Les candidats à la primaire de la droite se multiplient. La démarche tant redoutée par Les Républicains est donc déjà un succès, au moins en apparence. Elle pourrait néanmoins se transformer en bérézina si les tensions internes et les inévitables dérapages n’étaient pas gérés.
Le mardi 29 mars un bureau politique des Républicains (LR) mettait Nathalie Kosciusko-Morizet en minorité sur la question de l’appartenance partisane des parrains des candidats. Par 76 voix pour, 6 contre et une abstention, il a été décidé que la charte d’adhésion aux valeurs de la droite et du centre devait être signée par les parrains des candidats à la primaire. La candidate a eu beau dénoncer un changement des règles en cours de processus, rien n’y a fait, pire Nicolas Sarkozy a même revendiqué la possibilité d’amender encore les règles de la primaire d’ici le 20 novembre. Quelques heures avant cette réunion, Frédéric Péchenard, directeur général de LR et bras droit de Nicolas Sarkozy, jugeait « baroque » sur Europe 1 que Madame Kosciusko-Morizet puisse envisager de refaire parrainer par des élus de gauche. Ambiance…
La tension est forte au sein de LR. NKM n’est d’ailleurs pas la seule cible. La montée en puissance dans les sondages de Bruno Le Maire après sa déclaration de candidature l’expose également à quelques coups de griffes de ses adversaires. Pour le moment, aucun dérapage irréversible n’a été enregistré mais la campagne sera longue et les candidatures sont parfois le résultat de vieilles rancoeurs voire de haines sourdes.
L’entrée en piste de Geoffroy Didier a surpris. Le co-leader de la Droite Forte, avec Guillaume Peltier était un sarkozyste indéfectible. Son mentor doit donc être vraiment en difficulté pour qu’il se déclare si soudainement à moins que la candidature de celui qui souhaite incarner « la relève » ne se nourrisse d’autres motivations ?
De son côté, Michèle Alliot-Marie ne renonce pas à une éventuelle entrée en piste qui ferait d’elle la onzième candidate à cette primaire qui s’annonce disputée. Nicolas Sarkozy serait donc le douxième candidat, un chiffre porte bonheur ?
Cette volée de candidatures annonce en tout cas un vrai problème de leadership chez LR, on aurait pu imaginer que l’ancien président de la République, qui incarnait un recours il y a encore quelques mois, saurait s’imposer avec plus de panache, mais c’était avant son retour à la tête de l’UMP.
Pour ajouter un peu plus de tensions, Sens Commun (courant interne de LR issu de la Manif Pour Tous), La Droite Forte et le syndicat universitaire UNI ont annoncé la création du Collectif Horizon dont le but est de peser dans les débats de la primaire de la droite et de faire en sorte que les différents candidats prennent en compte leurs orientations dans leurs programmes. Ces courants internes, qui pèsent lourd au sein de LR, devraient donc parvenir à radicaliser certaines positions.
Si trois candidats semblent se détacher, Alain Juppé en tête, Nicolas Sarkozy en embuscade et Bruno Le Maire en challenger, rien n’est joué. L’ancien président de la République n’est pas encore entré officiellement en campagne, il prévoit d’engager vraiment la bataille qu’à la rentrée de septembre.
Jusque là, les candidats entament une sorte de plat assez traitre au cours duquel il va falloir démontrer ses capacités à tenir la distance et à séduire les parrains qui constituent la véritable clé d’entrée à la primaire. Or, le pari est loin d’être gagné pour chacun d’entre eux. On devrait donc assister à une première série de ralliements « négociés » avant le premier tour.
Puis, les choses sérieuses devraient commencer avec l’entrée en campagne de Nicolas Sarkozy. La primaire de la droite entrera alors dans sa véritable zone de danger, ses différents acteurs devront tout faire pour qu’elle ne se transforme pas en triangle des Bermudes.