Rentrée à haut risque à droite. Les ténors de Les Républicains (LR) font leur rentrée sur fond de rivalités en vue des primaires de novembre 2016. Si les élections régionales de décembre constituent bien le prochain rendez-vous électoral, chacun a en tête celui des primaires à la présidentielle de 2017.
François Fillon place sa rentrée sous le signe du « courage ». Il a présenté, le 26 août son « Manifeste pour la France », intitulé « Osons dire, osons faire » dont le but est de donner une perspective aux propositions qu’il a déjà rendues publiques, dans une certaine indifférence. L’ancien Premier ministre souffre d’un retard considérable dans la course aux primaires, loin derrière Alain Juppé et Nicolas Sarkozy dans les sondages. Mais le rendez-vous destiné à désigner le champion de la droite pour les élections de 2017 est encore loin, et rien n’est joué. Alors, le député de Paris, lance un appel au courage des Français afin qu’ils reprennent en mains leur avenir et définit cinq priorités pour faire de la France « la première puissance en Europe » d’ici dix ans. Ambitieux. Dans les prochains mois, il rendra public le projet qui constituera son programme en vue des primaires, il publiera également un ouvrage, plus personnel.
Alain Juppé vient de dévoiler ses propositions sur l’école et profite de la rentrée pour capitaliser encore sur ses bons résultats dans les sondages. Il est le symbole de l’alternative stratégique de la droite pour la présidentielle : suivre la « radicalisation » de la société française ou tenter d’incarner une nouvelle voie plus apaisée, donc avec une image plus « centriste », celle qu’il a choisie. Alors le Maire de Bordeaux, tente une accélération et profite de la rentrée pour afficher une présence marquée dans les médias. Son positionnement lui interdit, pour le moment, de mettre sur la table des propositions trop percutantes, il affirme au contraire qu’il ne s’agira pas, en cas d’alternance, de rayer d’un trait de crayon vengeur tout ce qu’a fait la gauche. Néanmoins, à y regarder de près son projet d’autonomisation des établissements scolaires, n’est sans doute pas si consensuel. Il prévoit de donner aux collèges et lycées, la possibilité de décider, en autonomie donc, de la répartition des heures de cours en fonction du niveau des élèves. Les professeurs pourraient même choisir leur principal parmi trois noms proposés par le recteur…
Nicolas Sarkozy, quant à lui, joue la carte de la discrétion. Son premier objectif est de transformer en réalité les prédictions sondagières pour les élections régionales de décembre. Si une large victoire de la droite se confirme, alors il abordera l’étape de la primaire dans les habits du grand rassembleur de sa famille politique. Il a dévoilé, mercredi 2 septembre, sur sa page Facebook, son calendrier : régionales, programme commun pour les primaires, prise de parole et « moment de vérité » sur le passé et l’avenir… Une façon de plus de se positionner au dessus de la mêlée tout en captant les propositions programmatiques de ses concurrents. En coulisse, l’ambiance reste tendue. François Fillon n’est déjà plus un sujet et la cible reste Alain Juppé, dont la dangerosité est bien perçue par l’ancien Président de la république. S’il reste discret dans les médias, l’ancien locataire de l’Elysée distille les petites phrases sur son aîné bordelais dont la stratégie « centriste » est jugée sans avenir et trop proche de celle du François Hollande. Pour Nicolas Sarkozy, c’est très vraisemblablement à « droite toute » que se jouera l’élection présidentielle.
Un avis partagé par les challengers. Xavier Bertrand se verrait bien en tombeur de Marine Le Pen dans le Nord Pas de Calais Picardie et adopte le discours qu’il pense indispensable pour y parvenir. Même Bruno Le Maire, investit le terrain de la « radicalité » pour tenter d’émerger dans une campagne pour les primaires qui s’annonce très longue.
Deux lignes traversent la droite, celle des partisans d’un discours dur, qui sera probablement incarnée par Nicolas Sarkozy et celle d’une approche plus « centriste » qu’Alain Juppé porte aujourd’hui. Les deux comportent des risques, d’un côté une proximité dangereuse électoralement avec le FN, de l’autre un empiètement sur la ligne réformiste du PS, que devrait enfourcher François Hollande en vue de sa réélection.
« L’identité » pourrait être au centre de la prochaine campagne mais les Français attendent surtout des propositions de réformes susceptibles de créer de la richesse et de l’emploi. De ce côté, les propositions de programme et les réformes audacieuses n’affluent pas.