’elles peuvent apporter à votre entreprise, téléchargez Les Cahiers Experts.

Les Cahiers N°1

Le Lobbying nécessite un travail dans la durée

Un grand nombre d’entreprises ne s’intéressent aux Affaires Publiques qu’en période de tensions institutionnelles : mise en place de nouvelles règles, projet de loi, rapport parlementaire… Elles devraient plutôt engager un travail de fond et sur la durée, gage de meilleurs résultats, à un moindre coût.

Je rencontre souvent des chefs d’entreprises ou des dirigeants de Fédérations professionnelles qui conservent une approche méfiante et « défensive » des Affaires Publiques. Ils considèrent que les relations institutionnelles sont chronophages et qu’ils ont du mal à en mesurer les bénéfices quand, tant de missions diverses requièrent leur attention au quotidien dans l’entreprise.

Récemment, lors d’une rencontre, un dirigeant m’expliquait son expérience des relations institutionnelles à l’occasion de la discussion au parlement d’un projet de loi dont les effets le concernaient : « J’ai sensibilisé les parlementaires en envoyant près de 600 courriers et des mels, sans grands résultats » me disait-il.

Les parlementaires ne sont pas des « boîtes aux lettres », ils reçoivent de multiples sollicitations, envoyer des mailings impersonnels et non ciblés n’est certes pas la meilleure méthode pour mesurer les effets d’une bonne démarche institutionnelle. Sauf à avoir une démarche déjà très engagées et à être clairement identifié par les décideurs politiques, il s’agit même d’un coup pour rien. Ou presque.

Le lobbying n’est rien de moins que la défense de vos intérêts, face à ceux qui sont en situation de prendre des décisions qui pourraient toucher votre activité. Initier une action « affaires publiques » impose de prendre du temps, d’abord afin de définir vos objectifs, puis d’identifier celles et ceux qui s’intéressent, au sein du parlement, à votre activité, enfin agir lorsque le moment est venu, idéalement après avoir installé votre entreprise ou votre Fédération dans son environnement institutionnel.

Le lobbying impose donc beaucoup de travail, de la rigueur et une grande connaissance des rouages de notre démocratie. Il nécessite une approche spécifique et une attention particulière. Le  manque d’urgence et l’absence de crise constitue le moment idéal pour mettre en place une telle approche. Vous vous épargnerez des dépenses inutiles et serez étonné par son efficacité.

Pour en savoir plus, n’hésitez pas à consulter Les Cahiers Experts de Sountsou, en les chargeant ici.

Vous pouvez également effectuer votre « Diagnostic lobbying », confidentiel, personnel et gratuit en cliquant ici.

Mathieu Quétel, président de Sountsou

Les entrepreneurs investisseurs font du lobbying 

920 entrepreneurs investisseurs créent ensemble un club au sein de l’Afic (Association française des investisseurs pour la croissance) dont le but est d’inciter le gouvernement à mieux accompagner leurs investissements.

Le Club AFIC des Fonds d’Entrepreneurs sera un lieu de partage des expériences et de réflexion pour favoriser le développement de cette forme spécifique de capital-investissement dont l’une des caractéristiques est de lever une part significative de fonds auprès d’investisseurs privés, entrepreneurs ou familles entrepreneuriales.

Le total des capitaux gérés par ses 17 premiers membres s’élève à 615 M€, dont 450 M€ apportés par 920 investisseurs privés. Le solde soit 170 M€ correspond aux souscriptions de 50 investisseurs institutionnels.

Le Club a également pour objectif de contribuer à faire plus largement connaître cette forme de capital-investissement qui s’est développée en France depuis une décennie sur l’amorçage et le capital-risque, et qui, au cours de ces dernières années, s’est étendue à toute la chaîne de financement, du capital-développement jusqu’au capital-transmission.

Le Club a vocation à fédérer cette diversité de professionnels du capital-investissement, qui financent en fonds propres des PME françaises non cotées, en minoritaire ou en majoritaire, seuls ou avec d’autres sociétés de capital-investissement. Les 17 fonds d’entrepreneurs membres actuels du Club ont financé un total de 206 entreprises. 138 sont actuellement en cours d’accompagnement et représentent plus de 4.700 emplois pour un chiffre d’affaires cumulé de 730M€.

« Les fonds d’entrepreneurs établissent un lien singulier et proche entre des professionnels du capital-investissement, des investisseurs privés souvent issus du monde de l’entreprise, et des entrepreneurs en recherche de fonds propres et d’un accompagnement expérimenté. Ils représentent un mode de financement coopératif, en fort développement, animé par une même culture entrepreneuriale. » selon Isabelle de Baillenx, Présidente du Club des Fonds d’Entrepreneurs de l’AFIC.

Manuel Valls veut créer le « déclic » de la relance

Le redémarrage de l’économie tarde à se faire sentir, alors le Premier ministre a décidé d’engager un vaste plan axé sur l’investissement des entreprises et mobilise 2,5 milliards d’euros d’ici 2017, dont 500 millions dès cette année.

Manuel Valls fait donc un pari. Il est convaincu que les entreprises françaises sont en capacité d’investir, pour peu que l’État les incite à le faire et leur redonne confiance par des mesures d’accompagnement incitatives, à effet quasi immédiat. Il propose donc un plan « flash » offensif autour de 6 mesures phares :

  • Réduction de l’impôt sur les sociétés à hauteur de 13% de la valeur des investissements réalisés entre le 15 avril 2015 et 2016
  • Augmentation de 2,1 milliards sur trois ans de l’enveloppe de prêts de développement délivrés par BPI France
  • Amplification de la commercialisation de nouveaux contrats d’assurance-vie et déploiement du PEA-PME pour favoriser l’investissement privé
  • Mise en place de solutions de préfinancement à taux zéro des remboursements versés par l’État aux collectivités territoriales en matière de TVA
  • Prolongation en 2016 du crédit d’impôts pour la transition énergétique
  • Abondement de 70 millions d’euros du budget de l’Agence nationale de l’habitat pour financer plus e dossiers de rénovation énergétique

Ce dispositif s’ajoute bien entendu au 40 milliards de baisse de prélèvements du pacte de responsabilité entre 2014 et 2017.

Si le MEDEF accueille ce plan, qu’il voit comme « un effort positif », assez mollement, la CGPME est plus enthousiaste. Elle salue notamment « l’instauration d’un amortissement supplémentaire exceptionnel sur les investissements » susceptible de générer un impact « réel et tangible pour les entreprises en capacité d’investir », et se félicite des mesures d’accompagnement des collectivités territoriales qui « devraient avoir un effet positif sur les marchés publics locaux, actuellement en panne ».

De son côté, la Fédération Française du Bâtiment déplore que « la « mesure choc » de sur-amortissement ne concernera pas les bâtiments (…) alors que la tendance de l’activité sur ces segments de marché s’avère lourdement négative en 2015. En revanche, du côté de l’investissement public, le préfinancement des remboursements liés au Fonds de compensation pour la TVA (FCTVA) constitue une mesure de forte portée, comme démontré en 2009-2010. Elle permettra d’amortir les conséquences des chocs subis par les collectivités territoriales en 2014 et 2015. Enfin, du côté des ménages, la prolongation jusqu’à la fin 2016 du Crédit d’impôt pour la transition énergétique (CITE) et le relèvement de 70 millions d’euros (+14 %) du budget de l’Agence Nationale de l’Habitat (ANAH) correspond à deux demandes récurrentes de la FFB ».

Un plan qui ne pourra jouer pleinement son rôle que si les mesures annoncées deviennent très rapidement effectives.