FN, LR, PS, ce sera peut-être et dans l’ordre, le nouveau visage de la France au soir du 13 décembre, après le second tour des élections régionales, un scrutin qui s’annonce plus tendu et inattendu qu’initialement prévu. Les conséquences pourraient être surprenantes.
Ces derniers jours, un vent d’inquiétude souffle sur les états majors du PS et des Républicains. Les éditorialistes décrivent une ambiance morose due à ce « silence » des électeurs sur les marchés qui ne laisserait rien présager de bon pour les scrutins des 6 et 13 décembre. Les analystes redoutent que, dans la solitude de l’isoloir, une grande partie des électeurs décide d’installer durablement le tripartisme et de faire voler en éclat les stratégies électorales posées en vue de la présidentielle de 2017.
Le sondage TNS Sofres du 30 octobre réalisé pour RTL, Le Figaro et LCI ne devrait pas être de nature à rassurer les deux partis, jusqu‘ici majoritaires, il vient confirmer avec force, l’apparition du tripartisme qui tournerait même à l’avantage du FN qui est annoncé premier parti de France, au premier tour avec 28% des intentions de vote, suivi par Les Républicains (27%) laissant à la traîne le PS qui affiche 21% d’intentions de vote.
Dès le soir du premier tour, si ces tendances se confirment, ce qui n’est pas assuré vues les marges d’erreur et le caractère de plus en plus imprévisible de la réaction d’une part non négligeable de l’électorat, la France n’aura déjà plus tout à fait le même visage électoral et le seul gagnant objectif de ce scrutin pourrait être le FN.
La probable avance des Républicains ne devrait donc pas être le fait politique de ce soir de premier tour, une fois de plus le FN et sa présence au second tour dans de nombreuses régions mettra au coeur des débats le choix imposé de fait au PS et à LR : front républicain ou pas ?
Si ce scrutin régional se transforme en victoire en demi-teinte pour LR, en bérézina pour le PS et ses alliés et en nouvelle avancée pour le FN, alors les stratégies des uns et des autres devront être redéfinies.
François Hollande devrait procéder à un remaniement, probablement plus large que prévu, avec la volonté de compter et de réunir ses troupes en vue de la présidentielle. Il veillera sans doute à réserver une place de choix à ses fidèles tout en ménageant sa gauche afin de capitaliser sur un éventail le plus large possible de soutiens. Il devrait pouvoir profiter de la fin de l’éclatement d’EELV qui devrait perdre son bataillon d’élus régionaux, payant ainsi cash sa stratégie de rupture. À moins que l’entre deux tours des élections régionales ne réserve sont lot de surprises…
Quant à Nicolas Sarkozy, soit il sera en mesure de crier victoire un peu comme aux Départementales, qui se sont révélées moins profitables que prévu par les sondages pour le FN, ou, au contraire, accepter de reconnaître, au moins dans le secret de son bureau, que sa démarche droitière ne fonctionne pas. Il se peut qu’il soit tenté par une stratégie d’étouffement de ses concurrents pour les primaires, qui sont déjà huit, en militant, par exemple, pour la nécessité pour LR d’afficher un visage d’union face à la dangereuse montée du FN. Il pourrait prendre des décisions visant à installer ses concurrents dans la posture des moutons noirs qui ne travaillent pas dans l’intérêt du parti et de l’alternance. Un risque déjà bien intégré par Bruno Le Maire et Alain Juppé qui ont décidé d’adopter un profil bas avant les élections régionales afin de ne pas brouiller cette campagne. Paradoxalement, LR n’est pas dans une position très confortable, les électeurs pourraient sanctionner fortement tout dérapage dans le cadre de la primaire qui s’annonce pourtant d’une férocité rarement atteinte.
Enfin, Marine Le Pen poursuivra sa capitalisation sur les évènements et sur l’actualité et devrait continuer de s’imposer comme le centre du jeu dont ni le PS, ni LR ne parviennent à se détacher. À moins que les deux partis ne se reprennent et décident de s’affirmer par une approche plus offensive.